Un constat alarmant sur la prévalence de la toxicomanie dans le milieu estudiantin à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a été révélé, jeudi dernier, par une équipe de médecins résidents en épidémiologie et en psychiatrie. Il a été établi que 9% de la communauté estudiantine consomme de la drogue, après une enquête menée en 2015 dans cette enceinte universitaire qui compte quelque 55 000 étudiants pour l'année courante. Alors que la moyenne mondiale est 3 à 5 % tandis qu'à l'échelle nationale, une enquête effectuée dans 10 wilayas en 2010 avait révélé que le taux de prévalence de consommation de drogue dans le milieu estudiantin était de 37,7%. L'étude en question a été présentée à l'occasion d'une rencontre de psychiatrie sous le thème: «conduites addictives : psychopathologie et perspectives de prise en charge» organisée à l'établissement Hospitalier Spécialisé en psychiatrie Fernane El-Hanafi de Oued Aissi (Tizi Ouzou). L'analyse des résultats de cette enquête a permis de relever que par sexe, les garçons sont plus nombreux à toucher à la drogue sous toutes ses formes avec un taux de 73.3% contre 6.7% chez les filles. Le facteur incitatif vers ce fléau chez cette frange de la société reste la motivation personnelle avec 49% tandis que « l'influence du groupe est de 15% pour le sexe masculin et 09% pour le sexe féminin ». Autre indication fournie par les auteurs de cette étude, c'est la nature de drogues auxquelles recourent nos étudiants. A ce propos, l'étude a permis d'établir que 7.4% des étudiants toxicomanes consomment du cannabis dont 91.4 % chez les garçons et 8.6 % chez les filles. Se droguer en prenant de la cocaïne, 1.8% d'étudiants ont eu recours à cette drogue dont 88.9% de sexe masculin et 11.1% de sexe féminin. Les étudiants toxicomanes consomment également des psychotropes dont 1.4% prennent du Nozinan et Larrgatctil, 1% de l'opium et 0,6% de l'héroïne. Même les tranquillisants n'échappent pas aux étudiants concernés par cette étude puisque 3.9 % consomment du Valium, du Tranxen et du Rivotril, dont 16,6% au moins durant 1 à 5 jours dans le mois précédant l'enquête. Les étudiants toxicomanes, dont la tranche d'âge frappée le plus par ce fléau est celle de 19 à 24 ans, recourent pour se droguer à des substances volatiles (colles, gaz butane) dont la prévalence est de 3.5 %. L'étude ne s'est pas limitée à la prévalence de la consommation de la drogue dans le milieu estudiantin puisqu'elle a été étendue à la consommation du tabac et de l'alcool. Il ressort ainsi que parmi les 19,8% de l'échantillon de 1 172 étudiants ciblés par cette enquête consomment de l'alcool avec 45% chez les garçons et 4,2% chez les filles. Tandis que la prévalence de consommation de tabac est de 26.1% avec 83,1% chez les garçons et 16,4% chez les filles. En conclusion de leur enquête, ses auteurs ont relevé que certains étudiants leur ont confié que « le prix élevé de la cocaïne et sa disponibilité sur le marché local constituent un obstacle à sa consommation. »