L'augmentation de la taxe sur le tabac qui est passée de 15% en 2016 à 30% en 2017 «reste insuffisante pour dissuader le consommateur de fumer». En effet, des spécialistes de la santé publique ont qualifié l'augmentation à 30% de la taxe sur le tabac au titre de la loi de finances 2017, d'«insuffisante» pour dissuader le consommateur de fumer, appelant à intensifier les efforts visant à lutter contre ce «phénomène dangereux». Pour sa part, le chef du service épidémiologie du Centre de lutte contre le cancer de la wilaya de Sétif, le Pr Hamdi Cherif, a estimé important d'élever ces taxes à 80% comme stipulé dans la Convention cadre de lutte contre le tabagisme de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et en adéquation avec le programme de prévention arrêté par l'Etat à l'instar du plan national de lutte contre le cancer (2015/2019). De son côté, le chef du service allergologie de l'établissement hospitalier de Rouiba, Pr Merzak Gharnaout, a tiré la sonnette d'alarme sur le cancer du poumon causé à 90% par le tabagisme, mettant en garde contre la prolifération de cette maladie chez les jeunes dont certains ont commencé à fumer à l'âge de 8 ans. Entre autres maladies causées par le tabagisme, il y a lieu de citer, selon le spécialiste, les bronchites chroniques ou emphysèmes qui exigent une oxygénothérapie (traitement par oxygène) dont le coût oscille entre 200 000 et 400 000 DA. Un coût non remboursé par la Caisse nationale des assurances sociales chose qui empêche la prise en charge de tous les cas, a-t-il tenu à dire. Concernant l'augmentation de la taxe sur le tabac, il s'est dit satisfait de cette mesure bien qu'elle reste «non dissuasive», déplorant la propagation du tabagisme dans les lieux publics en dépit de l'arsenal juridique, ce qui expose les non-fumeurs aux mêmes risques que les fumeurs. D'autre part, le sous-directeur de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Dr Youssef Tarfani, a indiqué qu'un nouveau projet portant élargissement à 50% de l'espace de prévention sur la boîte de cigarettes était en cours d'élaboration par la tutelle en collaboration avec le ministère des Finances. L'espace portera notamment des messages dissuasifs comme «le tabac cause des maladies cardiaques et le cancer» outre des illustrations choquantes, conformément aux orientations de l'OMS, a-t-il encore poursuivi. Ainsi, le directeur de la prévention et de la promotion de la santé au ministère de la Santé Smaïl Mesbah a rappelé que l'Algérie a été parmi les premiers pays à entériner la convention-cadre de lutte contre le tabagisme en 2006. Elle a ensuite adopté un arsenal juridique interdisant de fumer dans les lieux publics et dans les entreprises, a-t-il ajouté déplorant les difficultés ayant entravé la mise en oeuvre de cette loi, notamment l'absence de mesures coercitives. Il a évoqué entre autres mesures adoptées par l'Etat pour lutter contre ce fléau, l'intensification des efforts visant à combattre les réseaux de contrebande de tabac à travers les frontières nationales et l'interdiction de la vente de tabac par les adolescents dans les rues et aux alentours d'établissements scolaires. Enfin, il est à noter que la nouvelle loi sanitaire interdit de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif sous peine d'amende allant de 2 000 à 5 000 dinars. Selon l'article 59 de cette loi la vente de tabac ou produits du tabac aux mineurs est interdite, sous peine d'amende allant de 200 000 à 400 000 dinars.