Au nombre de ses obligations à mettre en application dans le cadre du contrat de partenariat signé en 2001 avec le gouvernement algérien, le groupe indien ArcelorMittal s'était engagé à investir dans la réhabilitation des installations de production. Quinze années après et jusqu'à la veille de la résiliation dudit contrat, rien n'a été fait au sens des dispositions contractuelles. Ce qui n'a pas empêché le groupe de rebuter la cokerie, d'importer le coke pour augmenter la production du haut fourneau qui, au contraire, est resté en constante baisse. Comme il a tenté d'arnaquer son partenaire algérien en inscrivant, au titre des investissements qu'il est censé avoir consentis, les acquisitions de la matière première destinée à la production du fer et de l'acier au complexe sidérurgique El-Hadjar (CSEH). Pour faire bonne mesure, cette matière première est fournie par ses unités implantées en France, en Espagne et au Portugal. Il ne s'est pas arrêté à ce niveau. ArcelorMittal a ensuite ordonné à la direction générale du CSEH de mettre sur le marché algérien 5 000 tonnes de rond à béton (RAB) déclaré non conforme. Il s'agit de l'équivalent de 1,5 million de dollars. Ce montant devait être versé dans les caisses du groupe du Luxembourg, mais la tentative avait été déjouée. Agissant en terrain conquis, ArcelorMittal a compté sans la réaction du directeur de la qualité et de l'environnement. Ce dernier s'est fermement opposé à la démarche, argumentant les résultats détaillés et précis d'analyses effectuées en laboratoire de non-conformité du RAB. Le même directeur avait également argumenté les risques élevés sur les personnes et les biens en cas d'utilisation de ce matériau non conforme. C'est du moins ce que révèlent des cadres en poste au CSEH. L'information a été confirmée en filigrane lors du forum «université Badji-Mokhtar/entreprises». La manifestation a été organisée mercredi dernier par la faculté des lettres, des sciences humaines et sociales à El-Bouni, à laquelle avait participé le wali d'Annaba, Youcef Cherfa. C'était à l'issue de la cérémonie officielle de signature d'une convention de partenariat entre l'université Badji-Mokhtar, représentée par le recteur Amar Haiahem, et le directeur général Ali Lemboub pour ArcelorMittal. Or, depuis le 31 décembre 2015, celle-ci n'a plus d'existence juridique au titre de partenaire du groupe algérien Imital qui a acquis la totalité des actifs du capital social des 3 filières AMA, AMPTA et AMT. C'est ce qu'avait officiellement annoncé, le 7 octobre 2015, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb. «A la date du 31 décembre 2015, ArcelorMittal n'aura plus d'actifs dans le capital social des filières connues sous le sigle AMA, AMPTA et AMT», a-t-il déclaré. Déclaration confirmée avec la disparition du sigle ArcelorMittal à l'entrée du CSEH lors de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et leur remplacement par le sigle Imital bien mis en évidence. C'est dire que la validité de la signature du représentant ArcelorMittal apposée ce dernier mercredi sur la convention de l'université Badji-Mokhtar est nulle et de nul effet. D'autant que par cette convention, dont on n'a pas révélé la finalité, le groupe ArcelorMittal est directement impliqué dans la formation, le recrutement, la recherche et même dans les analyses appelées à être réalisées par les laboratoires de l'université Badji-Mokhtar. Le plus étonnant est le fait que sur la dizaine d'entités économiques signataires chacune d'une convention, seule ArcelorMittal et son représentant sont nommément cités sur le programme du 2e forum. Il se confirme donc que le groupe indien n'a pas lâché son emprise sur la sidérurgie algérienne. Ainsi, sans le refus catégorique du directeur de la qualité et de l'environnement, les constructions de logements et autres équipements de base auraient été réalisées à travers tout le territoire national, avec un matériau non conforme au plan de la résistance avec tout ce que cela suppose comme risques. Pour imposer sa démarche, ArcelorMittal avait fait appel à des experts. Ces derniers «bien choisis» avaient multiplié les visites au CSEH avec pour mission d'intimider le directeur de la qualité. Sûr de son fait quant à la non-conformité du RAB, ce dernier a sollicité un laboratoire étranger pour départager les deux parties. S'en suivra des menaces de licenciement et des propositions de promotion professionnelle auxquelles le cadre algérien est resté insensible. En guise de représailles, la direction générale d'ArcelorMittal (sans existence légale) s'est fermement opposée à sa désignation par Imital (représentant le gouvernement algérien devenu propriétaire) au titre de cosignataire dans trois filiales. Si la position du groupe indien peut s'expliquer par sa volonté de se maintenir vaille que vaille dans la gestion de la sidérurgie algérienne, celle similaire du conseil syndical de l'entreprise a étonné plus d'un. Ce nouveau scandale à ArcelorMittal Algérie interpelle les plus hautes autorités du pays. La clarification de la situation de la sidérurgie nationale est devenue une impérative. A ce jour, tout est flou alors que les représentants du groupe indien imposent toujours leur méthode de gestion dans les trois filières.