Au complexe sidérurgique Sider El Hadjar, l'on n'a pas attendu les médias pour entamer les essais à chaud au Haut fourneau (HF) N°2. Et pourtant, cette question intéresse non seulement les 4 300 salariés, mais aussi l'ensemble des Algériens. On peut affirmer que cela se fait sans tambour ni trompettes, depuis déjà quelques jours, et l'opération tend à se poursuivre. Rappelons que l'opération réhabilitation de cette installation, incontournable dans la production du fer, a été réalisée par deux sociétés étrangères « Person », et la filiale ArcelorMittal, « Paul Wurth ». Du côté du conseil d'administration présidé par Maamar Habache, l'on se veut rassurant quant au déroulement normal de l'opération. La sérénité a son importance dans cette phase à risques qu'est la mise à l'essai du H.F. Elle a son importance sur l'avenir de la sidérurgie algérienne même si, à un plus de 150 km de là, à Bellara (Jijel) précisemment, se poursuivent les travaux de réalisation d'un 2ème complexe sidérurgique pour la production de 5 millions de tonnes/an de fer et d'acier. Ce qui nous amène à cette autre vérité, qui émane du PCA du groupe ArcelorMittal. Dans un de ses communiqués, il avait longuement insisté sur le fait qu'ArcelorMittal Groupe restera en Algérie. Et ce, en dépit de nombreuses discussions, à ce sujet, au niveau du ministère algérien de l'Industrie, pour débattre de la finalisation de la « convention d'investissement. Cette dernière, définit la stratégie pour augmenter la production d'acier à Annaba. On sait que par la suite, de mauvais résultats en mauvais résultats, ArcelorMittal Algérie prenait la destination du mur des illusions. L'on est arrivé jusqu'à hypothéquer sérieusement les salaires des travailleurs fin 2015, la volonté du partenaire étranger s'étant émoussée au gré des trous béants dans les finances, et de l'impossibilité de respecter ses engagements d'amélioration de la production. Ce qui a nécessité la dissolution du partenariat, et le retour des algériens à la maison mère «Sider». En guise d'héritage, l'Entreprise publique a reçu un complexe sidérurgique trés mal en point. Non seulement devenu un tas de feraille, mais il y a également le fait que les compétences l'ont déserté l'une après l'autre. Elles sont allées offrir leurs services à l'entreprise «Algérienne Qatari Steel (AQS)». Il reste tout de même cet espoir de voir redemarrer le HF N° 2 ; et c'est justement là le hic, quand on sait que les meilleurs ingénieurs et techniciens algériens sont partis sous d'autres cieux, y compris au Canada. «Je ne pense pas que l'on pourra assister au démarrage du HF2 qui ne nécessite pas des essais à chaud. Le problème réside dans la poursuite de l'exploitation qui n'est pas du tout assurée, pour indisponibilité de compétences», a affirmé un ancien cadre technique de Sider. Ce que semble avoir pressenti le groupe ArcelorMittal qui a préféré retrocéder ses parts d'actions du capital social du complexe sidérurgique Sider. C'est que le début de ce mois de décembre 2016, à l'occasion de leur annuel Media Day, le géant mondial de l'acier a exposé sa stratégie de croissance, et surtout de compétitivité. Et pourtant, la période est encore bien morose pour le secteur de la sidérurgie dans le monde. Comme il est dit que le numéro 1 mondial de l'acier a de la ressource. Dans sa stratégie, il est question de lobbying auprès de l'Union européenne qu'ArcelorMittal a choisi, comme arme, pour mettre un terme à la mainmise des chinois sur le marché de la sidérurgie mondiale. Il est aussi question de recherche et de développement. Un bon appât pour les Algériens qui se préparent à lancer plusieurs unités de montage de voitures, avec une intégration algérienne à hauteur de 30%. L'autre objectif, également ciblé, est de mettre en action des produits très techniques, à haute valeur ajoutée. Il n'en demeure pas moins que la perspective de mise en route de la totalité des installations de production, ne semble pas être bien appréhendée. Sinon, comment expliquer qu'au plan de la formation, Sider est très loin des objectifs tracés. Le même problème, en rappport avec la maîtrise, concerne la pollution de l'environnement. Comment faire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre? «Il ne faut surtout pas oublier que le processus de transformation du minerai de fer, génère du CO2», se plaint-on du côté d'ArcelorMittal. Qu'en est-il de celle du complexe sidérurgique El Hadjar, qui impose à sa proximité, la poussière de couleur rouille, qui impacte inexorablement sur le quotidien des habitants?