Si aujourd'hui la coquette ville de Yakouren désignée également par «Suisse nord-africain» compte un peu plus d'une vingtaine de villages et hameaux, à l'origine elle ne disposait que d'un seul à Thadarth. Un haut lieu sublime et nourricier repris par la France et ses colons pour l'exploiter et y installer une guérite (ta garite). Vendredi passé est un grand jour pour les Yakourénois, venus de tous bords et en masse, répondant à l'appel de tarwa Iâkouren et de l'association de solidarité Manel, pour retrouver Thadarth ancestrale. Un moment de retrouvailles fort en émotion, ou les larmes n'ont cessé d'être déversées, notamment par les anciens, durant tout le périple d'une randonnée organisée en une première en cette fin d'année. Contrairement aux jeunes qui sont venus savourer la beauté prodigieuse des lieux, de nombreux visiteurs, ont pour la circonstance ramenée offrandes et des plats du terroir pour renouer avec une place qui a fait remonter des souvenirs en surface. Si la mosquée de Thadarth, est encore debout, car pour le moins entretenu, nombreuses autres maisonnées ne sont que vestiges et ruines, en témoignage d'un temps que seuls ces vieux assis sous ce chêne centenaire, se remémorent. L'initiative revient également à la femme yakourénoise qui a contribué dans une large mesure à concrétiser cette «fiesta», et probablement la pérenniser certainement. Si le lieu qui abrite le mausolée de Sidi Ali, le moment qui invoque également le Mawlid, auront été deux éléments phare qui prédisent que désormais tout n'en sera plus comme avant. Les Yakourénois, qui souhaitent à tout prix les réapproprier ce lieu si cher, veulent aussi convoquer la mémoire collective, et réinvestir tous les usages et traditions délaissées. Thadarth qui signifie village, est cet espace qui par le passé a regroupé les trois descendances (Ibejûden, Ath hadjadj, Ath Tawrirth) du ârch des Ath Ghobri, qui y ont vécu en communauté restera à coup sûr une opération contre l'oubli, car de la à y revenir sur le lieux, l'espace s'est de beaucoup réduit pour ne devenir que cet espace commun indivisible (avendou) pour la postérité. Une bonne partie fait en ce moment office d'un cimetière, le reste de ces terres des Iâkouren (opposants) qui ont refusé à la France le passage de ses cavaleries restera vierges s'il ne s'étendra pas à être leurs demeures éternelles.