L'Algérie n'est pas au bord de l'effondrement économique contrairement aux affirmations de certains qui véhiculent le tout sinistrose. Pour un économiste français largement médiatisé, dans une contribution au point.fr ( début 2016), les années 2017/2018 pourraient marquer le début du délitement de l'Etat algérien à la fois politique et économique et met en garde le gouvernement français à ce que des milliers d'Algériens débarquent en France. Pourtant, ne devant pas oublier la réalité amère avec à la fois un cours du pétrole relativement bas et l'arrivée des terroristes de Syrie et d'Irak à nos frontières, sans oublier la Libye. Aussi, je partage les analyses récentes d'un grand diplomate algérien Lakhdar Brahimi pour une entente maghrébine, le terrorisme étant une menace planétaire qui déstabiliserait toute la région (1). L'Algérie a les moyens de sortie de la crise, devant éviter de réitérer les impacts de 1986; elle en a les moyens. Fini le cours entre 80/90/100 dollars. L'heure est au réalisme afin d'éviter l'expérience malheureuse vénézuélienne, la plus grande réserve pétrolière mondiale, un pays à fortes potentialités que j'ai eu l'honneur de visiter, mais un pays en faillite, un taux d'inflation de plus de 500% en 2016 et en 2017 selon le New York Times «Inflation in Venezuela seen hitting 1500% in 2017 as crisis goes from bad to worse». D'où l'importance d'un gouvernement de crise, composé de femmes et d'hommes compétents, ayant une grande moralité pour mobiliser la population, car les années charnières seront entre 2017/2020. 1.- Privilégions les intérêts supérieurs de l'Algérie, l'efficacité couplée avec une profonde justice sociale ( pas l'égalitarisme) et non la distribution de postes de ministres s'assimilant à des récompenses au moyen de la distribution de rente. Un ministre est avant tout responsable de la politique générale de son ministère, et selon la déontologie politique, il est responsable de toute action de ses collaborateurs, positive ou négative. Force est de constater une confusion des rôles, personne ne se sentant responsable, certains ignorant ou faisant semblant d'ignorer le fonctionnement de leur secteur. Et en cas de mauvaise gestion ou de scandales financiers relatés par la presse (renvoyant à une justice indépendante), ils font retomber toute la responsabilité sur leurs collaborateurs, expliquant d'ailleurs la démotivation de la majorité des cadres. Or, la responsabilité est collective. Combien d'expériences montrent qu'un gouvernement n'est pas fait pour être obligatoirement populaire, mais doit avoir une vision stratégique d'optimalisation de la fonction objective stratégique horizon 2020/2030 avec la nouvelle révolution économique qui s'annonce avec d'importants bouleversements géostratégiques afin de réaliser la transition d'une économie totalement rentière à une production et exportation hors hydrocarbures de segments productifs au sein des valeurs internationales. Certes, on doit concilier efficacité économique et une profonde justice sociale, mais sans populisme, une nation ne partageant en principe que ce qui a été préalablement produit, la rente des hydrocarbures donnant des taux de croissance, de chômage et d'inflation biaisés. 2.- Il y a urgence de grands départements au niveau de la présidence de la République traçant les axes stratégiques, ainsi que le regroupement de ministères avec des secrétariats d'Etat techniques. Le pilier sera l'Education regroupant l'Education nationale, l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, devant impérativement accorder la priorité à la connaissance condition sine qua non afin que les politiques publiques apportent des réponses à la pauvreté, à la fois rurale et urbaine, et surtout à l'évolution du chômage par la création d'emplois et d'activités génératrices de revenus, en particulier pour les groupes vulnérables, notamment les femmes et les jeunes. Le deuxième pilier sera le ministère de l'Intérieur regroupant l'Environnement et l'Aménagement du territoire, un grand ministère de l'Economie regroupant Commerce et Finances et un grand ministère de l'Industrie et de l'Energie. Pour les autres organisations, nous aurons un grand ministère regroupant Transports, Travaux publics, Habitat, un ministère regroupant l'Eau, la Pêche et l'Agriculture, un ministère incluant la Santé et les Caisses de sécurité sociale, coupler le Ministère du Travail avec celui de la Formation professionnelle et de la Solidarité nationale, le Ministère des Télécommunications avec le numérique qui dépend actuellement du ministère des finances, le Ministère de la Communication avec celui de la Culture, etc. D'ailleurs, un regroupement des ambassades, excepté pour des pays avec qui l'Algérie entretient d'importantes relations commerciales, devrait rentrer dans cette réorganisation. 3.