Le Premier ministre britannique David Cameron a obtenu vendredi le soutien danois à l'accord censé maintenir le Royaume-Uni dans l'Union européenne. Le matin, il était à Varsovie pour tenter d'obtenir l'appui du chef du parti au pouvoir en Pologne. Varsovie était la première étape de sa campagne de séduction de M. Cameron. Après sa rencontre avec le chef du gouvernement britannique dans un hôtel de la capitale, Jaroslaw Kaczynski, président du parti conservateur Droit et Justice (PIS), a estimé avoir "obtenu pas mal de choses". Les bénéfices sociaux accordés actuellement aux Polonais vivant et travaillant en Grande-Bretagne - ils sont plus d'un million - seront maintenus, y compris les allocations controversées pour les enfants restés en Pologne, a-t-il soulign é. D'éventuelles coupes dans ces prestations ne pourront être "arbitraires", a déclaré M. Kaczynski devant les médias, mais seront "décidées par l'Union européenne, avec la participation de la Pologne". Le ton du chef du PIS tranchait avec la prudence de la Première ministre polonaise Beata Szydlo, qui avait accueilli M. Cameron à Varsovie. Celle-ci avait déclaré la veille au Times de Londres qu'en l'état, les propositions concernant le changement des règles sur les bénéfices sociaux des travailleurs européens en Grande-Bretagne "ne sont pas assez bonnes" pour être acceptées. BATAILLE AUTOUR DES BENEFICES SOCIAUX Les bénéfices sociaux sont l'une des principales pierres d'achoppement des négociations entre l'UE et la Grande- Bretagne. Londres propose de n'ouvrir ces avantages qu'à ceux qui séjournent au Royaume-Uni depuis au moins quatre ans, alors que l'UE suggère de son côté un mécanisme de "sauvegarde" pour limiter les droits sous certaines conditions. Les quatre pays d'Europe centrale du "groupe de Visegrad" - Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie - veulent définir une position commune sur ces propositions, a indiqué vendredi le Premier ministre conservateur hongrois Viktor Orban. "UNE MEILLEURE EUROPE" A Copenhague, le chef du gouvernement danois a apporté un soutien enthousiaste à la proposition européenne. "Adopter la proposition créera une meilleure Europe. Je n'interviens pas dans la politique britannique, mais j'espère que la Grande- Bretagne restera au sein de l'Europe", a affirmé Lars Løkke Rasmussen dont le gouvernement minoritaire de centre-droit est soutenu au Parlement par l'influente formation eurosceptique du parti populaire danois. "Nous avons besoin de cet accord", a-t-il martelé. "PERSONNE N'EST VRAIMENT CONTENT" La proposition de compromis prévoit également des garanties pour la City. Présentée mardi par le président du Conseil européen Donald Tusk pour éviter un "Brexit", elle a suscité le scepticisme de plusieurs capitales. "Les premières réactions (...) montrent que personne n'est vraiment content. C'est un signe que les propositions sont justes et équitables mais aussi qu'un accord pourrait être difficile à trouver", a déclaré l'un des diplomates réunis vendredi à Bruxelles pour finaliser les propositions de l'UE visant à empêcher Londres de quitter l'Union. "EUROPE À LA CARTE" Une autre rencontre aura lieu jeudi prochain. Si un accord intervient entre Londres et le reste de l'UE lors du sommet, le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union - promis par David Cameron aux Britanniques - pourrait se tenir en juin. Cependant, certaines des réformes demandées par Londres vont rencontrer la résistance du Parlement europ éen, a mis en garde vendredi son président Martin Schulz, évoquant le refus d'une "Europe à la carte". PARTISANS DU "BREXIT" Le déplacement de M. Cameron intervient alors que le soutien à la sortie de l'UE augmente dans son pays, selon un sondage publié vendredi par le journal The Times. Les partisans du "Brexit" représentent maintenant 45% des Britanniques interrogés, soit une hausse de trois points, alors que le maintien dans l'UE n'est soutenu que par 36%, en baisse de deux points.