Les touristes se bousculent aux frontières terrestres avec la Tunisie. L'invasion dure depuis le deuxième jour de l'Aïd. Les voyagistes algériens, les habitués ou ceux qui viennent pour la première fois, ont pris d'assaut les différents postes frontières de l'est pour passer quelques jours de vacances en Tunisie ou ailleurs ( Europe via la Tunisie) et rattraper la première semaine du mois de juillet broyée par le mois sacré. Ils étaient encore plus nombreux après les résultats du baccalauréat. Il va sans dire que les touristes algériens sauveront, à eux seuls, la saison estivale pour la troisième année consécutive. À notre arrivée au poste frontalier d'Oum Tboul, situé à 10 km de la première localité côtière tunisienne, il y avait embouteillage avant même le premier contrôle des policiers algériens. Une fois franchi ce poste, le nouveau parking était archicomble. Malgré son agrandissement, il ne pouvait contenir toutes les voitures immatriculées quasiment des 48 wilayas d'Algérie et de l'étranger qui affluaient sans répit dès les premières lueurs du matin. Du coup, douaniers et policiers algériens se montraient plus souples devant ce rush plus ou moins attendu. Même le chef de poste d'Oum Tboul et autres officiers mettent également la main à la pâte. Le fait marquant est l'hospitalité et le bon accueil des pafistes et douaniers tunisiens. Ces derniers, ne prennent pas cette peine d'effectuer des fouilles des véhicules avant de quitter les frontières. Dans certains cas, ils jettent seulement un œil en diagonal sur les passeports avant de les remettre aux voyageurs qui, souvent, ne descendent pas de leurs véhicules. Selon nos informations, des instructions, comme l'année dernière, ont été données afin de réserver le meilleur accueil aux touristes algériens. Ils ne ménagent aucun effort pour aider les policiers à accomplir leur tâche, notamment, au niveau des cinq nouvelles cabines installées depuis l'année dernière mais opérationnelles récemment. À l'intérieur du poste frontalier (PAF), seules quelques personnes se présentaient au comptoir après avoir été autorisées selon les cas de chacun par les policiers qui géraient les files d'attente des véhicules et bus. D'autres, notamment femmes et enfants, préfèrent attendre sur un espace vert aménagé pour l'occasion pour prendre un bol d'air. Un détail : beaucoup, notamment des jeunes, qui franchissent chaque jour ce poste frontalier, ne passeront pas leurs vacances en Tunisie. Ils ont préféré d'autres destinations en faisant de la Tunisie un pays de transit. Leurs destinations étaient l'Italie, la Turquie et le Maroc. La raison ? Tout simplement, les compagnies de ces trois pays cités proposent des tarifs intéressants et concurrentiels à partir de la Tunisie vers ces pays. Ils sont doublement gagnants dans la mesure où ils profitent des paysages des deux pays en passant par plusieurs villes et, du coup, des vacances dans l'autre pays choisi. De quoi donner à méditer à la compagnie Air Algérie. Facilités de passage aux frontières Les conditions de passage sont très habituelles et que rien ne laisse supposer l'existence d'un problème quelconque au niveau de la frontière. D'autres familles étaient en partance vers les stations balnéaires de Hammamet, Nabeul et Sousse, fiefs des Algériens. «Entre 4 000 et 5000 personnes franchissent quotidiennement les frontières depuis le deuxième jour de l'Aïd où on a mis tous les moyens humains et matériels pour faciliter les formalités policières et douanières. Six à quinze bus, transportant des voyageurs, franchissent quotidiennement les frontières dans les deux sens, a déclaré le chef de poste d'Oum Tboul qui nous a réservé un accueil particulier. Le chef de poste frontalier a tenu à nous préciser que pour la souplesse des formalités, ses services acceptent les documents nécessaires (autorisations paternelles...) au passage des frontières envoyés par fax du service délivreur. «Avant de penser à quitter le territoire national, nous demandons à nos passagers de bien se renseigner auprès de la PAF sur les papiers exigés à la sortie du territoire, qu'ils soient bien