Ces variantes de tamazight sont citées par l'Unesco dans son Atlas des langues en danger de disparition. La wilaya de Tizi Ouzou fête enfin la Journée mondiale des langues maternelles avec le grand espoir de donner un nouveau souffle à la langue amazighe qui vient d'être officialisée. Un espoir qui naît en retenant son souffle de crainte pour les treize variantes de cette langue citée par l'Unesco dans son Atlas des langues en danger de disparition. L'espoir est donc permis de voir cette journée célébrée à Tizi Ouzou, mais les dialectes en voie de disparition ne sont pas parlés en Kabylie. Le danger est ailleurs. C'est l'Algérie qui est en train de regarder, les bras croisés, mourir ce pan important de sa personnalité. Des bras qui ne resteront, vraisemblablement, pas croisés au vu de l'intérêt porté pour cette langue désormais officielle. L'occasion de la célébration de cette journée revient chaque 21 février 1999 coïncidant avec la mort des étudiants Bengalis qui manifestaient à Dacca, capitale du Bengladesh pour l'officialisation de leur langue maternelle. Cette année donc, la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou célèbre cette date fortement symbolique pour la langue amazighe. Un riche programme a été concocté pour la circonstance. Il aura lieu au niveau de la Maison de la culture Mouloud Mammeri. Des conférences sont attendues sur des thématiques relatives essentiellement à la langue amazighe. Toutefois, dans ce programme qui réunira des chercheurs, ne figure nullement la problématique des variantes de tamazight que l'Unesco, cite justement dans son Atlas des langues en voie d'extinction. Cette organisation mondiale dénombre hélas treize variantes de tamazight menacées de disparition. Ainsi, ce matin, 21 février, l'ouverture des célébrations sera ponctuée par une prise de parole de la directrice de la culture Mme Nabila Goumeziene qui sera directement suivie par des conférences et une exposition permanente. Hassane Halouane, enseignant à l'université Mouloud Mammeri, dans sa communication, se penchera sur la thématique de la préservation du patrimoine immatériel avant de céder le micro à Saïd Chemakh qui abordera les perspectives de développement de cette langue maternelle. Pour sa part, le chercheur et écrivain Brahim Bentaleb présentera une conférence sur le triptyque amazigh qui est fait de poèmes, de fables et de maximes. Il sera question de Si Lhocine Sahnouni poète dont la journée est dédiée aussi. Il est l'auteur d'une riche oeuvre en tamazight dont le recueil Amslay inna vava. Un riche programme artistique sera donc au menu aujourd'hui. Paradoxalement, une fiche de lecture accompagnant le programme de la direction de la culture cite toutes les variantes amazighes comme richesse de cette langue, mais ne dit pas que ce sont justement ces langues que l'Unesco qualifie de dialectes en voix d'extinction. Elles sont au total, treize. Le corendjé, parlé essentiellement dans la région de Tabalbala, le tamazight aux alentours d'Arzew, le tagragrant de Touggourt et Ouargla, le chenoui à Tipasa, Cherchell et Ténès ainsi que Tagouraït, le zenète de l'Ouarsenis et Tissemsilt, le chleuh de l'Atlas blidéen jusqu'à Médéa, le senoussi de Tlemcen et le chelha de Beni Bousaïd. La situation n'est guère meilleure du côté du désert avec la menace qui pèse sur le tamachek des Touareg et le tidikelt de In Salah. Enfin, malgré la menace, l'espoir est désormais très grand que toutes ses variantes reprennent vie. La langue amazighe est désormais langue officielle avec tout ce que ce mot veut dire en matière de moyens. Le travail, à l'avenir, sera de redonner vie à ces variantes par des travaux sur le terrain. Leur insertion dans les médias est indispensable surtout avec l'avantage des radios locales et les nouvelles technologies de l'information. Le plus grand travail consistera surtout à sortir les locuteurs de l'auto-aliénation acquise depuis la colonisation française.