La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a annoncé, jeudi 29 septembre, l'ouverture d'un examen préliminaire sur la situation au Gabon. Une décision qui ne vaut pas enquête, loin s'en faut, mais constitue plutôt un accusé de réception à la requête déposée le 21 septembre par la ministre de la Justice, Denise Mekamne Edzidzie, au nom du gouvernement gabonais. A la suite de l'élection présidentielle du 27 août, et de la victoire revendiquée deux jours plus tard par Jean Ping, l'adversaire d'Ali Bongo Ondimba, «le Gabon a été le théâtre d'émeutes et d'exactions graves», écrit Libreville dans sa plainte à la cour, et n'hésite pas à parler «d'incitation au génocide» et de «crimes contre l'humanité». Le pays a été secoué par des violences post-électorales qui ont fait au moins 27 morts, des dizaines de blessés et de disparus. La réélection d'Ali Bongo Ondimba, finalement validée par le Conseil constitutionnel le 24 septembre, est contestée par l'opposition et a été froidement accueillie à l'étranger. Dans sa plainte, le gouvernement du président Bongo évoque un meeting du candidat de l'opposition au cours duquel il aurait invité la foule à se «débarrasser des cafards», dans le but «d'éliminer une partie de la population gabonaise». La plainte dénonce aussi, pêle-mêle, le saccage de bâtiments publics, un piratage informatique «destiné à fausser les résultats des élections», une conversation téléphonique entre Jean Ping et Mamadi Diané, un membre du cabinet du président ivoirien Alassane Ouattara – écarté après cet épisode – conseillant de mettre «la pagaille totale» au Gabon. Enfin, le gouvernement n'hésite pas à qualifier de «crime contre l'humanité» la présence «d'un individu ligoté» dans les locaux de campagne de Jean Ping et découvert par des gendarmes. Aveu d'échec Les faits relatés dans le document ne relèvent, juridiquement, ni de génocide, ni de crimes contre l'humanité, mais, comme pour pallier cette faiblesse, le Gabon demande à la procureure «de mobiliser d'ores et déjà vos services concernant les actes susceptibles de survenir».