Le régime qui cherche depuis des mois à reconquérir les quartiers rebelles laissés en ruines par les raids destructeurs et meurtriers, ne semble pas près de perdre la bataille. Une alliance de rebelles islamistes a renversé hier la situation dans la bataille d'Alep où elle est en passe de briser le siège des quartiers sous son contrôle et d'encercler la partie prorégime de la deuxième ville de Syrie. Autre développement important dans le pays ravagé par une guerre très complexe, des combattants arabes et kurdes soutenus par l'Occident ont remporté une grande victoire contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en s'emparant de leur fief de Minbej, à quelque 60 km au nord-est d'Alep. Enjeu majeur du conflit, la ville septentrionale d'Alep est divisée depuis 2012 entre quartiers est contrôlés par les rebelles et secteurs ouest aux mains du régime. Les premiers sont assiégés depuis le 17 juillet par le régime et les seconds quasi-encerclés par les insurgés. Gagner la bataille d'Alep est crucial aussi bien pour les rebelles que pour le régime dont les avions et ceux de l'allié russe bombardaient intensément dans l'après-midi les secteurs conquis par les insurgés, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) en faisant état de 500 morts dans les deux camps en une semaine. Des milliers de combattants sont engagés dans la bataille: les rebelles sont aidés par le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra ayant renoncé à son rattachement à Al-Qaïda) et le régime par des combattants iraniens et du Hezbollah libanais ainsi que par la Russie.»'L'Armée de la Conquête' a pris samedi le contrôle de l'académie d'armement, où se trouvent d'importantes munitions, et de la majeure partie de l'académie d'artillerie» au sud d'Alep, a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, en allusion à l'alliance formée de rebelles et jihadistes. Celle-ci «est sur le point de couper, par le feu, la route d'approvisionnement menant aux quartiers gouvernementaux» d'Alep, a-t-il ajouté. «Les forces du régime sont dans une position très difficile malgré l'appui aérien russe». Selon lui, si les rebelles s'emparent du quartier gouvernemental de Ramoussa à la périphérie sud d'Alep, tout proche des académies, ils pourront faire la jonction avec le secteur rebelle de Cheikh Saïd, et ainsi briser le siège de leurs quartiers par le régime. Dans leur contre-offensive, les jihadistes ont lancé voitures piégées et kamikazes contre le mur d'enceinte des écoles militaires et ont pu y pénétrer à travers les ouvertures, selon le site pro-régime almasdarnews. Le Front Fateh al-Cham a annoncé dans un communiqué la prise des deux académies et d'une troisième position militaire proche. Mais le régime qui cherche depuis des mois à reconquérir les quartiers rebelles laissés en ruines par les raids destructeurs et meurtriers, ne semble pas prêt de perdre la bataille. Recourant à son principal atout dans la guerre, l'aviation, lui et son allié russe ont lancé des raids intenses contre les académies dans l'après-midi, selon la télévision syrienne et l'OSDH. En tous les cas, le moral ne manque pas aux habitants des quartiers aux mains des insurgés, car un échec à Alep aurait pu sonner le glas de la rébellion. En revanche, dans un quartier gouvernemental, un enseignant qui a refusé d'être identifié, ne cache pas sa crainte. «Bien sûr j'ai confiance dans l'armée mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur. Les prix des aliments ont déjà augmenté et les jours prochains risquent d'être très difficile». Selon l'agence Sana, 7 personnes ont péri par des tirs rebelles contre un quartier gouvernemental. Toujours dans la province d'Alep, les forces démocratiques syriennes (FDS) «contrôlent Minbej et ratissent le centre-ville», un peu plus de deux mois après avoir lancé leur offensive le 31 mai contre ce fief de l'EI, a affirmé l'OSDH.Dans leur offensive, les FDS étaient appuyées par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui ont affirmé maintes fois leur intention de détruire l'EI. Un porte-parole militaire des FDS, Sherfan Darwish, a déclaré que des combats avaient encore lieu dans le centre-ville, où elles pourchassaient les derniers jihadistes cachés parmi la population. Minbej était le principal carrefour d'approvisionnement de l'EI, de la frontière turque vers Raqa, sa capitale de facto en Syrie située plus à l'est. Déclenché par la répression de manifestations pacifiques en mars 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'intervention militaire de pays étrangers et la montée en puissance de jihadistes. Il a fait plus de 280.000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes.