Avec Islam Slimani, Riyad Mahrez, Sofiane Feghouli ou encore Yacine Brahimi, l'Algérie dispose d'une armada de fines lames en attaque. Tous évoluent dans les meilleurs championnats européens et sont capables d'éventrer n'importe quelle défense. Lors des qualifications pour la Coupe d'Afrique des nations 2017, les Fennecs ont d'ailleurs été les plus tranchants devant, avec pas moins de 25 buts inscrits soit neuf de plus que la Tunisie et la RD Congo. Mais un second couteau algérien s'est particulièrement mis en valeur lors de cet exercice : El Arabi Hilal Soudani. L'attaquant du Dinamo Zagreb a frappé à sept reprises au cours des éliminatoires et en a fini meilleur buteur. Son doublé lors de la dernière sortie des Verts face au Lesotho (6-0) début septembre - premier match officiel du sélectionneur Milovan Rajevac - a grandement contribué à offrir à son pays la première place du Groupe J, et à le mettre dans les meilleures dispositions avant son choc contre le Cameroun, demain, pour le compte de la première journée des qualifications pour la Coupe du monde de la FIFA, Russie 2018. «La confiance est une donnée importante pour un attaquant comme pour une équipe. Les buts amènent les buts comme les victoires entraînent les victoires. Ce sont des dynamiques. Il ne faudra donc pas rater le départ face au Cameroun. Les trois points sont impératifs car ils en appellent d'autres. Il n'y a pas de place pour le doute. Il faut tout de suite faire le plein de confiance. Le plus important c'est le début», souligne au micro de FIFA.com ce spécialiste «des buts». Il en a inscrit 20 au total sous le maillot de l'Algérie en 38 sélections. Il est le deuxième meilleur buteur en exercice de la sélection, derrière Islam Slimani et ses 23 réalisations. Il est aussi l'actuel deuxième au classement des buteurs du championnat croate avec cinq buts. Ironie du sort, cet «éternel second» qui ne demande qu'à jouer les premiers rôles porte le n°2 en club, en hommage au numéro de région dont il est originaire, et plus précisément de Chlef, ville qui en est le chef-lieu. «Ce sont mes origines, mon pilier. Ce 2 est un hommage à la ville d'où je viens et à leurs habitants. C'est aussi une façon de me rappeler d'où je viens»,confie-t-il. Si l'ASO Chlef a joué un rôle central dans sa carrière - il y a joué de 1998 à 2011 et y a remporté un titre de champion d'Algérie en 2011 -, l'ascension de Soudani vers le top niveau n'a pas été si facile. Et malgré le talent de ce pur gaucher d'1m 77 rapide et technique, l'Europe a mis du temps à lui accorder sa confiance : «Je viens de très loin. En Algérie, où l'on vénère le football, tout le monde désire faire carrière dans ce sport. Il y a beaucoup de monde sur la ligne de départ, mais une poignée seulement arrive à en vivre vraiment. Il faut véritablement se battre pour y arriver», avoue-t-il. «Et moi, j'ai déjà disputé la CAN, la Ligue des champions et même et La Coupe du Monde... Certes, ce n'est pas une fin en soi. Mais je suis fier et j'ai conscience de mon parcours. Je vis un rêve éveillé.» Lame à double tranchant C'est le club portugais du Vitória Guimarães qui a finalement tendu la main à un Soudani sur qui l'on peut pourtant compter. Car en plus d'être régulier dans la performance, il a toujours été fidèle aux clubs pour lesquels il joue, quand bien même il les a quittés. Mis à part l'ASO Chlef, il n'y en a eu que deux. «Je n'ai joué que deux ans au Vitoria, mais je serai toute ma vie reconnaissant à ce club. C'est lui qui m'a réellement donné ma chance», confirme Soudani. «Je suis heureux d'avoir pu contribuer à écrire une page de leur riche histoire», ajoute-t-il en référence au titre décroché en Coupe du Portugal 2013. Ensuite, il y a eu le Dinamo, avec lequel il est en contrat depuis 2013 mais qu'il n'a pas souhaité quitter cet été, malgré de nombreuses sollicitations en provenance de l'ouest de l'Europe. Et cela par loyauté. «J'ai eu une discussion franche avec le Président en début de saison. Il voulait me garder encore une année. J'ai accepté car c'est un club auquel je suis également redevable. Et puis cela reste un club mythique, et je me sens à Zagreb comme chez moi», souligne-t-il. «Mais je pense qu'au-delà de l'affectif, cette décision est judicieuse. Le championnat croate est plus relevé qu'il n'y paraît. Je joue la Ligue des Champions pour la quatrième année consécutive. Je reste à la fois compétitif et en confiance». Cela tombe bien, car l'Algérie aura bien besoin de son arme à double tranchant pour cette phase de groupes africaine qui commence dans 24h et qui s'annonce difficile pour El Khadra, dans un Groupe B qui, en plus des Fennecs, et des Lions Indomptables mêle la Zambie et le Nigeria. «Il n'y a que des grosses équipes, ça ne va pas être facile, mais je suis confiant», lance un Soudani ému quand au moment d'évoquer Brésil 2014. «C'est un très très très très beau souvenir. On a fait un parcours extraordinaire, historique ! On a rendu notre peuple fier, et je rêve de pouvoir revivre ces émotions un jour,» conclut-il, second couteau affûté pour une nouvelle coupe.