La directrice de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, Nabila Goumeziane, a estimé, hier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri que la langue maternelle des Algériens est «porteuse d'un patrimoine culturel riche et diversifié». La langue maternelle, a-t-elle indiqué, véhicule des valeurs sociales prégnantes, héritée depuis des millénaires pour constituer ainsi, a-t-elle fait observer, notre personnalité, aujourd'hui. Elle s'exprimait à l'ouverture d'une journée-souvenir consacrée au poète Si Muhend u Lhusin Sahnouni, auteur du recueil, réédité, «Ameslay inna baba, «Le propos tenu par mon père», poèmes, fables et maximes, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle sous le thème «La langue maternelle, source et vecteur du patrimoine culturel algérien» en hommage à cet auteur. Tamazight, basée essentiellement sur l'oralité, a pu traverser, à travers son histoire, différentes épreuves tumultueuses, mais par sa richesse et l'attachement de ses locuteurs, a encore fait observer Mme Goumeziane, s'est préservée et s'est transmise jusqu'à nous. «Les langues constituent les instruments les plus puissants pour préserver et développer notre patrimoine matériel et immatériel », a-t-elle dit. Tout ce qui est fait pour promouvoir la diffusion des langues maternelles, a encore estimé la directrice de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, sert, non seulement, à encourager la diversité linguistique et l'éducation multilingue mais aussi à sensibiliser davantage aux traditions linguistiques et culturelles du monde entier et à inspirer une solidarité fondée sur la compréhension, la tolérance et le dialogue. En Algérie, a poursuivi Mme Goumeziane, la situation linguistique peut être qualifiée de variée et complexe, relevant que différentes langues cohabitent et coexistent depuis plusieurs siècles. «Une grande diversité linguistique est en présence », a-t-elle rappelé encore citant l'arabe dialectal parlé par la majorité des Algériens, et la langue amazighe qui est composée de plusieurs langues différentes ou dialectes dans le pays. Parmi lesquelles (langues, ndlr), le kabyle (taqbaylit) qui est parlé principalement en Kabylie (région du centre-est de l'Algérie), le chaoui (tachawit), du groupe zénète, des habitants des Aurès et ses régions attenantes, le tasahlite, présent dans certaines communes de Béjaïa, Jijel et Sétif, qui se différencie nettement du kabyle de la Grande Kabylie (kabyle des Igawawen), et formant un continuum linguistique entre le kabyle et le chaoui. Mme Goumeziane a également fait cas du Tagargrent, parlé dans la région de Ouargla et de N'Goussa ainsi que Touggourt et sa région de Oued Righ et le mozabite (Tumzabt), une langue vernaculaire dans la vallée du Mzab (au sud de l'Atlas saharien) ainsi que de la variante algérienne et libyenne du touareg (tamachaq, appelé localement tahaggart dans le Hoggar), parlée dans l'extrême sud du pays, en particulier dans le massif du Hoggar et le Tassili n'Ajjer. Elle a, aussi, fait cas des parlés de l'ouest algérien (Chelha), au mont Asfour, et, Beni Snous (tasusnit) dans la wilaya de Tlemcen, à Boussemghoun et Assla, dans la wilaya d'El-Bayadh, le chenoui (tachenwit), à Tipaza et le littoral de la wilaya de Chlef, ainsi qu'un tamazight relictuel, parlé dans certains villages de la région de l'Ouarsenis, se rattachant au tamazight de l'Atlas blidéen, le Tachelhit de l'Atlas blidéen, région à l'ouest d'Alger et, enfin, les différentes variétés de Zénète (taznatit) parlées dans le Touat, le Gourara, ainsi qu'à Tidikelt. « Jusqu'au la premier tiers du 20ème siècle, des îlots amazighophones ont continué d'exister à travers toute l'Algérie ; dans l'Oranie (Mascara, Mostaganem), dans le Chélif (Chlef, Khemis Miliana), dans la plaine de Annaba (Chétaïbi), celle de Sétif (El Eulma) ou encore la Mitidja (El-Affroun, Bourkika, Hadjout, Beni Merad)».