Il faut croire que la Confédération africaine de football se laisse gouverner par cette sacrée tentation de séduire son monde sportif. Et pour un coup médiatique s'en est un. Vivre en direct et en intégralité sur les chaînes Canal+ Sport, la CAN-2017, du 14 janvier au 5 février 2017, toute la CAN, est une réponse aux attentes des milliards de téléspectateurs africains. La clé est trouvée, grâce à cet accord qui vient d'être conclu avec le groupe de Canal+ et Lagardère Sports. Un accord qualifié par les observateurs de haute densité sportive, qui permettra d'assurer une couverture totale des différentes rencontres de cette CAN. Pas besoin de tripoter sur sa télécommande à la recherche de la chaîne qui défierait les restrictions des diffuseurs. Un mal qui ressemble à une véritable violence sur le foot. L'Afrique va enfin être arrosée de ces belles images qui viendraient du Gabon. Ainsi, «le meilleur du football africain des clubs et des équipes nationales sera diffusé sur les antennes des chaînes Canal+ en Afrique francophone pour une durée de 7 ans à compter de janvier 2017». Le bon parcours des pays africains aux Coupes du monde explique aussi en partie l'intérêt grandissant des diffuseurs, prêts à verser des sommes astronomiques pour acquérir les droits de retransmission de la CAN. Selon une étude de France Football, en France, un footballeur étranger sur deux est issu du continent, et près de 24 nationalités africaines y sont représentées, parmi lesquelles le Sénégal, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Ces joueurs issus de la diaspora remportent régulièrement des titres avec leurs clubs respectifs. Au Royaume-Uni, un fort contingent de Nigérians et de Ghanéens fait quant à lui les beaux jours du championnat d'Angleterre. Seront également diffusées, apprend-t-on de sources médiatiques, les compétitions africaines majeures telles que le Championnat d'Afrique des nations (CHAN) Total, la Ligue des champions de la CAF Total, la Coupe de la Confédération de la CAF Total, la Supercoupe de la CAF Total, les matches de qualifications pour la prochaine Coupe du monde FIFA 2018, les phases finales de la CAN féminine Total, la CAN U17 Total (moins de 17 ans), la CAN U20 Total (moins de 20 ans), la CAN U23 Total (moins de 23 ans) et la CAN de Futsal Total. Pour Jacques du Puy, président de Canal+ Overseas, «cette acquisition permet au Groupe Canal+ de confirmer son positionnement de diffuseur sportif de premier plan en Afrique francophone. À ce titre, nous sommes honorés de participer à la mise en valeur de rendez-vous incontournables du football africain sur nos chaînes Canal+ Sport en Afrique». Il est intéressant de savoir que «Canal+ est présent sur le continent depuis plus de 20 ans et couvre à ce jour plus de 25 pays à travers 10 filiales et plus de 30 partenaires et distributeurs. Avec son offre les bouquets Canal+ (plus de 200 chaînes, radios et services), le groupe est le premier opérateur de télévision payante par satellite en Afrique francophone et compte plus de 2 millions d'abonnés et a lancé en 2015 une chaîne 100 % africaine, A+.» Il faut seulement retenir que la retransmission des rencontres de ce tournoi, fortement génératrices d'audience, représente un enjeu financier colossal qui entretient un climat de concurrence féroce entre les diffuseurs. Selon un spécialiste de cette question, «les chaînes de télévision du monde entier s'arrachent déjà les droits de cet évènement : ITV4 pour le Royaume-Uni, Sony Six pour l'Inde, BeIN Sports pour le Moyen-Orient et l'Australie, et même Rede Globo pour le Brésil, terre sacrée du football.» C'est surtout la CAF qui se frotte les mains devant les périodes de vaches grasses à venir. En effet, selon le site d'information Sportsmarketing.fr, alors que l'organe de tutelle du football africain ne percevait jusqu'en 2008 que 3,8 millions d'euros par édition, celui-ci a eu l'assurance d'engranger un revenu cumulé de 33 millions d'euros − soit 8 millions d'euros par édition − entre 2010 et 2015. Si l'on tient compte de l'ensemble des compétitions − Ligue des champions, Coupe de la Confédération, CHAN –, d'après la même source, sportfive, filiale du groupe français Lagardère spécialisée dans la gestion des droits marketing et audiovisuels sportifs, aurait permis à la CAF d'engranger une somme estimée à 97,1 millions d'euros par édition pendant la même période. D'ailleurs, l'instance suprême du foot africain a renouvelé en 2015 son contrat avec cette agence. Un partenariat qui devrait lui assurer un milliard de dollars de recettes au minimum sur la période 2017-2028. Des informations qui planent au-dessus de nos têtes qui peuvent être à tout moment «renégociées» cela est possible.