C'est demain qu'Alger abritera l'événement le plus important de l'année, il s'agit de la 15e édition du Forum international de l'énergie, où participeront 72 pays producteurs et consommateurs de pétrole et de gaz. Créé en 1991, l'IEF constitue un cadre informel d'échanges, de concertation et de dialogue entre les pays producteurs et consommateurs d'énergie, qui représentent aujourd'hui plus de 90% de l'offre et de la demande mondiales. Cette concertation vise à favoriser une meilleure entente et une prise de conscience des intérêts énergétiques communs entre les membres du Forum. Outre les ministres de l'Energie des pays membres, des responsables, des experts, des compagnies pétrolières et gazières ainsi que des organisations internationales comme l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) prendront part à cette réunion ministérielle qu'abritera le nouveau Centre international de conférences d'Alger. Cette rencontre aura pour thème principal «la Transition énergétique mondiale : un rôle échangé pour le dialogue énergétique». L'IEF 15 devrait aborder les perspectives pétrolières et gazières, le rôle des énergies renouvelables, l'importance de l'accès aux services énergétiques dans le développement humain et le rôle de la technologie. Dans ce cadre, plusieurs sessions portant sur les grandes questions énergétiques comme les marchés pétroliers, gazier et des énergies renouvelables ainsi que la gouvernance énergétique sont au programme. Des rencontres bilatérales entre les ministres de l'Energie des pays membres et des tables rondes sont également prévues. L'édition 2016 de l'IEF intervient dans un contexte particulier marqué notamment par une grande instabilité du marché pétrolier suite à la chute des prix du pétrole. Depuis IEF14, tenu en 2014 à Moscou, la scène énergétique mondiale a évolué de façon spectaculaire avec des conséquences à court et long termes. En effet, depuis juin 2014, les prix internationaux de pétrole ont été divisés par deux en raison essentiellement d'une croissance économique mondiale faible et d'une surabondance de l'offre. Cette situation a engendré une diminution considérable des revenus des pays exportateurs de pétrole et une réduction des investissements pétroliers à des niveaux faibles avec des risques d'une baisse d'approvisionnement à moyen et long termes. De même, le marché du gaz naturel a connu une évolution baissière en raison de la grande capacité de production notamment pour le gaz naturel liquéfié (GNL). Ainsi, une grande partie des discussions vont s'articuler autour de cette situation du marché mondial des hydrocarbures, qui porte préjudice aussi bien aux pays producteurs qu'aux pays consommateurs de pétrole et freine la croissance économique. D'aucuns estiment que lorsque les prix sont bas, il y a une croissance timide qui ne facilite pas le développement de l'industrie et de la production de pétrole. Ce qui peut, à terme, perturber le marché et impacter la sécurité de l'approvisionnement. Le dialogue producteurs-consommateurs a été initié en 1991 par la tenue de la première réunion ministérielle de l'IEF à Paris. A cette date, une perturbation de l'approvisionnement causée par la première guerre du Golfe a été décisive pour ce dialogue et a augmenté la prise de conscience des intérêts communs entre les parties. Mais ce dialogue n'a été structuré qu'en 2002 lors de la réunion de Kyoto sous forme de forum avec un secrétariat dont le siège est à Ryad (Arabie Saoudite). Une charte de l'IEF a été adoptée à Cancun (Mexique) en 2010 pour définir les organes du Forum : la réunion ministérielle (organe suprême), le Conseil exécutif et le secrétariat. L'un des produits-phares et concrets du forum est le Jodi (Joint organisation data initiative) qui représente une base de données sur les marchés de pétrole et de gaz. L'initiative recueille des données provenant de 100 pays sur les indicateurs-clés de l'offre et de la demande de pétrole et d'environ 80 pays sur les indicateurs-clés de l'offre et de la demande de gaz. Elle repose sur les efforts conjugués des pays producteurs et consommateurs et huit organisations internationales pour fournir des statistiques complètes et durables en temps opportun. D'après ses initiateurs, l'échange des données comme un moyen pour améliorer la transparence des marchés mondiaux de l'énergie est bénéfique pour la sécurité énergétique.