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Petite histoire du musée national Ahmed-Zabana
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 07 - 2016

Ce musée est le plus important d'Algérie. Il est, par ailleurs, celui qui renferme les plus grandes réserves. Il est créé en 1879 par une société savante dénommée « Société de géographie et d'archéologie de la province d'Oran ».
A cette époque, il n'existait pas de musée dans cette ville, mais il y avait un patrimoine dispersé à l'ancienne mairie de la Place de la République où se trouvait une salle appelée « Salle des oiseaux ». On y conservait une belle collection d'oiseaux, d'œufs d'autruche, de singes, une hache polie et quelques autres objets de curiosité. Diverses inscriptions romaines étaient exposées aux intempéries dans les allées de la promenade de l'étang (Place Ibn Badis). L'idée de la création d'un musée dans la ville est venue au commandant Demaeght (archéologue et épigraphiste) qui a lancé un appel aux citoyens afin d'enrichir les collections existantes. Il a été désigné par les membres de la Société pour réunir chez lui les documents précieux. En 1882, il a réuni divers objets qu'il a répartis en trois sections : Numismatique (13 pièces), Antiquités romaines et africaines (16 pièces) et Histoire naturelle. D'autres sections viendront s'ajouter aux précédentes, dont Préhistoire et ethnographie : Histoire de l'Algérie, Peinture, sculpture, dessins originaux et gravures. Un local approprié s'imposait alors. Edifié en 1933, le bâtiment actuel, sis au 19 Boulevard Zabana, fut inauguré officiellement le 11 novembre 1935 dans les locaux du Palais des Beaux-Arts et sera dénommé « Musée Demaeght ». Ce Palais comprend le musée, la bibliothèque municipale, ainsi que l'Ecole des Beaux-Arts. A l'indépendance, le musée fut confié à l'Assemblée Populaire Communale de la Ville d'Oran jusqu'en 1986. Depuis il est sous la tutelle du Ministère de la Culture et a été rebaptisé «Musée National Ahmed Zabana » en hommage à ce grand Martyr de la révolution. Section des beaux-arts On y trouve d'importantes collections du 16e et du 19e siècles et un grand nombre d'œuvres de grands artistes, de Carle Van Loo à Bouviole, en passant par Etienne Jeaurat, Gustave Guillomet, Roland Oudot, oscar Spielmann, ou encore Bouqueton, Chambrin et Hambourg. La peinture algérienne occupe une place de choix et constitue un ensemble national remarquable témoignant de la vitalité de l'Art algérien depuis le début du siècle à nos jours, elle est représentée par Mammeri Azouaou, Guermaz, Khadda, Issiakhem, Baya ... La sculpture est représentée par des bronzes de Poinçon (Buste de Madame Poinçon), de Halbout (tête de mauresque), de Martinez (les chats), ainsi que le buste , par Rodin, de Victor Hugo. Cette collection est également marquée par le magistral plâtre original exécuté en 1915 par Emile Bourdelle (Heracles archer). Section art musulman Les objets appartenant à cette section remontent au 5e jusqu'au 12e siècle de l'hégire (11e – 18e siècles). Ce sont des échantillons et moulages d'éléments architecturaux et de motifs décoratifs utilisés dans l'art musulman, choisis parmi les monuments les plus caractéristiques qui montrent l'évolution civilisationnelle des différentes dynasties musulmanes du Maghreb, en particulier celles de l'Algérie et du Maroc, ainsi que de l'Andalousie. A noter des collections de panneaux en plâtre décorés de dessins de formes géométriques, florales et végétales, ornés d'inscriptions coufiques ou cursifs : deux inscriptions arabes monumentales du 18e siècle provenant d'Oran. L'une commémore la construction d'un magasin en 1720 par le Bey Mostefa Ben youcef dit «Bouchelaghem » ; l'autre célèbre la fondation de la grande Mosquée en 1796 par Hassan Pacha, Dey d'Alger. Les mobiliers décoratifs sont représentés par des carreaux de faïence de l'époque espagnole (carreaux polychromes émaillés en relief « Zelidja » de Malaga), ainsi que de l'époque turque provenant du Palais du Bey d'Oran construit pendant la période des mérinides par Abou El Hassan El Marini au 14e siècle et dont l'extension a été faite par le Bey Mohamed ben Ottman El Kebir à partir de 1792. On retrouve aussi des poteries en terre cuite tels qu'une amphore hispano-mauresque trouvée à Tlemcen et celles qui proviennent de Tagdempt (Tiaret). Enfin des inscriptions funéraires : une épigraphie commémorant la mort de Cheikh Sidi Mohamed Agha décédé le 26 novembre 1545, Lieutenant de Kheir-eddine Barberousse et défenseur de la ville d'Alger pendant le raid de Charles V, dit Charles Quint roi d'Espagne de 1515 à 1556. Section numismatique Les collections de cette section retracent l'histoire des peuples nord africains à travers le temps. Monnaie antique : C'est la période dominante du point de vue quantitatif. Elle représente des pièces en bronze de Carthage trouvées en Afrique du Nord, des monnaies des villes et des rois de la Numidie et de la Mauritanie (Syphax, Massinissa, Vermica, Bacchus, Bogus, Juba). A noter aussi des monnaies consulaires en argent et en bronze et surtout des monnaies impériales. Une collection de la période byzantine témoigne d'un passé lointain du pays. Monnaie musulmane : Une riche collection en or et en argent émise par des souverains arabes du Maghreb, raconte l'histoire de ces gouverneurs depuis le XIème siècle jusqu'au XVIIIe siècle. Il s'agit des monnaies des aghlabites, souverains de Kairouan ; idrissites, rois marocains du IXème siècle ; fatimides, derniers califes régnant sur le Maghreb à la fin du Xe siècle ; almohades et particulièrement des dirhem d'Abdel-Moumen provenant de la région de Tlemcen ; nassrides, souverains de grenade et de Malaga ; mérinides (Maroc) ; beni Ziane (tlemcen) ; l'empire ottoman, monnaies frappées à Alger, Tunis et en Egypte ; saâdiens et allaouites (Maroc) . Enfin, les monnaies émises par l'Emir Abdelkader et frappées à Tagdempt près de Tiaret. Monnaie d'Europe : Elle est représentée par la monnaie royale de la France depuis le moyen âge jusqu'à l'époque contemporaine (XIXe et XXe siècles), la monnaie espagnole qui reflète l'histoire de son occupation, des pièces modernes des nations européennes, ainsi qu'une modeste somme d'argent de l'URSS, de Chine et des Etats-Unis complètent le fond monétaire de cette section. Enfin, une belle collection de camées représentées par de moulages de pièces de la galerie vaticane. Section préhistoire Cette section renferme un nombre important d'industries lithiques. La diversité instrumentale, témoin du passage des hommes primitifs sur le sol algérien, et en particulier à l'ouest, permet de suivre l'évolution civilisationnelle de nos prédécesseurs. Cette civilisation s'étale sur les périodes suivantes : le paléolithique ou âge de la pierre taillée ; l'épipaléolithique ou âge tardif de la pierre taillée ; le néolithique ou âge de la pierre polie ; la protohistoire. Ces périodes, à leur tour, se subdivisent en plusieurs faciès culturels : Le paléolithique comprend le pré-acheuléen et l'acheuléen, le moustérien et l'atérien, l'aurignacien, le solutréen et le magdalénien. L'épipaléolithique comprend l'ibéromaurusien et le capsien. Le néolithique comprend le néolithique saharien, le néolithique de tradition capsienne et le néolithique méditerranéen. La protohistoire comprend les périodes chalcolithique ou le néolithique tardif, l'âge de bronze et l'âge de fer. Tous ces faciès culturels sont représentés au Musée par des sites et objets types. Section du vieil Oran Tifignagh, endroit du lion, wahran, Oran, El-Bahia ... son histoire remonte au delà de la conquête arabe. La section renferme de modestes, et non moins importantes, collections témoignant de son passé glorieux pendant la période espagnole, turque et française. Le développement du vieil Oran se lit à travers des iconographies et son extension est illustrée par des plans et cartes. Section ethnographie Les collections ethnographiques sont réparties dans deux salles au premier étage. Une grande salle renferme les vestiges matériels des composantes ethniques du Maghreb notamment de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Les arts du feu sont représentés par des poteries polychromes émaillées, fabriquées dans les ateliers de Nabeul en Tunisie. La céramique populaire est illustrée par des vases peints, amphores modelées, dolium orné de motif excisés (Akoufi) en provenance des ateliers de l'Algérie en particulier de Nedroma, Ammi Moussa, la Kabylie ainsi que le style hispano-mauresque des ateliers de Fès et de Marrakech au Maroc. Une collection qui reflète les conquêtes populaires algériennes durant le 18e et le 19e siècles composée d'armes blanches : sabres et poignards damasquinés, les armes à feu : fusils et pistolets, décorés de gravures sur les aciers et incrustés d'argent sur les bois des crosses ainsi que des cartouchières et boîtes à poudre ouvragées. Les productions artisanales sont de haute qualité et d'origine algérienne, elles sont représentées par la dinanderie à décor gravé tels que des mortiers et pilons en cuivre servant à broyer le café et les épices, des lave-mains, des aiguières. Le travail du bois est représenté par des coffres berbères et de petit mobilier constitué par une petite bibliothèque, porte manteau sculpté, un grand siège avec des tabourets sculptés, une étagère polychrome en bois peint. Une collection de bijoux de la Kabylie émaillés ornés de corail serti dans l'argent ainsi que des objets de culte : planchettes à coran, colliers d'amulettes, chapelets. Divers ustensiles tels que des couteaux, menues ferronneries, meules à moudre le grain, le plat à rouler le couscous (guessaâ), trouvent une place de choix dans cette section ainsi qu'une belle collection d'instruments de musique populaire dont le Psalterion (Kanoun), appartenant au regretté Hadj El Arbi Ben Sari, le maître de la musique andalouse tlemcenienne. L'ethnographie du Sahara algérien est représentée par une scène composée d'une tente Touareg avec deux mannequins, l'homme illustrant le costume des populations du Hoggar et voilé d'un litham, la femme tient à portée de sa main les instruments domestiques familiers ainsi qu'un ensemble des éléments nécessaires au campement targui, tels que les célèbres armes touareg : Epée de selle, poignard d'avant bras sur lequel est gravé sur la lame des caractères tifinagh, le bouclier en peau d'antilope ainsi que la
lance du guerrier targui. La deuxième salle est consacrée à l'ethnographie africaine qui est représentée par des collections d'armes et chaussures de la somalie, des sparterie et armes blanches du Soudan et de la Côte d'Ivoire, des vêtements et des fétiches en bois sculpté du Sénégal, des objets d'art et d'usage domestique, ainsi que des instruments de musique de l'extrême orient. En général, ces pays représentent des civilisations qui offrent de grands rapports avec les civilisations néolithiques. L'Océanie est représentée par des séries d'outillage primitif : sagaies, casses tête dans le bois, haches de pierre polie emmanchées. La Nouvelle Calédonie nous a offert des objets domestiques et des témoignages artistiques et religieux, des fétiches sculptés et des bambous gravés, ainsi que des vêtements tressés. Source www.babzman.com


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