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Naissance de Kateb Yacine
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 08 - 2016

Considéré comme l'un des piliers de la littérature algérienne, Kateb Yacine, en parlant de lui, a constamment parlé des autres et aux autres, tout en étant ce qu'il souhaitait être : au sein de la perturbation un éternel perturbateur.
Né le 6 août 1929 à la Casbah de Constantine, Kateb Yacine ne sera inscrit que le 26 août à Zighout Youcef, ex-Condé Smendou, là où son grand-père maternel était bach-adel (auxiliaire de justice). Issu d'une famille de lettrés, originaire de la région de Sédrata, son père est oukil judiciaire (avocat indigène) et homme de double culture. Sa mère l'initiera plus tard à la poésie et au théâtre.
Après l'école coranique, Yacine entre à l'école française en 1936 à Lafayette (Bougaa) où sa familel s'est installée. Pour lui, l'apprentissage du français est le premier déchirement que lui impose son statut de colonisé. Et en 1941, il est interne au lycée Albertini de Sétif, devenu lycée Mohamed Kerouani après l'indépendance. Il est en 3ème lorsqu'éclatent les manifestations du 8 mai 1945. Kateb Yacine y participe et est même arrêté et détenu durant deux mois. Sa mère le croyant fusillé, devient folle et sera internée.
Exclu du lycée, il traverse une période d'abattement, plongé dans les livres de Baudelaire et de Lautréamont. Son père l'envoie au lycée de Bône (Annaba). Dans cette ville, il rencontre Nedjma, sa cousine, déjà mariée, et publie son premier recueil de poèmes « Soliloques». A cette période, Kateb Yacine milite déjà au sein du PPA et donne des cours du soir pour illettrés.
En 1947, il fait son premier voyage en France où il donne une conférence sur Abdelkader et l'indépendance algérienne à la Salle des Sociétés Savantes. Il en profite pour se mettre en contact avec les milieux littéraires français de gauche et publie un premier poème « Ouverte la voix », publié en 1947 par Les lettres françaises. Quelques mois plus tard, Le Mercure de France fait paraître « Nedjma ou le poème ou le couteau ».
Durant les années suivantes, entre 1947 et 1950, jusqu'à la mort de son père, Kateb est tout à la fois écrivain, journaliste et docker sur le port d'Alger. Cette dernière activité laissera des souvenirs dans « Le Polygone Etoilé » et dans sa dernière pièce « Mohammed prends ta valise ». Son nationalisme se fonde alors de plus en plus sur des analyses marxistes. Il collabore au quotidien Alger Républicain, ce qui lui donne l'occasion de visiter de lointains pays, dont l'Arabie Saoudite et l'URSS.
Puis commence un long voyage pour lui qui deviendra « le maghrébin errant », alors que paraissent les œuvres de Feraoun, Mammeri et Dib. Kateb mène une vie difficile en France, comme garçon de ferme, manœuvre-maçon, électricien...) Mais tandis que s'esquisse une carrière littéraire en France, la guerre de révolution éclate en Algérie et un nouvel exil commence pour Kateb à travers plusieurs villes européennes : Milan, Bruxelles, Hambourg, Stockholm, Berlin, Florence, Rome... Mais aussi en Tunisie, en Egypte... Il poursuit cependant son activité de journaliste et de poète.
En 1954, il rencontre Brecht et apprend le métier du théâtre avec Jean-Marie Serreau qui l'avait découvert à la lecture du « Cadavre encerclé » paru dans la revue Esprit (1955). Le lyrisme, el rythme, la profusion verbale, proche de la tradition orale, expriment l'âme et l'imaginaire du peuple algérien dans son chef-d'œuvre « Nedjma », la cousine qu'il a aimée et qui incarne la Révolution. Ce roman, sommet de l'œuvre katébienne, publié en France en 1956, en pleine guerre de Libération, reçoit un accueil élogieux.
Symbole de l'Algérie désirée et déchirée, toujours renaissant de ses agonies, «Nedjma » est l'écho d'une passion dévastatrice jusqu'au délire qu'éprouve un écrivain pour son pays. Kateb rentre en Algérie, peu après la de fête de l'indépendance, en juillet 1962 pour repartir à Paris, en novembre, pour la mise en scène de « La Femme sauvage ». Il se déplace constamment, entre la France, l'Algérie et l'URSS. Il faira une expérience à la RTA avec quelques émissions, dont Poussières de juillet dont il écrit le texte et qu'illustre son ami Issiakhem. D'autres pièces sont montées à Paris, dont « Les ancêtres redoublent de férocité » et « La poudre d'intelligence », et finit par abandonner la forme romanesque pour se consacrer au théâtre.
En juin 1967, après un voyage à Moscou, il pousse jusqu'à Pékin et Hanoï. « Le Maghrébin errant », écrit (en 1970) « L'homme aux sandales de caoutchouc », pièce qui est montée à Lyon. Le retour au pays, à partir d'avril 1971, est un tournant dans sa vie et son œuvre.
Rêvant d'un théâtre de combat, il écrit désormais en arabe dialectal pour « être compris par ses frères ». Sa troupe, le théâtre de la mer se transforme en action culturelle des travailleurs sous l'égide du ministère du Travail. Kateb parcourt le pays et devant un public d'ouvriers, de paysans et d'étudiants, il présente « Mohamed prends ta valise » (1971), « La Voix des femmes » (1972), La Guerre de deux mille ans » (1974), « Le Roi de l'Ouest » (1975), « Palestine trahie » (1977). Et après une tournée en France, Kateb est nommé directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès en avril 1978. Le pouvoir espère le contenir et l'éloigner du centre du pays. Interdit d'antenne à la télévision, il donne ses pièces dans les établissements scolaires ou les entreprises. Ses positions par rapport à la langue tamazight, l'égalité des sexes, le port du voile...lui valent de nombreuses critiques.
En 1980, il revient s'installer à Alger et fait des va-et-vient entre les deux villes. Sa mère meurt en octobre de cette même année. Plus tard, en 1986, Kateb livre un extrait d'une pièce sur Nelson Mandela, et reçoit en 1987 en France le Grand prix national des Lettres.
En 1988 le festival d'Avignon crée Le Bourgeois sans culotte ou le spectre du parc Monceau écrit à la demande du Centre culturel d'Arras pour le bicentenaire de la Révolution française (sur Robespierre). Kateb s'installe à Vercheny (Drôme) et fait un voyage aux Etats-Unis mais continue à faire de fréquents séjours en Algérie.
Celui qui se dit « Algérien par mes ancêtres et internationaliste par mon siècle » meurt le 28 octobre 1989, à Grenoble, d'une leucémie. Il laissera inachevée une œuvre sur les émeutes d'octobre 1988. Mais son théâtre a continué à vivre à travers ceux qui l'ont côtoyé, notamment à Sidi Bel Abbès.


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