La force arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis a annoncé, dimanche, avoir lancé une offensive sur la cité située sur les rives de l'Euphrate. Elle est menée au moment où la coalition cherche par ailleurs à reprendre Mossoul à l'EI en Irak. La force arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis a annoncé, dimanche 6 novembre, avoir lancé une offensive pour reprendre la ville de Rakka, capitale autoproclamée de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) en Syrie. Des premières opérations sont en cours pour isoler Rakka, en vue d'un assaut sur la ville, a ensuite confirmé un responsable américain. «La grande bataille pour la libération de Rakka et de sa province a commencé», a annoncé Jihan Cheikh Ahmad, une porte-parole de l'offensive, qui lisait un communiqué dans la ville d'Aïn Issa, située à plus de 50 kilomètres au nord de Rakka, aux mains de l'EI depuis deux ans et demi. Selon elle, l'offensive baptisée «Colère de l'Euphrate» et mobilisant 30 000 combattants a débuté sur le terrain samedi soir. «Rakka sera libérée grâce à ses fils et à ses factions arabes, kurdes et turkmènes, des héros combattants sous la bannière des Forces démocratiques syriennes [FDS], avec la participation active des unités de protection du peuple kurde [YPG], (...) en coordination avec la coalition internationale», dirigée par les Etats-Unis, indique le communiqué. «Isoler la ville» Talal Sello, porte-parole des FDS basé à Hassaké (Nord-Est) a précisé que l'opération allait se dérouler «en deux étapes : libérer la province de Rakka pour isoler la ville, puis contrôler la ville». «La coalition a fourni une première livraison d'arsenal et d'équipements, dont des armes antichar», a-t-il ajouté. «Nous allons dans un premier temps nous efforcer d'isoler Rakka, afin de préparer un assaut pour libérer la ville», a ensuite confirmé un responsable américain sous le couvert de l'anonymat. Les FDS sont «le partenaire le plus compétent pour isoler rapidement Rakka», a-t-il ajouté, soulignant l'importance de mêler à cette opération des combattants locaux, comme le FDS. Le Pentagone a salué, dimanche, le lancement des opérations : «Comme à Mossoul [où l'EI est assiégée par les forces irakiennes], la bataille ne sera pas facile et le travail qui se présente à nous sera rude», a déclaré dans un communiqué le secrétaire américain à la défense, Ashton Carter. «Il faut mettre fin à la fiction du califat de l'EI et entraver la capacité du groupe à mener des attaques terroristes contre les Etats-Unis, nos alliés et nos partenaires», a ajouté M. Carter. Le 25 octobre, lors d'une réunion de treize ministres de la Défense occidentaux, à Paris, les principaux membres de la coalition internationale avaient affirmé que reprendre Rakka était leur prochain objectif. «ll y aura un chevauchement» des opérations à Mossoul et à Rakka, «ça fait partie du plan», avait alors précisé le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Pas les moyens de mener l'offensive Selon les explications du service international du Monde, les forces arabo-kurdes sont en réalité loin de l'objectif et n'ont pas les moyens de mener l'offensive annoncée à Rakka. Cette annonce est en fait une manière de prendre de vitesse les Turcs et leurs alliés rebelles syriens, qui visent le même objectif. On peut aussi voir dans cette volonté de se développer en Syrie une forme de réponse à la purge menée par Ankara contre les Kurdes en Turquie – qu'il s'agisse du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'organisation séparatiste kurde en guerre contre le gouvernement turc, ou du Parti démocratique des peuples (HDP), dont neuf députés ont été arrêtés vendredi – et contre les ambitions affichées par Ankara quant à l'avenir de Mossoul. Les Etats-Unis en «contact étroit» avec la Turquie Le chef de l'état-major de l'armée turque, Hulusi Akar, a reçu dimanche son homologue américain, Joseph Dunford, à Ankara, a fait savoir le premier. «Les méthodes de combat conjointes contre Daech [acronyme arabe de l'EI] en Syrie et en Irak, précisément à Al-Bab et à Rakka, ont été évoquées pour les jours qui viennent», explique l'armée turque dans un communiqué. Les deux officiers ont aussi parlé du rôle des milices kurdes de l'YPG et du risque de glissement vers un conflit religieux, ajoute-t-elle. Les Etats-Unis sont en «contact étroit» avec la Turquie pour coordonner l'offensive sur Rakka, a confirmé, depuis Amman, Brett McGurk, émissaire américain auprès de la coalition internationale anti-EI. Les Etats-Unis veulent que l'offensive soit «la plus coordonnée possible», a ajouté l'Américain. La force arabo-kurde menant l'offensive pour reprendre Rakka avait déclaré plus tôt que Washington était d'accord pour que la Turquie n'y joue aucun rôle. Cette dernière s'était de son côté inquiétée que les FDS soient dominées par les milices kurdes YPG. La Turquie les considère comme des «terroristes» proches du PKK. Et elle ne veut pas les voir partir à l'assaut de Rakka, et consolider ainsi une influence kurde dans la région, qui terrifie Ankara.