Le parti lepéniste n'a pas étudié l'hypothèse d'un affrontement avec le député de Paris, arrivé largement en tête du premier tour de la primaire de la droite. Le scénario de l'élection présidentielle de 2017 était écrit à l'avance par les soutiens de Marine Le Pen, persuadés de se retrouver au second tour du scrutin face à un candidat du parti Les Républicains. Les hypothèses Nicolas Sarkozy et Alain Juppé avaient été étudiées de près, mais pas celle d'un affrontement avec François Fillon. Comme beaucoup de responsables politiques et d'analystes, les dirigeants du parti d'extrême-droite n'ont pas vu venir la percée du député de Paris, qui pourrait être désigné candidat de la droite à l'issue du second tour de la primaire, dimanche 27 novembre. Avec son cocktail de libéralisme thatchérien et de conservatisme sur les questions de société, M. Fillon intrigue sur sa capacité à perturber le jeu. «Quand j'écoute Fillon, je me dis que c'est ce qu'il y a de mieux dans ce débat», confiait ces dernières semaines un acteur de l'extrême-droite. Fort du soutien de Sens commun, l'une des émanations politiques de La Manif pour tous, partisan d'une politique étrangère tournée vers la Russie – comme Mme Le Pen –, l'ancien Premier ministre pourrait en théorie marcher sur les plates-bandes du Front national, et surtout de la «droite hors les murs», ce courant de droite identitaire qui ne trouve pas son compte au FN ou chez LR. «Fillon, c'est le scénario le plus difficile pour Marine. Il valait mieux Juppé, qui est plus caricatural», considère un élu du sud de la France. «Complice du dramatique quinquennat de Sarkozy» Pour autant, les frontistes n'ont pas tardé à trouver un double angle d'attaque contre l'ancien député de la Sarthe : son bilan et son programme. Pour Jean-Lin Lacapelle, secrétaire national aux fédérations du FN, l'éventualité d'un duel avec François Fillon ne représente «aucun changement» pour sa candidate. «Il a été complice et responsable du dramatique quinquennat de Sarkozy», souligne-t-il. «Le programme de Fillon est dur : 500 000 fonctionnaires en moins, notamment dans la ruralité, et une hausse de la TVA, a souligné de son côté Florian Philippot, vice-président du FN. Fillon veut la destruction des services publics et donc de l'Etat.»