Des académiciens et spécialistes du théâtre arabe ont estimé, mercredi à Oran que le chahid du théâtre algérien Azzeddine Medjoubi, représente une école d'art théâtral en Algérie. Lors d'une conférence en hommage à ce dramaturge qui se tient dans la capitale de l'ouest du pays, la critique de théâtre, l'Algérienne Djamila Mustapha Zeggai a considère Medjoubi (1945-1995) comme une école d'art théâtral en Algérie, affirmant que ses rôles dans les pièces «Hafila Tassir», «Chouahada Yaaoudoune hada El ousboua (les martyrs reviennent cette semaine) et «El Aita», entre autres, reflètent sa capacité extraordinaire à camper différents personnages sur scène. Ce dramaturge introduit une touche humanitaire dans l'interprétation des rôles à travers sa capacité vocale éclairant le spectateur et véhiculant des messages de sensibilisation décrivant la réalité, défendant l'Algérie profonde et défiant l'obscurantisme lors de la décennie noire, a ajouté la chercheuse. La conférencière, qui a présenté une communication «quelle rupture cognitive a conduit à son assassinat», a conclu que les hommes de théâtre doivent reconnaître que toutes ses œuvres n'ont pas eu droit à l'étude, à l'analyse et à la critique, tout en préconisant une relecture de ses pièces. L'universitaire soudanais, Youssef Aidabi a estimé, pour sa part, que l'interprétation sur scène de Azzeddine Medjoubi est phénoménale et à étudier et que ses œuvres dramatiques entrent dans la case du théâtre rénovateur nécessitant préservation et développement de sa méthode d'interprétation et d'articulation vocales et mimique qui s'introduisent au fin fond du récepteur. Des compagnons du regretté dramaturge, dont le metteur en scène Omar Fatmouche, le scénographe Djamel Zaaboubi, le comédien Bouzid Chaib ont été unanimes, dans leurs témoignages vivants, que Azzeddine Medjoubi fut un nationaliste, un artiste engagé, un porteur de projet de connaissance avec des capacités extraordinaires d'interprétation et de gestuelle, reconnaissant qu'il n'a jamais été un metteur en scène autoritaire.L'assistance dont la veuve Medjoubi, la comédienne Amina a eu droit, lors de cette conférence, à des séquences de ses oeuvres et à la projection d'un film sur l'expérience théâtrale de Medjoubi et ses pièces célèbres. Cette conférence entre dans le cadre du programme spécial du congrès «Passage vers l'avenir, entre leadership et rupture», qui comporte aussi une conférence en hommage au chahid Abdelkader Alloula à Mostaganem et un débat sur le texte théâtral arabe et autres activités. Plaidoyer pour un site électronique dédié à Azzeddine Medjoubi La veuve de Azzeddine Medjoubi a appelé lors d'une conférence en hommage à ce dramaturge, mercredi à Oran, les spécialistes du 4ème art en Algérie à créer un site électronique spécial pour cette personnalité. «Mon vœu est de voir un site électronique consacré à ce dramaturge pour faire connaître ses oeuvres», a déclaré à l'APS la comédienne Amina Medjoubi en marge de cette rencontre organisée au titre de la 9ème édition du Festival du théâtre arabe, appelant tous ceux qui ont une expérience dans le domaine théâtral (universitaires, chercheurs et spécialistes) à l'aider à concrétiser ce vœu. La veuve de Azzeddine Medjoubi s'est déclarée prête à mettre son archive et ses œuvres à la disposition des chercheurs et des universitaires pour les étudier, voire même les pièces non jouées sur scène et qui peuvent être reproduites par des jeunes, soulignant que Azzeddine Medjoubi «avait un attachement pour les jeunes dramaturges et prêtait main forte aux amateurs du 4ème art». Mme Medjoubi a salué également le ministère de la Culture, l'Instance du théâtre arabe, l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) et tous ceux qui ont contribué à dédier cette 9ème édition du Festival au chahid du théâtre algérien. La comédienne a estimé, en outre, que cette conférence enrichit les oeuvres de son défunt époux avec des témoignages vivants de critiques, dramaturges et compagnons pour faire connaître cette personnalité chère au public algérien.