La violence. Tout le monde en parle. Les discussions s'accélèrent au moment où ce phénomène se réveille, mais aussi tout le monde se tait lorsque ce virus n'apparaît plus dans nos stades. Ce qui est frappant dans cette tornade qui ramasse tout sur son passage, c'est le silence d'un grand nombre de responsables vivant de cette discipline. Personne ne peut ignorer les conséquences ravageuses de ce mal sur les supporters, voire sur nos économies. Il existerait pourtant un décret qui attribuerait au ministère de la Jeunesse et des Sports tous les droits d'arrêter, via la justice les auteurs de ces troubles qui endeuillent les familles. Invité de l'émission sportive d'Ennahar, M. Mechrara lancera depuis ce studio «au ministère de la Jeunesse et des Sports de dépoussiérer ce contexte et d'engager son application sur le terrain», tonne Mechrara. Pourquoi ce texte tarde-t-il a être appliqué, avons-nous besoin de citer quelques cas d'exemples qui illustrent les incidents graves commis par des hooligans ? Mais à ce jour, personne ne sait s'ils ont été arrêtés ou pas... Lorsque c'est chaud, c'est tout le monde qui est sur le feu de l'action, mais après, plus rien... Pendant ce temps le foot se détériore à petit feu par cette violence. Une violence qui fait fuir les sportifs, les amoureux de la balle ronde. Une violence qui fait peur. La Fédération algérienne de football (FAF) va une fois de plus tenter de se faire entendre. Mais réussira-t-elle ? Si oui de quelle manière ? Hier encore, elle a annoncé de nouvelles mesures allant jusqu'à la fermeture des enceintes jusqu'à la fin de la saison. Est-ce suffisant ? L'autre mesure consiste à délocaliser sans public les rencontres des clubs «qui ne respecteraient pas la discipline générale», précise la FAF. Délocaliser ? Mais ira-t-il, l'autre public, celui que l'on surnomme le public tranquille ? La violence risque de gagner sa partie en faisant agrandir son cercle. Ce qui n'est pas souhaitable. Le Bureau fédéral de la FAF regrette les incidents survenus lors du match MO Béjaïa-MC Oran (0-0), disputé vendredi au stade de l'Unité-Maghrébine, les qualifiant de «regrettables et inadmissibles». Tout le monde le regrette, mais qui arrêtera cette violence ? Là est la question. Le bureau fédéral «appelle l'ensemble des clubs, les joueurs, les staffs techniques et en particulier les supporters à participer à la lutte contre la violence dans les stades et à rendre plus hospitaliers nos stades et plus agréables les rencontres de football organisées à travers tout le territoire national». Voilà une nouvelle manière de tenter de faire calmer les choses. Les clubs ont une part de responsabilité énorme. L'installation des comités de supporters à travers les différentes wilayas du pays et ce, conformément aux mesures de la DGSN et à la loi ministérielle datant du 23 décembre 2014 régissant les conditions et les méthodes de création, d'organisation et de gestion des comités de supporters semble ne pas donner totalement ses fruits. Les stadiers qui ne sont pas formés peuvent-ils arrêter la vague des hooligans ? On n'habille pas un stadier d'une tenue spéciale pour le faire exposer à ces violences, sans avoir reçu une formation. «Le ministère de la Jeunesse et des Sports doit réagir vite, très vite, il peut mettre en place une commission qui serait composée de différentes institutions publiques, lesquelles se pencheraient sur cette question de formation.» On assiste a une recrudescence de ce phénomène de violence, aucun stade ne dispose de caméras de surveillances, aucun stade n'a créé de limite d'accès aux supporters. «Il faut savoir que la question de la gestion et de l'anticipation de ce type d'incident se pose dans le championnat d'Europe d'autant que les autorités classent les match à haut risque, au niveau 3 sur 4, en raison de possibles affrontements entre hooligans», fera rappeler un invité de cette émission. Cela devrait se faire chez nous devait-on ajouter. Enfin, ces phénomènes de masse sont difficilement gérables, pourquoi n'arrive-t-on pas à les anticiper ? D'autant que l'Angleterre, berceau du hooliganisme, n'en est pas à son coup d'essai en matière de violence liée aux supporteurs. Ce pays qui a inventé le football n'est pas le seul pays touché par ce violent fléau, mais c'est bien sûr son territoire que le hooliganisme a vu le jour, dans les années 60 et marque le passage d'une violence ritualisée et dionysiaque, relative à la logique du jeu à une violence exercée de manière préméditée et organisée», peut-on lire dans une étude sociologique sur le hooliganisme de Dominique Bodin, Stéphane Héas et Luc Robène confirmant que les groupes s'organisent pour faire des descentes et qu' il est possible d'anticiper cette vague de violence. Il convient en effet de différencier. «Les hooligans et les ultras, les premiers sont des bandes informelles qui se construisent par et pour la violence. Quant aux ultras, ils sont réunis dans des associations autour d'un engagement fort pour le football. Il peut déboucher sur des violences pour défendre son club mais les ultras ne viennent pas au stade dans l'objectif numéro un de se battre. C'est, au contraire, la volonté des hooligans», assure le sociologue Nicolas Hourcade. Il faut espérer que chez nous d'autres études qui s'imprégneraient de ce qui se fait sous d'autres cieux verront le jour. En attendant, la DGSN fait un excellent travail..