L'Algérie est un pays de tradition arabo-musulmane où le thème de la consommation de drogues reste encore un sujet tabou. Cependant, nul n'ignore que le cannabis est cultivé dans certaines régions du pays, et ce, malgré le projet actuel d'un programme de substitution de la culture de cannabis par d'autres cultures qui soient aussi rentables. Pour l'instant, cette substance reste encore d'accès facile compte tenu de sa disponibi-lité et de son prix peu élevé. Par ailleurs, l'alcool est un produit librement vendu et consommé bien que sa consommation soit interdite pour les Algériens musulmans. En fait, il semble exister un véritable paradoxe dans l'attitude générale face aux substances dites toxiques. La consommation existe mais on n'en parle pas. Pour la femme arabo-musulmane, de par son statut particulier dans ce type de société, ce thème est encore plus difficile à aborder. Nous avons tenté dans ce travail d'approcher cette problématique de plus près. Par rapport à la question de la population cible, notre choix s'est porté sur la population estudiantine. L'étudiant se caractérise, de façon générale, par son esprit d'ouverture, sa curiosité, sa coopération dans les travaux journalistiques. Par ailleurs, les cités universitaires dans lesquelles nous avons réalisé notre enquête sont fréquentées par des étudiants jeunes, du premier cycle universitaire, venant des diverses régions du pays. Les objectifs de ce travail consistent à comparer le comportement des jeunes étudiantes algériens face aux drogues avec celui des étudiants masculins et, dans un second temps, de décrire les modalités de consommation des drogues au sein de la population estudiantine féminine. Il s'agit d'estimer le taux d'abus et de dépendance aux drogues au sein de cette dernière population et enfin de dégager les éventuels facteurs de risque. Le lieu de résidence des étudiantes a également été analysé. Il ressort que les étudiantes habitant en cité universitaire consomment plus de substances toxiques que celles qui résident à l'extérieur du campus, en l'occurrence au sein de leur famille. La différence est statistiquement significative. Elle l'est également concernant les sous-groupes d'étudiantes présentant aussi bien les troubles d'abus que de dépendance. Par contre, on ne retrouve pas de différence statistiquement significative lorsque l'on compare les étudiantes qui résident en cité universitaire mixte et celles en cité exclusivement féminine. Par contre, parmi les étudiants masculins, il n'a pas été retrouvé de différence statistiquement significative selon le lieu de résidence, campus universitaire ou domicile familial.