La Turquie conditionne sa participation à une opération militaire pour déloger le groupe terroriste «Etat islamique» (EI/Daesh) de son fief de Raqqa en Syrie, par la «mise à l'écart» des milices kurdes syriennes. «Si les Etats-Unis lancent une offensive sur Raqqa avec le YPG (Unités de protection du peuple kurde) ou le PYD (parti kurde syrien), alors la Turquie ne prendra pas part à cette opération», a déclaré M. Erdogan à plusieurs journalistes dans l'avion qui les ramenait de New York. «S'ils ne mettent pas dans cette affaire le PYD et le YPG alors il est évident que nous pourrons mener ce combat avec les Etats-Unis», a-t-il insisté, cité par le quotidien Hürriyet. Pour la Turquie, le PYD et sa branche armée, le YPG, sont le prolongement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en conflit depuis 1984 avec l'armée turque et considéré par Ankara comme une «organisation terroriste». En marge d'un déplacement aux Etats-Unis à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi les Américains d'avoir livré «deux avions d'armes» aux rebelles kurdes en Syrie. Selon le président turc, le vice-président américain Joe Biden a déclaré ne pas être au courant d'une telle livraison. Washington a riposté en précisant n'avoir jusqu'à présent fourni d'armes qu'à la composante arabe des FDS (Forces démocratiques syriennes), coalition arabo-kurde qui a repris récemment à l'EI la ville stratégique de Minbej. Mais, les autorités américaines ont ajouté qu'elles envisageaient d'en fournir aussi à la composante kurde de cette force, les YPG, si celle-ci devait participer à une éventuelle offensive contre Raqqa. La Turquie a lancé une offensive militaire «Bouclier de l'Euphrate» le 24 août pour chasser de sa frontière les terroristes de l'EI et les rebelles kurdes. M. Erdogan a estimé que ce serait une «honte» que la Turquie et les Etats-Unis ne parviennent à battre les 10.000 terroristes de l'EI actuellement présents en Syrie, selon des chiffres que le leader turc a avancés.