Pour Farid Benramdhane, conseiller et chargé de pédagogie au ministère de l'Education nationale, les chiffres qui se rapportent au rendement du système éducatif sont alarmants. Ces chiffres ne sont pas conjoncturels, ils sont structurels, ajoute-t-il dans l'entretien qu'il a accordé à la Chaîne III de la Radio algérienne dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction. Après analyse des chiffres sur une longue durée, il estime que le rendement du système éducatif en termes de réussite pose problème. Les spécialistes du ministère ont travaillé sur 464 000 erreurs sur les copies des examens de 5e année primaire et du brevet sur une année dans 9 wilayas pilotes, fait savoir Farid Benramdhane qui précise que la plupart portent sur la langue arabe, les mathématiques et le français, trois corpus différents qui ont été soumis à un traitement systématique. Il fait remarquer qu'il a été relevé entre 6 et 8 erreurs par copie d'élève pour l'arabe et le français et entre 12 et 14 erreurs en mathématiques. Ce travail de diagnostic encadré par des inspecteurs et des universitaires a permis de dégager, dit-il, le type d'erreurs dominant dans les copies d'élèves. Il explique pourquoi le choix s'est fait sur ces trois matières : la langue arabe, langue des enseignements et des apprentissages, les mathématiques qui sont un langage fondamental et la langue française qui est importante comme langue d'enseignement à l'université. Il fait remarquer que c'est dans les matières scientifiques qu'il y a les moyennes les plus basses. Il cite l'exemple de la moyenne nationale pour le BEM en mathématiques (8,99/20 en 2012 ; 7,36/20 en 2013 ; 8,75/20 en 2104 ; 9,78/20 en 2015 ; 8,40/20 en 2016 et dans certaines wilayas cette moyenne est de 4/20), en français (8,43/20 en 2012 ; 6,02 en 2013 ; 6,87 en 2016) et c'est dans les matières dites littéraires qu'il y a les moyennes les plus hautes (12 à 14/20 pour l'éducation islamique et éducation civique). Il ajoute que seuls 24% des élèves obtiennent la moyenne en mathématiques, en arabe 25% et en français 16%. Il estime qu'il n'y a pas de maîtrise des langages fondamentaux et en conclut que la seule capacité cognitive développée chez l'élève est la mémorisation. M. Benramdhane indique que sur les 96% qui réussissent aux examens de 5e AP, 25% échouent à la première année moyenne. Et sur les 66% d'élèves qui réussissent à l'examen du BEM, 15% d'entre eux doublent. Pour lui, le défi passe par un diagnostic pédagogique et par sa comparaison au niveau régional et international. En plus de l'amélioration des enseignements, il faut, dit-il, remplacer la sanction par la correction et la remédiation, explique M. Benramdhane. Il considère qu'on a assuré la quantité en rattrapant le retard historique en réalisant des taux de scolarisation appréciables (de 3% à l'indépendance en 1962 à 98% en 2016), maintenant il faut passer à la qualité, insiste-t-il. Le discours de la pédagogie doit être celui de la vérité, conclut-il.