La demande mondiale d'hydrocarbures risque d'être mitigée entre 2016/2017 du fait des sombres perspectives annoncées par l'Organisation de la coopération et du développement économiques (OCDE) dans son rapport récent de 2016. Le cours du pétrole, avec le gaz représentant l'essentiel des recettes en devises de l'Algérie, avant la réunion informelle de l'Opep à Alger fin septembre 2016, dans la matinée du 22 septembre 2016 le baril est coté 47,10 dollars le Brent et 45,64 dollars le Wit avec une cotation 1,1230 dollar un euro et 109,34500 dinars un dollar et 122, 7944 dinars un euro. Avec un déficit du Trésor durant les six premiers mois de 2016 de 16,23 milliards de dollars, cours du dollar actuel, correspondant à 70% du déficit prévisionnel pour l'année 2016, et un déficit commercial de l'Algérie de 13,997 milliards de dollars contre 11,06 milliards à la même période de 2015, déficit de la balance de paiement plus important car ne comptabilisant ni les transferts des services, ni les transferts légaux de capitaux, l'Algérie va vers d'inévitables tensions budgétaires avec des incidences inflationnistes si le cours du baril de pétrole est inférieur à 60/70 dollars. Et ce malgré la compression des importations et la dévaluation rampante du dinar, le déficit étant de 18 milliards de dollars au cours de 100 dinars un dollar et qui serait de 24 milliards de dollars au cours de 75 dinars un dollar. Ainsi, le Fonds de régulation des recettes devrait s'épuiser fin 2016. Il y a urgence de revoir tant la politique économique que le modèle social et énergétique actuel, devant concilier efficacité économique et justice sociale qui ne saurait signifier égalitarisme. 1.-Le Fonds de régulation des recettes, moyenne annuelle du cours, du marché ( le prix de cession du gaz représentant environ 33% des recettes en devises, étant indexé sur celui du pétrole), et 37 dollars, selon les données du Ministère des Finances, le reliquat après prélèvement du Fonds de régulation des recettes a été de 5633,752 milliards de dinars en 2012, 5563,512 en 2013, 4408,465 milliards de dinars 2014, 2 072,5 milliards de dinars à fin 2015 et la loi de Finances 2016 prévoyait un montant de 1 797 milliards de dinars à fin 2016 au cours de 50 dollars le baril, avec un solde global du Trésor déficitaire de 2.452 mds DA. Mais beaucoup plus si l'on s'en tient aux dernières tendances des six premiers mois de 2016 selon les données du Ministère des Finances en date du 20 septembre 2016 et celles des statistiques douanières en date du 21 septembre 2016. Durant les huit premiers mois de 2016, les exportations ont chuté de 29%, à 17,56 milliards de dollars contre 24,71 milliards durant les huit premiers mois de 2015, les exportations des hydrocarbures, ayant représenté 93,73% du total des exportations avec 16,46 milliards de dollars mais avec les dérivées d'hydrocarbures 97%. Les importations dont certaines sont incompressibles quitte à étouffer tout l'appareil productif et aller vers une inflation à deux chiffres, ont baissé de 11,8% pour s'établir à 31,56 milliards de dollars contre 35,78 milliards par rapport à 2015. De ce fait, le déficit commercial de l'Algérie a atteint 13,997 milliards de dollars contre 11,06 milliards à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 26,5%, selon les chiffres des Douanes publiés le 21 septembre 2016, ne comptabilisant ni les transferts des services, ni les transferts légaux de capitaux ce qui donnerait environ 20 milliards de dollars pour les huit premier mois 2016. Avec des dépenses de fonctionnement de 2 527,76 mds DA et d'équipement de 1 572,52 mds DA à la fin du 1er semestre 2016, avec des recettes en forte baisse, la fiscalité pétrolière recouvrée entre janvier et fin juin 2016, s'étant établie à 883,13 mds DA-contre 1 255 mds sur la même période de 2015- baisse de 30%-, le déficit réel du Trésor s'est établi, durant les six premiers mois de 2016, à près de 1 770 milliards de dinars soit au cours du 22 septembre 2016 de 109 dinars un dollar 16,23 milliards de dollars. A ce rythme le déficit du Trésor dépasserait fin 2016 les 30 milliards de dollars. Car uniquement pour les six premiers mois, ce montant correspond à 70% du déficit prévisionnel pour l'année 2016. Ce déficit semestriel a été financé par le Fonds de régulation des recettes (FRR), avec un prélèvement de 1 333,84 milliards, près de 76% du déficit enregistré. Or, le seuil légal minimum est de 740 milliards de dinars. Selon l'APS citant le Ministère des Finances, le déficit du Trésor à fin juin 2016 a été couvert par des financements bancaires (21 mds DA) et non bancaires (98,4 mds DA) et par l'emprunt obligataire. 