L'Europe américaine sera-t-elle mise à mort par ceux-là même qui étaient censés la régénérer ? L'on peut sérieusement se poser la question quand on voit le divorce grandissant entre l'UE et les pays d'Europe centrale et orientale, fers de lance de la «Nouvelle Europe» si chère aux néo-cons. Le pied droit de Washington donne des coups au pied gauche et c'est tout le système vassalique européen qui risque de tomber. On comprend qu'Obama préfère penser à autre chose en jouant au golf... Rappelons d'abord que la construction européenne fut, dès le départ, un projet américain. Des archives déclassifiées montrent que les soi-disant «pères de l'Europe» - Schuman, Spaak ou le bien-nommé Monet - travaillaient en réalité pour les Etats-Unis. Pour Washington, il était en effet plus aisé de mettre la main sur le Vieux continent par le biais d'une structure globale noyautée de l'intérieur que de négocier pays par pays avec des dirigeants indépendants. La chute du Mur et l'intégration à l'UE des anciennes démocraties populaires n'étaient que le paravent de l'avancée de l'OTAN vers la Russie. Mieux encore, ces pays nouvellement libérés de la tutelle soviétique et férocement anti-russes pour des raisons historiques compréhensibles étaient susceptibles d'établir un nouveau rapport de force très favorable aux Etats-Unis au sein de l'UE face à certaines poussées de fièvre frondeuse toujours possibles de la «vieille Europe» (De Gaulle, Chirac et Schroeder...) Or, au moment où les institutions européennes sont noyautées et soumises comme jamais aux désidératas US, le château de cartes est en train de s'écrouler... Ce sont d'abord les sanctions anti-russes qui ont créé une brèche. Si elles furent accueillies avec des transports de joie par la Pologne et les pays Baltes, leur réception en Hongrie, en Slovaquie et même en République tchèque fut bien plus mesurée, c'est le moins qu'on puisse dire. Première cassure au sein de la «nouvelle Europe». Et maintenant, la question des réfugiés pourrait bien sonner le glas. La Pologne, pays ô combien pro-US, refuse tout à fait d'obéir aux injonctions des institutions elles aussi ô combien pro-US de Bruxelles. Diantre, Brzezinski n'avait pas prévu ça... Varsovie, ainsi que Budapest ou Bratislava, rejettent totalement ce qu'ils considèrent comme un diktat de Bruxelles et ses menaces d'amende (250 000 euros par réfugié refusé). Les mots sont intéressants : -Jaroslaw Kaczynski, chef du PIS au pouvoir : «Une telle décision abolirait la souveraineté des Etats membres de l'UE. Nous refusons cela car nous sommes et serons en charge de notre propre pays». -Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères : «La menace d'amende de la part de la Commission est du chantage pur et simple». Notons en passant la naïveté confondante de ces dirigeants qui croyaient apparemment et mielleusement que l'entrée dans l'UE allait préserver la souveraineté de leur pays... Il n'en fallait en tout cas pas plus pour que le système se mette en branle. La mafia médiatique occidentale a glosé sur la «manifestation monstre» de... 240 000 Polonais (sur 40 millions !) contre le gouvernement et pour l'Europe. Toute ressemblance avec des événements (le Maïdan par exemple) ayant existé serait le fruit de la plus pure coïncidence. (A suivre)