La vulnérabilité de nos enfants face aux risques qui les guettent dans nos rues revient au premier plan des préoccupations. Les innombrables privations qu'ils subissent à longueur d'année, la promiscuité des logements en considération de la crise qui enfle démesurément, le retour à une augmentation démographique assurée, des conditions de vie inadéquates en milieu urbain, combinés à l'inaptitude des élus locaux, de la tutelle et des organismes spécialisés à créer des politiques préventives en milieu ouvert font que les familles ont souvent, par les temps qui courent, tendance à déléguer l'éducation de leurs progénitures aux aléas de la rue. La question de la démission des parents se pose toujours quand on sait que les rapts d'enfants chez nous sont en progression avec les affaires de pédophilie. Ce qui se passe en plein centre d'Alger au boulevard Aïssat Idir, et dans les ruelles limitrophes défie l'entendement par le degré d'inconscience caractérisant plus particulièrement les parents des garçons entre 6 et 12 ans, en compagnie des préadolescents qui écument ce boulevard, juste après l'heure du ftour, et ce, jusqu'à 1h ou 2h du matin. Les bambins, pendant que leurs procréateurs digèrent, sont scotchés devant la télé ou s'adonnent à la prière d'el-icha, puis dans le prolongement aux tarawih, se consacrent chaque soir à faire du vélo ou du scooter en faisant de rapides va-et-vient sur le boulevard. Leurs machines brillent évidemment par la défectuosité des feux de signalisation avant et arrière, par l'absence de casques pour les deux passagers, et parfois par des carences du système de freinage. Certains pilotes freinent avec la semelle de la chaussure. Le danger d'un accident épouvantable sur ce boulevard est omniprésent, à plus forte raison que l'éclairage public est approximatif, quasiment dans toute la circonscription de Sidi M'hamed, de plus, beaucoup de ces enfants viennent louer les motos pour faire leur apprentissage du pilotage des deux roues, ce qui fait augmenter considérablement les risques d'un sinistre. Non loin de là, des adolescents roulent des joints de cannabis sous les balcons en sirotant soit un café serré, sinon un thé de Timimoune qu'ils font durer dans le jetable. Il y va sans dire qu'aucune association ne s'occupe de ces enfants, et que lorsqu'un rare fourgon de la police passe par là, il ne s'arrête même pas pour chasser tous ces imprudents qui mettent leur vie en danger.