Il était tout à fait clair que l'humiliation subie par la sélection algérienne de football allait provoquer le départ du Belge Georges Leekens qui n'a pas su tirer les Verts vers le haut. En trois rencontres, l'équipe nationale n'a récolté que deux points (une défaite face à la Tunisie et deux nuls face au Zimbabwe et le Sénégal). Cependant, le sélectionneur ne voulait, en aucun cas, retourner chez lui, et espérer, tant bien que mal, poursuivre sa mission si l'on se fie à ses déclarations lors de la conférence de presse d'après-match : «Dans l'ensemble, je suis satisfait du rendement de mes joueurs. Ils ont bien réagi, en se créant un grand nombre d'occasions. Ce qui, à mon avis, est de bon augure pour l'avenir. L'arbitre m'a un peu déçu vers la fin, car il aurait dû décompter cinq minutes de temps additionnel au lieu de quatre. Il nous reste une chance de décrocher une qualification au Mondial-2018 et j'espère qu'on va y arriver. En tout cas, mais joueurs ont prouvé contre le Sénégal qu'ils étaient capables de bien réagir et cela me pousse à croire qu'ils continueront à se battre jusqu'au bout». Que s'est-il passé entre-temps ? Il est clair que cette déclaration a irrité le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua, lui-même dans une situation inconfortable. Il a donc exigé qu'il annonce son départ à partir du Gabon pour absorber cette pression grandissante et ainsi tenter de détourner l'attention sur le Belge. D'ailleurs, la première déclaration sur cette démission est venue de la part de Walid Sadi, le directeur des équipes nationales, qui avait annoncé à l'envoyé spécial de l'APS au Gabon, la démission de Leekens, quelques heures après le nul contre le Sénégal. A-t-on alors mis le Belge devant le fait accompli ? Possible. Du coup, c'est tout le staff qui quitte les Verts par la petite porte. Bougherra, Mansouri, Neghiz sont remerciés. Plus tard, un communiqué de la FAF, vient confirmer cette information. «Au lendemain de l'élimination prématurée de l'équipe nationale dès le premier tour de la CAN-2017, George Leekens, a démissionné de son poste de sélectionneur national. Dans quelques instants, Leekens fera une déclaration au site officiel de la Fédération algérienne de football». Toujours en matinée, c'est, cette fois-ci, le désormais ex-sélectionneur qui réagira en déclarant aux envoyés spéciaux algériens qu'«il démissionne pour éviter davantage de pression sur Raouraoua» avant d'ajouter «dommage, j'aurais souhaité que l'on se montre plus patients avec nous afin de reconstruire cette équipe nationale sur de bonnes bases. C'était un plaisir de travailler pour l'Algérie. Je suis persuadé que j'avais les possibilités pour réussir dans ma mission, mais le temps m'a joué un mauvais tour». «Je demande à tout le monde de faire confiance à cette équipe. Je remercie aussi tout le monde pour l'accueil qui m'a été réservé depuis mon retour en Algérie. Je resterai toujours un fervent supporter des Verts», conclut l'entraîneur. Les limites d'une politique basée sur «l'importation» des joueurs Ce fiasco ne doit en aucun cas caché les véritables raisons qui ont amené les Verts à la débâcle. En fait, c'est du côté de la FAF qu'il faut voir. Si le président a donné une organisation maîtrisée à la sélection A en la mettant dans les meilleures conditions, avec un centre de préparation d'un haut niveau, il faut dire que cela s'est fait au détriment du développement du football algérien. Cette politique est d'abord celle d'une fédération, en principe. Du coup, Raouraoua n'a eu d'œil que pour son «équipe». Le reste des sélections, catégories jeunes, en l'occurrence n'avait plus d'importance. Le championnat local aussi. Que dire alors des centres de formation... par où d'ailleurs passe le salut du football algérien. Car il faut l'avouer, il y a pénurie de joueur de qualité en Algérie, il fallait en importer, mais de qualité, ce qui n'est pas forcément le cas souvent. Un joueur qui évolue en deuxième division d'un championnat quelconque peut-il ramener un plus aux Verts ? Une série de sélectionneurs pour rien ? Si Mohamed Raouraoua a basé ses efforts sur l'équipe A, il n'en demeure pas moins qu'il n'a pas eu les résultats escomptés ces dernières années. Après la magnifique aventure des Verts au Mondial brésilien, la vitrine du football algérien qu'était censée être la sélection, a volé en éclat. Vahid Halilhodzic, devenu encombrant et n'acceptant pas les «ordres», préfère «partir». Il est remplacé par le Français Christian Gourcuff, lui-même imposé par les Français. Ce dernier qui était présent au Brésil pour suivre les Verts alors que coach Vahid était toujours en poste, ne supporte plus la pression des supporters et des médias. Il rentre chez lui après avoir, aussi, été déçu par le rythme du travail, lui qui espérait faire un travail complet en Algérie, un travail à plein temps, et non se contenter de quelques regroupement avec les joueurs de la sélection A lorsque le calendrier le permettait. Puis arrive le fameux épisode du Serbe Milovan Rajevac qui sitôt arrivé en juin 2016, repart au mois d'octobre après le faux-pas face au Cameroun, mais surtout suite à une grande pression des cadres des Verts. Raouraoua ne pouvait que céder aux «vœux» de ses chouchous. Aujourd'hui, tout est remis en cause, la sélection algérienne connait sa 7e élimination au 1er tour. Pourtant, l'objectif était de voir les Verts en demi-finale, pour ne pas dire finalistes. Alors lorsque l'objectif n'est pas atteint, plusieurs fois d'ailleurs, la logique veut que l'on assume ses responsabilités, à savoir partir. Aujourd'hui, il faut aller vers des réformes. Revoir le fonctionnement du football algérien est une nécessité. Remettre en marche les centres de formations pour pourvoir produire ce joueur qui manque tant à la sélection. Une priorité, à moins que les pouvoirs publics ne l'entendent pas de cette oreille...