Le regain de violences faisant plusieurs morts au Yémen au cours des derniers jours, a suscité l'émoi et l'inquiétude du chef de l'ONU, qui a lancé un appel à la «résurrection» du processus de paix, en vue de mettre fin à la souffrance des civils, et trouver une solution à ce conflit oublié. Dans la nuit de mercredi à jeudi, huit femmes et un enfant ont été tués dans un raid aérien qui a visé une cérémonie de deuil près de la capitale yéménite Sanaa, ont indiqué des sources médicales. Cette nouvelle perte vient s'ajouter au bilan des pertes civiles du conflit au Yémen au cours de cette semaine, durant laquelle trois personnes, dont un enfant, ont été tués dans un attentat suicide à la voiture piégée dans une ville tenue par les rebelles Houthis dans le centre du Yémen. Plus tôt dans la semaine, vingt rebelles et soldats pro-gouvernement ont également été tués dans des combats dans l'ouest du pays, ont indiqué lundi des sources militaire et médicale. Théâtre d'une guerre qui oppose les forces pro-gouvernementales aux rebelles Houthis, le Yémen a été un terrain propice aux différents groupes terroristes Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA) et l'organisation auto-proclamée «Etat islamique» (EI/Daech), qui ont profité du chaos pour activer et se renforcer notamment dans le sud et le sud-est du Yémen. Cette situation met en difficulté toutes tentatives de médiations onusiennes. Les protagonistes ont rejeté tous les plans de paix proposés par l'ONU. Dans la mouture du dernier plan de paix soumis à l'approbation des parties en conflit, le représentant de l'ONU au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed avait prévu «un partage de pouvoir», une option critiquée par le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi. Après les échecs répétitifs des médiations de l'ONU à relancer les négociations de paix «mortes» entre les différentes parties, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a appelé lors de sa tournée au Proche-orient à la «résurrection» du processus de paix. Imprégné du conflit yéménite lorsqu'il était Haut-commissaire pour les réfugiés, M. Guterres est déterminé à mettre fin aux souffrances du peuple yéménite, ajoutant que les voir souffrir ainsi lui «brisait le cœur», appelant à l'instauration d'une trêve afin de permettre la distribution d'aides humanitaires à la population. Les Yéménites au bord de la famine Depuis l'intervention de la coalition arabe sous commandement saoudien en mars 2015 pour «aider le pouvoir à stopper la progression rebelle», plus de 7 400 personnes ont été tuées et plus de 40 000 blessées, alors qu'une grave crise humanitaire perdure. Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, a prévenu le mois dernier que les Yéménites risquaient la famine «sans action immédiate». Plusieurs ONG ont tiré la sonnette d'alarme quant à l'escalade de violences et la dégradation de la situation humanitaire. Le Human Rights Watch (HRW) ainsi que Médecins sans frontières (MSF) ont appelé la coalition arabe et les rebelles à «mieux protéger les enfants (des retombées) des combats» et faciliter l'accès de la population à l'aide humanitaire. Le directeur médical adjoint de MSF, Tammam Aloudat, a souligné que de nombreux Yéménites souffraient de la faim, de maladies, de la hausse des prix, de la pénurie des services et produits de première nécessité, comme l'électricité, et n'avaient pas accès à l'eau potable. «Nous appelons les organisations d'aide internationales et les gouvernements donateurs à œuvrer avec MSF pour assurer que l'aide est bien distribuée à toutes les personnes dans le besoin et pour augmenter la réponse humanitaire là où cela est nécessaire», a dit le responsable de MSF, Djoen Besselink. Il a rappelé que des services médicaux avaient été «directement touchés par les violences». «Quatre structures de MSF ont été touchées par les raids aériens», a-t-il dit notamment. «Les parties en conflit doivent aider les organisations d'aide à atteindre les personnes les plus nécessiteuses. Les fournitures médicales doivent pouvoir entrer dans le pays et être transportées à ceux qui en ont le plus besoin», a-t-il ajouté, appelant en outre à l'ouverture des ports et aéroports notamment aux personnels étrangers. Un blocus maritime et aérien a été mis en place par la coalition arabe sur les territoires occupés par les Houthis.