La rencontre entre l'Union européenne et l'Algérie abordera certainement le volet de la transition énergétique qui concerne tant l'Europe que l'Algérie. Mais cette rencontre sur les stratégies énergétiques, dépasse le strict cadre de l'Energie comme en témoigne la récente visite courant mai 2016 du commissaire au voisinage. L'Algérie pour ses partenaires étrangers tant Européens qu'Américains, est un acteur clef au niveau de la stabilité régionale et toute déstabilisation aurait pour conséquence des répercussions sur toute la région euro-méditerranéenne et africaine. Les indicateurs officiels des quatre premiers mois de 2016 pour l'Algérie sont inquiétants : baisse des exportations de 38,4% constituées de 93% d'hydrocarbures mais en réalité avec les dérivées plus de 97/98% et une baisse seulement de 15% pour les importations, un déficit commercial non inclus les services de 7,63 milliards de dollars en hausse de 35,3% par rapport à la même période de 2015 de ce fait elle a besoin d'un partenariat gagnant/ gagnant pour asseoir une économie diversifiée afin d'éviter une éventuelle déstabilisation. 1.-L'Accord d'association avec l'Europe est un Accord régional concernant plusieurs volets à la fois économiques, politiques et culturels alors que l'Accord avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est un Accord mondial axé essentiellement sur le volet économique et financier. Les fondements de l'Accord avec l'Europe outre les volets politiques, (respect du droit de l'homme, engagement d'aller vers la démocratie, la promotion de la liberté la presse, ect) reposent sur les articles 32, 37, 39 et 54. L'Union européenne note qu'il s ‘agira pour l'Algérie garant de sa stabilité, d'encourager le développement des libertés dans tous les domaines politiques, économiques, social et culturel donc de mettre en place les mécanismes de l'Etat de Droit et de la démocratisation au niveau interne. Sur la situation politique internationale, l'Algérie est invitée par l'Union européenne à devenir membre des Conventions ouvertes aux pays tiers, l'encourageant à entamer un dialogue bilatéral sur la migration légale et la mobilité, le trafic des migrants, la réadmission, le retour volontaire, la coopération régionale pour la gestion des frontières, le traitement des flux mixtes de migrants et la protection internationale de ceux qui en ont besoin, l'amélioration de la contribution des citoyens algériens résidant en Europe au développement de l'Algérie. Sur le dérèglement climatique, objet de la conférence internationale en décembre à Paris, défi crucial pour la zone Méditerranée, l'UE note avec satisfaction de la volonté algérienne de soumettre des données utiles sur le dérèglement climatique la concernant (INDC) avant le mois d'octobre et de finaliser son plan national sur le climat avant la fin 2015, affirmant sa disponibilité à accompagner l'Algérie. Pour l'Algérie l'Europe doit tenir compte, dans sa politique de voisinage, des atouts de l'Algérie, notamment de l'atout sécurité régionale assurée activement par l'Algérie dans sa lutte anti-terroriste, contre le crime organisé et la pacification de la façade Sahélo-saharienne à travers différentes médiations mais également de ses atouts économiques notamment par l'approvisionnement de l'Europe en gaz depuis plusieurs décennies avec une fiabilité parfaite et sur une base strictement commerciale. Dans l'optique algérienne, la promotion de la circulation des personnes, des idées et la protection des ressortissants des pays tiers légalement établis dans l'UE, doivent être pris en compte dans la nouvelle PEV afin de contribuer à la réalisation des priorités algériennes relatives à la diversification économique synonyme de promotion des exportations hors hydrocarbures, à la sécurité alimentaire, au renforcement des capacités humaines, institutionnelles et de gouvernance politique, économique et sociale. Toute la coopération Algérie/Europe tant verticale qu'horizontale devra se fonder sur la base d'un partenariat gagnant/gagnant, pour une prospérité partagée loin de tout esprit de domination. Pour 2015, selon les statistiques officielles du gouvernement les pays de l'UE sont toujours les principaux partenaires avec 49,21% des importations et 68,28% des exportations. Concernant la révision de certaines clauses de l'Accord d'association, qui ne remet pas en cause le cadre global mais un réaménagement de certains articles pour un partenariat gagnant/gagnant, selon la commission européenne, elle ne peut en aucun cas contraindre les investisseurs étant au sein d'une économie libre mais jouer le rôle de facilitateur. Selon le ministre algérien des Affaires étrangères algérien, «la démarche d'évaluation réclamée par l'Algérie ne vise nullement à remettre en cause l'Accord, mais, bien au contraire, à l'utiliser pleinement dans le sens d'une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération». Du côté européen, on évoque des discussions «constructives». Selon la partie européenne, la relation bilatérale, prometteuse aussi bien dans le domaine de l'énergie que dans l'activité des entreprises et du commerce, a un potentiel inexploré, même si grevé par des lourdeurs administratives et de décision politique persistantes. Pour la CEE, la situation du pays reste toutefois tributaire de l'évolution des marchés d'hydrocarbures, des ventes dont le pays tire l'essentiel de ses revenus, en rappelant que la coopération énergétique, basée sur un protocole spécifique, est au centre de la coopération avec l'UE. 2.