Le cœur d'Alger bat à cent à l'heure en ces soirées estivales. Profitant de la fraîcheur du soir, beaucoup de monde convergent vers le centre-ville, parfois juste pour flâner et passer le temps. Même si les magasins ouvrent très tardivement (après les tarawih), les cafés sont bondés de monde et les grands boulevards sont pris d'assaut par les promeneurs ramadhansques. Dans l'ancien centre-ville, à la place des Martyrs, la vie semble s'être arrêtée. Le chantier du métro, qui s'éternise, notamment à cause des fouilles archéologiques, y est pour beaucoup. Ici, les cafés des arcades ont baissé rideau depuis quelque temps, cédant la place aux commerces de vêtements. Même le mythique café « Malakoff » reste tristement fermé. Il ne reste, pour les mélomanes, que « Kahwet Tlemçani » qui dispose d'une terrasse offrant une vue imprenable sur l'Amirauté et toute la baie d'Alger. Seul bémol : pour prendre un café, vous devez vous contenter de gobelet jetable, sauf si vous ramenez une tasse de chez vous. Au square Port-Saïd, Ramadhan ou pas, l'activité des cambistes bat son plein et les cafés sont bondés par les gens de passage pour qui la place constitue le lieu de rencontres par excellence. La rue Larbi-Ben-M'hidi grouille de monde, les familles font les cent pas, en attendant l'ouverture des magasins, alors que les jeunes occupent tous les cafés des ruelles avoisinantes. A la Grande-Poste, les terrasses de café affichent complet, malgré les prix jugés exorbitants. Mais il est vrai qu'ici, le cadre en vaut la peine. Tout comme à l'entrée de la rue Didouche-Mourad, jusqu'à la place Audin. Si la circulation automobile est fluide, les trottoirs sont bondés de monde et la soirée ne fait que commencer. Avec l'ouverture des magasins, il est carrément impossible de se frayer un chemin. Pour les habitants du centre-ville, les soirées se passent dans les ruelles, parfois dans les cages d'escalier ou carrément sur les terrasses d'immeuble. Redouane, commerçant, ne déroge jamais à ses habitudes : tarawih et jeux de cartes avec les jeunes du quartier jusqu'à l'aube. D'autres préfèrent tout bonnement aller voir ailleurs, histoire d'échapper à la foule. Yacine et ses amis sortent chaque soir, direction Sidi Fredj ou El Djamila, sans oublier le thermo de thé, la boîte de kalbellouz, la table et les chaises pliables, car « pas question de passer les soirées sans dominos ». Il est 22 heures, les bus et le métro continuent de déverser les noceurs. Les différents programmes d'animation prévus au centre-ville attirent beaucoup de monde. Les enfants profitent de cette ambiance particulière pour sortir leurs vélos et occuper le moindre espace libre pour laisser libre cours à leur imagination. Toutefois, ces jeux s'avèrent dangereux, d'autant plus que le centre-ville est connu pour son problème de stationnement. Donc, tous les espaces libres sont âprement disputés, et ce sont les enfants cyclistes qui risquent gros à mesure que le temps passe et que les magasins se préparent à ouvrir. Il est, d'ailleurs, à se demander si les parents sont conscients des dangers qu'encourent leurs enfants tous les soirs. Pourtant, la wilaya d'Alger a prévu, pour ce mois sacré, d'interdire le centre-ville aux automobilistes durant les soirées de vendredi. Ce serait, alors, une occasion pour les enfants de sortir jouer sans risque.