Le tourisme en Tunisie ne cesse de dégringoler depuis la chute du régime Ben Ali en janvier 2011. Cette année, le pays vit sa période la plus catastrophique. Contrairement à ce que déclarent le ministère de tutelle et l'Office national tunisien du tourisme qui tentent de gonfler les chiffres pour minimiser la gravité de la situation que vit le secteur, le tourisme n'a connu qu'une légère reprise en 2012. La Tunisie est à deux doigts de la faillite en raison de l'instabilité politique que connaît le pays. Il y a aussi l'instabilité des composantes de base de l'économie nationale à savoir l'exportation et le tourisme qui ont connu une baisse de 20%. Le secteur enregistre +1,4% par rapport à 2012, et au 31 juillet le pays a accueilli près de 4 millions de touristes. Atteindre les 7 millions de touristes d'ici la fin de l'année en cours, selon les objectifs fixés, reste de l'utopie. On pourrait concéder un million en cours de route en raison de l'actualité alarmante et de la crise politique dans laquelle est plongé le pays. Il est vrai que la situation ne permet guère mieux ! Le gouvernement actuel compte mettre les bouchées doubles en lançant une vraie campagne de promotions et de communication. Mais tout cela dépendra de la situation sécuritaire, bien entendu. Faut-il s'attendre à des miracles ? Wait and see. L'optimisme du ministre tunisien du Tourisme Pour l'instant, le ministre tunisien du Tourisme, M. Ben Gamra, s'est efforcé récemment d'être persuasif. Selon lui, la Tunisie a enregistré, durant le 1er semestre 2013, un excédent de 4,8% par comparaison à la même période de l'année 2012. "La Tunisie a reçu plus de 2,6 millions de visiteurs, une progression notable des entrées par rapport à 2012, mais toujours très en baisse, en comparaison avec le niveau atteint en 2010, quand la Tunisie a accueilli 7 millions de visiteurs et engrangé l'équivalent d'environ 2 026 millions USD", a-t-il précisé. Optimiste toutefois, M. Ben Gamra signalera que le marché du tourisme a quand même rapporté au Trésor tunisien la bagatelle de 1,26 milliard, dont 250 millions représentant les recettes perçues auprès des touristes des pays africains. "Un objectif que se sont fixé les autorités tunisiennes et qu'elles se feront un devoir d'atteindre", dira-t-il sur un ton de défi. Il a mis en exergue la volonté du gouvernement tunisien d'attirer encore plus de visiteurs, en améliorant constamment les conditions d'accueil des passagers et en facilitant les opérations de transit au niveau des postes de police et de douanes. La Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH) a exprimé sa profonde préoccupation quant à la situation actuelle et son impact sur le secteur touristique. Radhouane Ben Salah, revenant de deux mandats précédents à la tête de la fédération, a déclaré que les annulations des réservations se multiplient à la suite des assassinats politiques et de ce qui se passe à Jebel Chaâmbi, situé aux frontières avec l'Algérie. Un peu moins alarmant, Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), a déclaré que "ces événements ont impacté indirectement le tourisme, car il n'y a presque pas eu d'annulations, à part quelques groupes dans le cadre de tourisme d'affaires. Qui croire ? Un ministre qui se rassure, cultivant la positive attitude" ? Un vieux routard, revenant du temps des années de gloire de l'ancien système criant à la cata, ou un jeune qui se démène représentant un segment, celui des agences de voyages, qui a toujours été le canard boiteux du tourisme tunisien ? Les Algériens boudent encore Dès le 2e jour de l'Aïd, les voyagistes algériens, les habitués ou ceux qui viennent pour la première fois, ont pris d'assaut les différents postes frontières de l'Est pour passer quelques jours de vacances en Tunisie ou ailleurs et rattraper ce qui restait du mois d'août, dont une dizaine de jours ont été broyés par le mois sacré. À notre arrivée au poste frontalier d'Oum Tboul, situé à 10 km de la première localité côtière tunisienne, il y avait embouteillage avant même le premier contrôle des policiers algériens. Mais pas autant de voyageurs que l'année dernière. Une fois franchi ce poste, le parking n'était pas archicomble comme en 2012. Le parking, pourtant assez grand que celui du poste frontalier tunisien, situé à 50 m de là, ne pouvait contenir toutes les voitures immatriculées quasiment des 48 wilayas d'Algérie et de l'étranger qui affluaient sans répit. Du coup, douaniers et policiers algériens se montraient plus souples devant ce rush timide plus ou moins attendu. Même le chef de poste d'Oum Tboul et autres officiers mettent également la main à la pâte. Ils ne ménagent aucun effort pour aider les policiers à accomplir leur tâche. À l'intérieur du poste frontalier (PAF), des dizaines de personnes de tous âges font la chaîne pour les formalités policières et douanières. D'autres, notamment femmes et enfants, préfèrent attendre sur un espace vert en raison de l'exiguïté de la salle. Un détail : beaucoup, notamment des jeunes, qui franchissent chaque jour ce poste frontalier, ne passeront pas leurs vacances en Tunisie. Ils ont préféré d'autres destinations en faisant de la Tunisie un pays de transit. Leurs destinations étaient l'Italie, la Turquie et le Maroc. La raison ? Tout simplement les compagnies de ces trois pays cités proposent des tarifs intéressants et concurrentiels à partir de la Tunisie vers ces pays. Ils sont doublement gagnants dans la mesure où ils profitent des paysages des deux pays en passant par plusieurs villes et, du coup, des vacances dans l'autre pays choisi. De quoi donner à méditer à la compagnie Air Algérie. Facilités de passage aux frontières Enfin, les conditions de passage sont très habituelles et que rien ne laisse supposer l'existence d'un problème quelconque au niveau de la frontière. D'autres familles étaient en partance vers les stations balnéaires de Hammamet, Nabeul et Sousse. Fiefs des Algériens. "On enregistre cette année moins de 40% de voyageurs par rapport à la même période de l'année dernière. Environ 4 200 personnes franchissent quotidiennement les frontières depuis le deuxième jour de l'Aïd où on a mis tous les moyens humains et matériels pour faciliter les formalités policières et douanières. Pour cela, on a mis des tables à l'extérieur du poste pour permettre aux voyageurs de remplir les fiches de polices et les invitant à faire autant avant même leur retour des vacances pour rentrer au pays", nous a déclaré le chef de poste d'Oum Tboul qui réserve un accueil particulier au journal Liberté. Le chef de poste frontalier a tenu à nous préciser que pour la souplesse des formalités, ses services acceptent les documents nécessaires (autorisations paternelles...) au passage des frontières envoyés par fax du service délivreur. "Avant de penser à quitter le territoire national, nous demandons à nos passagers de bien se renseigner auprès de la PAF sur les papiers exigés à la sortie du territoire, qu'ils soient bien organisés et fassent preuve de civisme", a-t-il averti. I. O. Nom Adresse email