organisés et fassent preuve de civisme», a-t-il averti. La ministre du Tourisme peu élogieuse Dans les 4 vérités, jeudi matin dernier, la ministre tunisienne du Tourisme et de l'Artisanat a déclaré sur le plateau de la chaîne française France2 que «l'année 2015 a été une année très difficile pour le tourisme en Tunisie d'autant plus que le tourisme représente autour de 14% du PIB et des centaines de milliers d'emplois, 350 000 rien que dans l'artisanat, dont 80% sont occupés par les femmes». Et Salma Elloumi Rekik de préciser: "Et la femme est le pilier de la famille en Tunisie". En 2015, "après l'attentat du Bardo, il y a eu une grande solidarité des Français, mais, après l'attentat sur une plage de Sousse, les Français ont boudé la Tunisie", a constaté la ministre. Néanmoins, l'année 2016 enregistre un rebond de "44% des touristes venus de Russie, d'Europe centrale et aussi des Français habitués à venir. Sur les dix premiers jours de juillet l'an dernier, ils étaient 8 000 Français. Ils sont 18 000 cette année», annonce-t-elle. Beaucoup d'hôtels affichent à nouveau complet, car «on a, en priorité, beaucoup travaillé sur la sécurité et ensuite sur la communication puis la diversification des produits touristiques». Et de conclure : «La Tunisie reste une destination incontournable». Alors que le tourisme tunisien est en chute libre, «l'invasion des plages» promise par les Algériens, semble être la solution à court terme pour rester à flot. Seulement, la ministre ne précise pas que les hôtels qui affichent complet sont plutôt occupés par les touristes algériens et non par les Français ou Russes comme on tente de le prétendre. Un détour à l'aéroport Tunis-Carthage, hier, a suffi pour confirmer que la Tunisie est désertée par les touristes étrangers, notamment, européens. Quasiment tous les passagers qui débarquaient à l'aéroport Tunis-Carthage en provenance des villes européennes, sont plutôt maghrébins ou des pays arabes. Très peu d'étrangers y figurent parmi eux. La sécurité bien assurée La situation sécuritaire dans la région de Hammamet est au centre de plusieurs réunions sécuritaires organisées toutes les semaines à la municipalité de la ville. Comme l'a déjà annoncé le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, l'appareil sécuritaire mis en place dans les régions touristiques est disposé à sécuriser la période estivale et les différents événements et manifestations culturelles à venir. Le délégué de la ville de Hammamet, Houssem Ben Sghaier, a indiqué que les hôtels et les boîtes de nuit ont effectué les derniers préparatifs pour accueillir les touristes dans les meilleures conditions. Concernant les touristes se trouvant actuellement à Hammamet, Ben Sghaier a indiqué que les touristes algériens ont commencé à affluer à partir du deuxième jour de l'Aïd El-Fitr. Selon lui, 35 000 Algériens sont attendus chaque semaine dans la ville. A rappeler que le représentant de la Douane tunisienne en Algérie, Bassem Ouertani, a indiqué que 451 000 Algériens ont visité la Tunisie depuis le début de l'année, ce qui représente une augmentation de 2,8% par rapport à 2015. Ouertani a estimé que 1,5 million d'Algériens sont attendus cette année en Tunisie. Le directeur général de l'ONTT a assuré qu'une campagne spéciale a été menée en Algérie. «Le marché algérien va bouger à partir du 15 juillet. Des lignes aériennes vont faciliter l'arrivée de touristes algériens. Nous avons aussi un début de reprise grâce au passage de deux examens sensibles mais importants : le mois de Ramadhan et le 26 juin date de l'attaque de Sousse. La perception de la sécurité s'est améliorée en général et ceci va favoriser le late booking. Nous devons donc jouer sur les prix surtout que l'offre turque est très concurrentielle. Selon les professionnels du secteur touristique, deux millions d'Algériens seraient attendus en sauveurs de la saison touristique. Enfin, les touristes algériens, qui ont envahi les frontières tunisiennes dès le deuxième jour de Aid El-Fitr, ont apporté un bol d'oxygène au secteur de l'hôtellerie à Tabarka, Sousse, Hammamet et d'autres destinations.