L'Algérie de 2017 affronte plusieurs écueils à la fois, depuis la chute démesurée des prix du pétrole. La réaction de gouvernement longtemps attendue motiva la conception d'un nouveau modèle de croissance économique que présenta le Premier ministre Sellal lors de la réunion de la tripartite. Avec un déficit budgétaire intérieur et extérieur abyssal, il ne pouvait pas en être autrement que de changer de fusil d'épaule. Le nouveau modèle économique que nous propose Sellal est basé sur la croissance, et non sur le développement. Il dira à ce sujet «qu'il nous faut donc aller chercher la croissance ailleurs, c'est-à-dire dans la sphère économique réelle là où l'entreprise, publique ou privée, est la clé de voûte». Ce modèle de croissance, intègrerait «un cadrage budgétaire sur le court et moyen termes, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une économie émergente fixés par l'autorité politique. L'objectif est d'aboutir, en bout de cycle, à des niveaux soutenables en matière d'équilibre des finances publiques». Cette croissance ne peut être mise en place sans de pragmatiques réformes structurelles qui donneraient au secteur privé la possibilité d'investir librement, dans un environnement des affaires beaucoup mieux lubrifié lui permettant de concurrencer à armes égales un secteur public qui a de la peine à sortir de ses travers. Personne ne sait exactement comment le Premier ministre va concilier la compétitivité des entreprises industrielles, en faire des leviers performants dans le même temps que son nouveau modèle garderait des «mesures à consolider la justice sociale, sans surcouts économiques, tout en réformant la fiscalité, et mettre le budget au service de la croissance, et du développement humain et durable». Selon Sellal, les «efforts et nos capacités sont orientés vers la réunion des conditions d'émergence d'une base productive et industrielle nationale moderne et compétitive, à travers l'amélioration de l'environnement de l'entreprise et la promotion de la production nationale, en luttant ensemble contre ce qui bloque son épanouissement tout en écartant les bureaucrates et les véreux». Sellal a mis le doigt là où ça fait mal, c'est-à-dire l'autoritarisme de l'administration, la présence négative de la sphère des intermédiaires, et l'hégémonie des acteurs qui exercent dans l'import-import. La libéralisation de l'import-export n'aura enregistré depuis son avènement qu'une amplification des importations, et qu'un faible résultat, équivalent à moins 2% concernant les produits que l'Algérie exporte. Ce déséquilibre de la balance commerciale a été fatidique surtout après le recul des recettes pétrolières. Le contrôle du commerce extérieur par des mesures de sauvegarde à travers l'instauration du régime des licences d'importation, n'a eu que de piètres résultats. La libéralisation du commerce extérieur selon les règles libérales prônées par l'OMC sans pour autant que l'Algérie y adhère, a largement contribué à accélérer l'hémorragie de nos réserves de change, quant à la règle des 49/51% en dépit de l'intéressement de la proposition de la mesure de gagnant-gagnant, les IDE sont restés les parents pauvres des investissements directs étrangers. Donc, dans ces conditions, il n'était point étonnant d'enregistrer un ralentissement de la croissance étant donné que l'économie hors hydrocarbures, mise à part le secteur agricole, brille par de nombreuses et répétitives contre-performances. La dépréciation du dinar ou ses successives dévaluations outre l'inflation importée qui a fait des dégâts sur le pouvoir d'achat des ménages algériens aux revenus modestes, comprenant la classe ouvrière, et les salariés de la Fonction publique, n'a pas boosté les exportations des produits algériens, ni même contribué à leur mise à niveau par rapport à la concurrence étrangère. Limiter la consommation des ménages algériens qui sont en réalité le moteur de la croissance par le relèvement des impôts, des taxes directs et indirectes dans le cadre de la fiscalité ordinaire, risquerait de faire imploser le projet d'une économie émergeante basée sur la croissance, comme en atteste le déficit réel du Trésor public dès le mois de juin 2016. A cette date, le déficit réel s'élevait à 1783,7 milliards de dinar, et à la fin de l'année 2016 le trou a gagné certainement en importance, puisque selon les prévisions du ministère des Finances, le déficit du Trésor public pour l'année écoulée serait de 2 452 milliards de dinars. Encore une fois, il a fallu avoir recours au Fonds de régulation des recettes. Ni le crédit à la consommation, ni l'emprunt obligataire, ni les financements bancaires, et non bancaires, ni les amplifications des taxes de la fiscalité ordinaire n'ont en 2016 contribué à améliorer la croissance, ni le BIP. Le ralentissement de la croissance hors hydrocarbures pourrait être effectivement affecté en 2016 et en 2017 avec une importante inflation qui pointe son nez en ce début de 2017 dans le sillage de celles l'ayant précédé. Des secteurs autrefois prospères grâce notamment aux investissements dans la réalisation d'infrastructures publiques risqueraient de pâtir du manque d'investissement. L'Etat continue de maintenir un stade élevé les dépenses publiques au lieu de les ouvrir au capitaux privés, sauf bien entendu en ce qui concerne les infrastructures économiques stratégiques. Si la volonté politique d'axer les réformes économiques vers un réel changement indépendamment de la rente pétrolière existe suite aux orientations du président de la république Abdelaziz Bouteflika, il faudrait impérativement que le secteur privé national participe davantage à toutes les opportunités créatrices de richesses et d'emplois, car on assiste présentement à une thésaurisation en recul des ménages, des banques et du Trésor public.