Les Polonais se dirigeront aujourd'hui vers les urnes pour élire celui qui succédera à Lech Kaczynski mort, le 10 avril dernier, dans un tragique accident d'avion. Les électeurs polonais sont appelés à choisir entre deux grosses cylindrées qui s'imposent sur la scène politique du pays : le frère jumeau du président décédé et candidat du parti nationaliste Droit et Justice (PIS), Jaroslaw Kaczynski (61ans), et le président intérimaire actuel, le candidat de la plateforme civique (PO), Bronislaw Komorowski, 58 ans. Le duel entre les deux hommes occulte carrément les 8 autres candidatures qui ont réussi à réunir les 100 000 signatures d'électeurs qui leur ont permis de s'engager dans la course à la présidentielle en Pologne. Dans la capitale, Varsovie et dans d'autres villes polonaises, les gens ne parlent que de Jaroslaw Kaczynski et Bronislaw Komorowski. Deux bêtes politiques. Ces deux anciens activistes du mouvement Solidarnosc représentent deux courants politiques antinomiques. Le premier (Jaroslaw Kaczynski) est considéré comme un conservateur et un eurosceptique, tandis que le second (Bronislaw Komorowski) est un libéral pro-européen. Komorowski favori des sondages C'est ce dernier qui reste le premier favori de cette élection. A la fin de la campagne électorale, vendredi dernier, Bronislaw Komorowski, qui avait annoncé sa volonté de se porter candidat bien avant la mort de Lech Kaczynski, conserve toujours son avance dans les sondages sur son concurrent. Le candidat du parti Plateforme civique devrait obtenir au premier tour entre 41,1% et 51% des voix. Son sérieux rival est crédité de seulement 29% à 35,4% des intentions de vote. Mais ce n'est pas encore gagné pour Komorowski. Les Polonais ne se fient pas trop aux sondages. « Il peut y avoir des surprises », estime un des observateurs de la scène politique du pays. Le jumeau du président décédé, considéré comme le cerveau du pouvoir de son frère, n'est pas près d'abdiquer. Profitant des dernières inondations, qui ont frappé le pays et du crash de l'avion présidentiel, le représentant du PIS accentue ses critiques contre le gouvernement. Ce sont notamment les principaux thèmes qui ont marqué sa campagne. Ces événements vont-ils renverser la tendance en sa faveur ? « Jaroslaw Kaczynski s'est efforcé tout au long de la campagne de faire oublier son style intransigeant, son art de diviser et les blocages répétés des institutions européennes qui ont marqué le temps où il était Premier ministre de son frère, de juillet 2006 à novembre 2007. Son slogan « Ce qui compte le plus c'est la Pologne », « fait appel à la fibre patriotique », analysent les spécialistes. Comme son concurrent, J. Kaczynski a choisi de clôturer sa campagne dans la ville de Gdansk où il a tenté de jouer sur l'histoire. Entouré de hauts responsables du syndicat Solidarité, Jaroslaw Kaczynski, qui compte un électorat important parmi les Polonais les moins aisés et les retraités, a prôné l'idée d'une « solidarité du XXIe siècle » pour résoudre les problèmes sociaux. Pour sa part, Komorowski, qui se pose, lui aussi, en rassembleur sous le slogan « L'entente est constructive », a des atouts. Il bénéficie surtout des bons résultats économiques mis en avant par le charismatique Premier ministre, Donald Tusk, qui n'a de cesse, en duo avec son ministre des Finances Jan Rostowski, de rappeler que la Pologne est la seule des 27 membres de l'Union européenne à avoir maintenu la croissance pendant la crise économique mondiale. Toutefois, les capacités de l'un et de l'autre ne déterminent pas, seules, le résultat final. Il faut compter le poids de l'église. Dans un pays où la majorité de la population est trop croyante et attachée à l'église catholique, la religion joue son rôle dans les joutes politiques. « L'église a toujours joué un rôle dans la politique nationale », estime le directeur du centre Adam Smith (centre de recherche économique et politique de la Pologne).