- Concernant la rencontre du 24 mai 2016, selon le communiqué signé conjointement par l'Union européenne et l'Algérie , la rencontre sur les stratégies énergétiques, regroupant le décideurs politiques, dirigeants des entreprises publiques et privées européennes et algériennes, ainsi que des organisations industrielles, s'inscrit dans le cadre d'un mémorandum d'entente sur l'établissement d'un partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie, signé, en juillet 2013, entre l'Algérie et l'Union européenne. Un mémorandum qui devrait élargir le domaine de la coopération aux énergies renouvelables, et l'efficacité énergétique. Les débats porteront également sur les moyens de promouvoir le domaine minier algérien, favoriser les partenariats dans le gaz en amont en Algérie, et d'assurer des opportunités au gaz algérien sur le marché européen, et pour l'Union européenne, d'assurer la diversification de son approvisionnement en gaz naturel. Dans ce cadre, les organisateurs insistent sur le fait que l'Union européenne qui est un partenaire clé de l'Algérie, essentiellement, dans le domaine de l'énergie, affiche l'ambition, à travers, cette rencontre, de confirmer sa position, en tant qu'acteur et chef de file mondial dans les technologies renouvelables et l'efficacité énergétique. Dans le domaine du gaz naturel, l'Algérie qui est le troisième fournisseur de l'Union européenne, dispose aussi d'énormes ressources inexploitées et l'avantage de la proximité géographique ainsi que la disponibilité des infrastructures de transport, sont censés favoriser notre pays en tant que fournisseur fiable de l'Union européenne. Une position que l'Algérie compte d'ailleurs défendre dans un marché mondial de plus en plus difficile. Aussi, la rencontre du 24 mai 2016, Union européenne/Algérie, sur les stratégies énergétiques abordera certainement l'intensification de la coopération dans le domaine énergétique, chaque partie défendant ses intérêts propres, dans un contexte de fortes concurrences, d'autant plus que pour l'Algérie les contrats de gaz à moyen et long terme dans leur majorité expirent entre 2018/2019. Cela fait suite à la fois des différentes réunions tenues à Bruxelles mais également pour la partie algérienne, des orientations en Conseil des ministres en date du 22 février 2016 présidé par le président de la République, un conseil restreint consacré à la politique nationale dans le domaine du gaz et posant la problématique de la transition énergétique. Cette contribution trace les axes globaux en matière de politique énergétique pour rappeler les mesures les plus urgentes à prendre si l'Algérie veut réussir rapidement sa nécessaire transition énergétique et devenir un partenaire clef pour l'Union européenne, son marché naturel. 3.- Pourquoi la transition énergétique ? D'une manière générale, l'énergie est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité peut provoquer des guerres. La transition énergétique peut être définie comme le passage d'une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l'énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire, biomasse). Les avancées techniques (Gnl-gaz naturel liquéfié, gaz de schiste, amélioration des performances d'exploitation de gisements d'hydrocarbures) couplées aux dynamiques économiques modifient les rapports de force à l'échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l'intérieur des Etats comme à l'échelle des espaces régionaux. Aussi s'agit-il de cerner le concept de transition énergétique impliquant de bien répondre à six questions essentielles. Premièrement, le développement actuel de l'extraction d'énergies fossiles dites «non conventionnelles», telles que les gaz de schistes ou le pétrole off-shore profond, peuvent repousser le pic, sans pour autant modifier le caractère épuisable de ces ressources. Deuxièmement, si l'humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes d'où l'urgence d'une adaptation pour un nouveau modèle de consommation. Troisièmement, la transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale, autant que la fiscalité énergétique influant sur le choix des allocations des ressources et ayant un impact sur la répartition du revenu par catégories socio professionnelles. ). Il ne suffit pas de faire une loi car le déterminant c'est le socle social Cela pose la problématique d'un nouveau modèle de croissance : tous les secteurs économiques, tous les ménages sont concernés : transport, BTPH ; industries, agriculture. Les choix techniques d'aujourd'hui engagent la société sur le long terme. Quatrièmement, la transition énergétique implique la sobriété énergique (efficacité énergétique), la maîtrise de la demande, la sensibilisation, mais aussi la formation pour forger de nouveaux comportements et donc un changement de culture. C'est-à-dire qu'il faut de nouveaux réseaux, un nouveau système de financement par de nouvelles politiques publiques, agir sur la réduction des besoins énergétiques en amont en augmentant l'efficacité des équipements et de leurs usages (par exemple nouveaux procédés pour le BTPH- transport pour des économies en énergie, (plus de 70% de la consommation d'énergie) passant par la rénovation des bâtiments existants et un nouveau mode de transport. (Suivra)