- Afin de rapprocher l'Etat du citoyen, il s'agit de s'orienter vers une nouvelle organisation locale autour de pôles régionaux autour de quatre ou cinq grandes wilayas avec des wilayas délégués, ces derniers devant être un manager et non un administratif. C'est à dire qu'il s'agit de mettre en place par la concertation, la régionalisation économique à ne pas confondre avec l'avatar dangereux du régionalisme. Elle doit avoir pour conséquence un meilleur gouvernement réel ressenti comme tel par la population. Les directions de wilayas budgétivores doivent être regroupés. L'argument de base réside dans la proximité géographique. ce qui signifie qu'il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu'une solution nationale. Car une centralisation à outrance, favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c'est-à-dire une gouvernance qui s'impose par la force et l'autorité loin des besoins réels des populations et produit le blocage de la société. Les expériences historiques montrent clairement que si la centralisation a été nécessaire dans une première phase, elle a atteint vite ses limites et que ce sont les pays qui ont développé des décentralisations réelles et non des déconcentrations, synchronisant gouvernance centrale et locale, qui ont le mieux réussi leur développement. Le pays le plus décentralisé au monde ce sont les Etats-Unis d'Amérique. Après la «commune-Providence» du tout-Etat, l'heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l'ingénierie territoriale. C'est dans ce contexte, que la commune doit apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l'amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d'un espace. L'aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu'elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l'espace où elles sont installées. Je pense que la structure la plus appropriée pour le dynamise tant du développement national que local, ce sont les Chambres de commerce régionales qui regrouperaient l'Etat, les entreprises publiques/privées, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche. 4.- Afin d'éviter le scénario dramatique des impacts de la crise de 1986, la pleine réussite des réformes, processus complexe éminemment politique, implique de dépasser les positons partisanes étroites et de poser le rôle de l'Etat régulateur stratégique et son articulation avec le marché ce qui renvoie au mode de gouvernance tant local qu'international. L'on devra réaliser la symbiose efficacité économique et une très profonde justice sociale par une lutte contre la corruption et les rentes spéculatives, par de nouveaux mécanismes de régulation, loin des règlements de comptes inutiles, sources de tensions. L'Algérie doit s'adapter aux enjeux de la mondialisation, l'espace euro-méditerranéen et africain étant son espace naturel, surtout que la crise mondiale actuelle préfigure d'un bouleversement géostratégique et économique important. Cette adaptation est inséparable d'un Etat de droit et de la démocratie tenant compte de notre anthropologie culturelle, de l'économie de marché concurrentielle humanisée, loin de tout monopole, du respect du droit de l'homme, de la promotion de la condition féminine. L'Algérie a toutes les potentialités pour devenir un pays pivot, conditionné par une dynamisation de la production et exportations hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. Il est admis tant par les observateurs internationaux que nationaux sérieux que le développement de l'Algérie est possible sous réserve d'une bonne gouvernance et d'une réorientation de l'actuelle politique socio-économique axée essentiellement sur les infrastructures alors que la dynamique du développement repose sur des institutions centrales et locales crédibles, débureaucratisées, l'entreprise et son fondement l'économie de la connaissance. Ignorer cette situation afin de garder son poste de ministre par des bilans déconnectés des réalités c'est faire preuve d'antinationalisme, après moi le déluge. Le temps en économie ne se rattrape jamais. 5.-En résumé, ceux sont le savoir et la bonne gouvernance qui ont fondé de tout temps la prospérité des civilisations. Les postes ministériels sont éphémères certains ministres algériens, vivant d'illusions grisé par leurs fonctions, étant reçu à grande pompe parce qu'ils représentent un grand pays l'Algérie et non pour leurs écrits ou compétences. Aussitôt mis fin à leurs fonctions, ils sont ignorés. Au fait combien d'algériens se rappellent le nom des ministres que l'Algérie a eu depuis l'indépendance à ce jour L'on devra éviter l'activisme et des discours contradictoires entre plusieurs membres du gouvernement, la mobilisation de toutes les algériennes et algériens sans exclusive, la visibilité et la cohérence au sein d'une planification stratégique face tant aux nouvelles mutations locales et mondiales devient un impératif de sortie de crise afin de démentir les scénarios catastrophes. Aussi, j'invite le pouvoir algérien et l'opposition d'oublier leurs différents afin de démentir les sombres scénarios, qu'il y a lieu de ne pas prendre à la légère, pour ne pas aller droit au FMI horizon 2019/2020. Pour cela une autre politique doit être menée par un gouvernement de crise, qui doit être moral. La situation est grave et une réaction à la mesure de la gravité de la situation est urgente L'immobilisme et l'activisme ministériel sans impacts donneraient alors raison à ceux qui espèrent la désintégration de l'Algérie, ce qu'aucun patriote algérien ne souhaite. Il y va de la sécurité nationale. Médirons le message d'espoir de son Excellence Mr le Président Abdelaziz Bouteflika le 05 juillet 2016 je le cite « Jeunes de mon pays, je vous invite, en cette Fête nationale de l'indépendance et de la jeunesse, à vous inspirer de l'exemple des meilleurs de vos aînés, les glorieux martyrs auxquels nous devons tous de vivre indépendants et souverains dans l'Algérie. Cette bataille est au-dessus de tous les clivages politiques, idéologiques, ou de quelque autre nature qu'ils soient, car c'est tout simplement la bataille de votre propre avenir, la bataille du devenir de l'Algérie». Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international