2.- Or, comme je l'avais annoncé dans plusieurs contributions au niveau national et international et dans plusieurs interviews télévisés, l'emprunt obligataire, au moment ou certains soi-disant experts parlaient de réussite, a eu un impact mitigé puisqu'il n'a couvert qu'environ 18% du déficit du Trésor et au lieu d'aller vers l'investissement comme cela a été annoncé par l'ex ministre des Finances a contribué à résorber très partiellement le déficit budgétaire. Bien plus, il a contribué à assécher les liquidités bancaires avec des actes spéculatifs, pour bénéficier du taux de 5 à 5,75% au lieu de 2% des banques, ayant donc concerné surtout le capital argent de la sphère réelle alors que l‘objectif était de drainer celui de la sphère informelle qui faute de confiance en la valeur du dinar, craignant un retour à l'inflation qui épongerait la valeur de leur placement, ne s'est pas bousculé aux portes, ce qui pourrait pousser la banque d'Algérie à l'émission monétaire, accentuant le processus inflationniste avec l'accroissement du déficit budgétaire. La loi de Finances 2016 prévoyait un déficit de 2 542 milliards de dinars, ce qui risque d'être plus important avec la baisse des recettes budgétaires qui ont été de de 2 316 milliards de dinars durant le premier semestre de l'année 2016, contre une prévision annuelle de la LF 2016 de 4 747,43 milliards de dinars et des dépenses budgétaires qui se sont établies à 4 100 milliards de dinars durant le premier semestre 2016 contre une prévision annuelle de la loi de finances 2016 de 7 984 milliards de dinars. En réalité, le déficit budgétaire est plus important, le calcul en dinars dévalués tant par rapport à l'euro que du dollar pour estimer le montant du Fonds voile l'importance du déficit budgétaire, biaisant les comptes publics. Le déficit serait de 18 milliards de dollars au cours de 100 dinars un dollar et qui serait de 24 milliards de dollars au cours de 75 dinars un dollar. En dévaluant le dinar par rapport au dollar, nous aurons une augmentation artificielle de la fiscalité des hydrocarbures en dollars, et de la fiscalité ordinaire, plus de 60% des importations étant en euros. Les besoins des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% sont importés, les taxes douanières se calculant sur la partie en dinars, avec une amplification (cascade de taxes en plus des marges de profit) sur les prix des équipements, matières premières et produits finis importés. Cette dévaluation accélère l'inflation intérieure que l'on essaie d'atténuer par les subventions généralisées, source de gaspillage et d'injustice sociale. Du fait de l'importance du déficit budgétaire au rythme de la dépense actuelle, risque de fondre fin 2016. L'inflation étant la résultante, cela renforce la défiance vis-à-vis du dinar où le cours officiel se trouve déconnecté par rapport au cours du marché parallèle se cotant en ce mois septembre 2016 à plus de 180 dinars un euro. Ce dérapage du dinar tant sur le marché officiel que sur le marché parallèle ( qui sera encore déprécié avec la décision d'importer des voitures de moins de trois ans) accélère le processus inflationniste. Ainsi selon l'Office national des statistiques (ONS) nous avons une hausse des prix à la consommation de 8,1% sur la période allant d'août 2015 à juillet 2016, soit près du double de ce que prévoyait le gouvernement pour 2016. Avec une détérioration du pouvoir d'achat du dinar approchant le taux de 2012 qui faisait suite aux augmentations salariales dans la Fonction publique qui avaient ont entraîné une hausse des prix de 8,9%. Si ce taux persiste, il sera impossible aux banques de continuer à donner des taux d'intérêts bonifiés, quitte à aller vers la faillite, le taux d'intérêt dans toute économie étant supérieur au taux d'inflation avec des incidences sur l'investissement. 3.-Qu'en est-il de l'évolution des réserves de change qui tiennent la cotation du dinar 70% avec la polémique récente entre la banque mondiale qui prévoit 60 milliards de dollars courant 2018 et la banque d'Algérie car avec des réserves de 10/20 milliards de dollars le dinar se coterait à 200 dinars un euro, l'appareil productif s'il est relancé en 2016 ne devant pas être concurrentiel avant 2020 ? Car si l'on suit les mêmes tendances que les huit premiers mois 2016, importation de biens (48 milliards de dollars) plus servies (10 milliards de dollars ) qui se sont établies entre 10/11 milliards de dollars/an entre 200/2015 et les transferts légaux de capitaux(4/5 milliards de dollars) les sorties de devises fin 2016 pourraient s'établir à plus de 60 milliards de dollars.