Le Prix «Emir-Abdelkader pour la promotion du Vivre-Ensemble et de la coexistence pacifique en méditerranée et dans le monde» a été attribué, hier en début de soirée, à Mostaganem, à trois personnalités internationales ayant grandement contribué dans le sens de l'esprit de cette distinction, et ce en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi. Les trois personnalités distinguées sont, respectivement, l'ancien chef de la diplomatie algérienne, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et Médiateur international de l'ONU, secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, M. Lakhdar Brahimi. Ce diplomate a acquis une expérience inestimable dans le règlement des conflits dans le monde, en Irak, en Afghanistan, en Afrique du Sud, au Liban ou encore récemment en Syrie. Les deux autres lauréats, sont respectivement, l'Espagnol Federico Mayor, ancien Directeur général de l'Unesco et co-fondateur de l'Alliance des Civilisations des Nations unies et président de la Fondation pour une culture de paix, et enfin le Canadien Raymond Chrétien, ancien ambassadeur et président, entre autres, de l'Observatoire international des Maires sur le Vivre Ensemble. En l'absence de Frédérico Mayor, c'est l'ambassadeur d'Espagne en Algérie, Alejandro Polanca Matas, qui a reçu le prix. La cérémonie de remise cette distinction a été organisée au siège de la Fondation «Djenatu El-Arif», l'une des parties initiatrices de cette action, aux côtés de l'ONG internationale AISA, et du programme «MED 21». Elle a été co-présidée par l'Ambassadeur et Rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Driss El-Djazaïri, un des petits-fils de l'émir, et par Mme Fadila Laanan, Secrétaire d'Etat et ministre-présidente du gouvernement francophone bruxellois. Plusieurs personnalités nationales et étrangères, dont le maire de la ville américaine «El Kader», ont pris part à cette cérémonie, coïncidant avec la Journée mondiale de la paix (21 septembre de chaque année). Les organisateurs ont également attribué une mention spéciale du Prix au ministre de l'Enseignement supérieur, M. Tahar Hadjar, et au directeur de la chaire Unesco-Algérie, Issam Toualbi. Cette chaire, rappelle-t-on, a été créée le 15 juin dernier à Alger. Le secrétaire général du MESRS, Salah Eddine Seddiki, a reçu ce prix à la place du ministre. Ce Prix a été créé en hommage à la figure emblématique de l'émir Abdelkader (1808-1883), fondateur de l'Etat moderne algérien et précurseur de ce Vivre Ensemble. Figure de la résistance populaire contre la colonisation française, fin diplomate, homme de lettres, l'émir Abdelkader a été également un humaniste, un soufi et un défenseur des minorités de toutes confessions. Il est à rappeler que dans l'après-midi, les organisateurs ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont développé les objectifs de la création de ce prix et sa philosophie. En marge de cette cérémonie, il a été procédé à l'inauguration d'une exposition d'effets personnels de l'émir Abdelkader, comme son burnous, et de documents relatifs à l'Etat algérien durant sa période. La cérémonie a été également marquée par la projection du documentaire de Salem Brahimi, intitulé Abdelkader, fondateur de l'Etat algérien, ainsi que par des exhibitions de cavalerie et de fantasia. Les chercheurs appelés à «revisiter» le legs culturel et spirituel algérien Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi a appelé, mercredi soir, à Mostaganem, les chercheurs et spécialistes « à revisiter le legs culturel et spirituel de l'Algérie». Intervenant lors de la cérémonie de remise du «Prix Emir Abdelkader pour le vivre ensemble et la coexistence pacifique en Méditerranée et dans le monde», le ministre de la Culture a estimé nécessaire de «revisiter le legs culturel et spirituel de l'Algérie avec objectivité et dans la sérénité en vue de construire une conscience culturelle nationale à même de faire face à toutes les formes d'extrémisme et de déviation spirituelle dont souffre aujourd'hui l'humanité» . Le ministre a insisté sur la nécessité de déployer tous les efforts pour mettre en exergue la pensée algérienne du juste milieu loin de tout extrémisme. «Cette approche est d'ailleurs clairement exprimé par la désignation de ce prix qui porte le nom d'une des figures marquantes de l'histoire universelle, en l'occurrence l'Emir Abdelkader», a-t-il ajouté. Pour Azzedine Mihoubi, «la pensée de l'Emir Abdelkader est une pensée algérienne authentique, saine et incontestable» ajoutant que «Le fondateur de l'Etat moderne algérien n'a pas seulement représenté une phase fondamentale de l'histoire nationale mais également une étape importante dans l'histoire de la région du bassin méditerranéen. «Aujourd'hui, il s'avère nécessaire de distinguer entre les périodes historiques antérieure et postérieure à l'Emir Abdelkader «, a-t-il souligné, ajoutant qu'il est nécessaire de «s'inspirer de la compréhension de l'Emir Abdelkader du texte religieux et du sens qu'il donne aux notions de l'Islam, de la paix et de la dignité humaine». Par ailleurs, le ministre de la culture a rappelé que «le Président Bouteflika, depuis son élection à la magistrature suprême, il y a 17 ans, n'a pas cessé d'œuvrer pour la consécration des valeurs de la tolérance, de la réconciliation, de la paix et du pardon» ajoutant que le chef de l'Etat a insisté à maintes reprises sur le rôle de l'Emir Abdelkader, précurseur dans la défense des droits de l'Homme et des minorités. «Le Président Bouteflika a étudié attentivement l'histoire pour déduire que l'avenir du pays ne peut être assuré sans le recours à notre legs et nos potentialités culturelles et spirituel», a indiqué le ministre, soulignant la nécessité de porter ces legs dans les écoles, les mosquées, les universités et les institutions scientifiques et culturelles. «Des initiatives comme la création de cette distinction contribueront à vulgariser ce legs et à le mettre à la portée de tous les citoyens», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le ministre de la Culture a appelé les autres institutions à initier des démarches similaires, assurant que son département appuiera tout projet culturel ou spirituel portant sur la coexistence entre les religions et les civilisations ainsi que sur le rapprochement entre les cultures. Il s'est félicité du choix porté sur les trois personnalités internationales lauréates du Prix Emir Abdelkader. « L'histoire retiendra les positions honorables et les luttes que ces personnalités ont menées pour régler les problèmes et les différends autour de questions politiques, ethniques et religieuses».