La réunion d'Alger, contrairement aux supputations pessimistes (voir nos contributions et interviews du 27 et 29 septembre 2016 a été une réussite pour la diplomatie économique de l'Algérie. Mais attention à l'euphorie. Le pétrole n'étant qu'une ressource de financement transitoire, l'objectif stratégique tant pour les pays de l'OPEP que de l'Algérie est de réaliser une économie diversifiée qui s‘adapte nouvelles mutations mondiales (1). Selon nos informations l'intervention du président de la République Abdelaziz Bouteflika et le suivi régulier en coordination par le Premier ministre Abdelmalek Sellal qui s'est consacré à différentes tractations sur les lieux de la conférence, ont été déterminants pour rapprocher les points de vue sans oublier le rôle dynamique du ministre algérien de l'énergie. Ainsi, les tractations algériennes ont permis de faire passer cette réunion de l'informel en réunion formelle. La résolution finale note et contrairement à certaines affirmations, cela a été une prise de décision collégiale de l'OPEP, une diminution de 750 000 barils/jour, résultat du compromis à environ un tiers de la surproduction actuelle, la répartition devant se faire après évaluation des experts, à la prochaine réunion de l'OPEP le 30 novembre 2016 à Vienne. Ce consensus afin de concilier, exercice difficile, des points de vue contradictoires a permis de stabiliser le marché qui a répondu favorablement, le Brent ayant dépassé les 49,5 dollars alors qu'en cas d'échec il aurait plafonné entre 45/46 dollars et peut être moins. Or, il faut savoir qu'une baisse d'un dollar en moyenne annuelle est un manque à gagner pour les pays de l'OPEP variant selon la qualité et le cout d'extraction entre 500 et 700 millions de dollars. 2.-. Aussi, la détermination du prix du pétrole à court terme entre 2017/2020, au-delà 2020/2030, du fait du bouleversement de la carte géostratégique économique mondiale, aucun expert ne peut prédire avec exactitude les scénarios de l'évolution tant du prix du pétrole (le prix du gaz lui étant indexé 33% des recettes de Sonatrach) dépendra d'une entente entre d'une part les pays OPEP et non OPEP dont les USA grand producteur proche du niveau de l'Arabie Saoudite, non présent officiellement, à la conférence mais représentée par son ambassadrice et la Russie, le futur prix d'équilibre étant fondamentalement déterminé par une entente entre les USA et l'Arabie Saoudite, alliés stratégique. Qu'en sera-t-il pour la Russie qui a rarement respecté les accords ? Pour ce pays rentre des enjeux géostratégiques, les Russes reprochant aux Américains de vouloir mettre en difficulté l'économie russe dont les réserves de change au cours de 40/50 dollars risquent de s'épuiser horizon 2020. Tout en signalant le Kazakhstan qui entrera en force au niveau du marché pétrolier fin décembre 2016. Il s'agira également d'entrevoir le respect des quotas au sein de l'OPEP par une entente entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. Le cas de l'Irak, pays à fortes potentialités avec des cours inférieurs de 20% et un pétrole de qualité qui à l'avenir pourrait bouleverser le niveau de production au sein de l'OPEP, sans compter la Libye et le Nigeria non concernés par l'Accord. 3.-Au delà de 2020, objet de la rencontre consacrée à la transition énergétique souvent oublié par la presse, devra tenir compte du bouleversement de la carte géostratégique mondiale et de la quatrième révolution industrielle mondiale qui s'annonce devant éviter de raisonner sur un modèle de consommation linéaire. ), comme analysé plusieurs interviews et contributions et comme cela a été rappelé par le Ministre de l'énergie émiraties et le président de l'OPEP, le prix d'équilibre, à l'avenir, sera déterminé par le rapport offre/demande. Aussi, le déterminant sera la croissance de l'économie mondiale 2020/2030 et surtout la nouvelle structure de la croissance misant sur l'efficacité énergétique, un nouveau modèle de consommation énergétique ( Mix énergétique) avec des incidences négatives ou positives sur les pays producteurs, du fait de l'interdépendance des économies. Le rapport septembre 2016 de l'OCDE prévoit une croissance mondiale mitigé 2017 dont celle de la Chine : 6,8% en 2016 et 6,2% en 2017. En cas d'une faiblesse de la croissance, la stabilisation des cours du pétrole sera difficile à se réaliser, tout au plus le cours devrait fluctuer entre 45/50 dollars. En cas d'une légère reprise, il pourrait fluctuer entre 50/60 dollars entre 2017/2020. En cas d'une reprise forte entre 2017/2020, il pourrait progressivement fluctuer entre 60/70 dollars. En cas d'une crise équivalente à celle de 2008, il descendrait en dessous de 40 dollars. Au-delà 2020/2030, du fait du bouleversement de la carte géostratégique mondiale et de la quatrième révolution industrielle mondiale, aucun expert ne peut prédire avec exactitude les scénarios de l'évolution tant du prix du pétrole que de la nouvelle structure économique mondiale, entre 2020/2030/2040. Des stratégies d'adaptation par couches successives sont nécessaires renvoyant à la géostratégie. En résumé, loin de la vision de sinistrose qui avait annoncé un échec de réunion d'Algérie, en étant conscient que dans la pratique des affaires n'existent pas de sentiments, la rencontre informelle OPEP à Alger a été une réussite pour la diplomatie algérienne. Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international