Au cours de la la réunion de la 20e tripartite qui a eu lieu à Annaba, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait souligné les «principaux indicateurs de l'économie nationale», qui, après la mise en œuvre du nouveau modèle pour la croissance, «il faudrait passer à l'exploration des voies nouvelles et innovantes pour soutenir et promouvoir la production nationale... ». Le même jour à quelques kilomètres de là, le député Smaïn Kouadria lançait un pavé dans la mare. Il dénonçait en des termes plus que virulents les manipulations de l'administration centrale d'Algérie Télécom avec pour objectif d'évincer l'Entreprise publique «Cycma» de Guelma de l'attribution d'un marché que celle-ci avait acquis pour en faire bénéficier une entreprise privée. En plus clair, ce membre de l'APN dénonce une affaire de détournement indirect de plusieurs millions de DA dans la filière algérienne de gestion des cycles et motocycles. Et pour mieux préciser ses propos, il a fait état du montant du marché portant fourniture à Algérie Télécom de 200 motos et 300 vélos. Les documents que Smaïn Kouadria affirme détenir précise que l'offre proposée à l'ouverture des plis par Cycma est de 200.100.00 DA contre un prix plus élevé de 278.188.00 DA proposé par l'entreprise privée concurrente. Rendu public, ce dossier fumant est en train d'éclabousser plusieurs cadres gestionnaires Algérie Télécom que nous avons vainement tenté de contacter. C'est que sa révélation publique intervient le jour même où par la voix de son Premier ministre, l'Etat parle de promouvoir la production nationale. Or, s'il se matérialise à un montant plus élevé au profit d'un fournisseur autre que Cycma et qui s'avère être un importateur de cycles et motocycles de marque étrangère, l'on voit mal cette promotion du produit national. Et pour cause, la démarche entreprise par Algérie Télécom indique tout le contraire. C'est ce que met en relief le député lorsqu'il souligne : « ...la réalité révèle des manœuvres dangereuses et des réticences dans le but inavoué d'écarter Cycma. En principe, celle-ci a acquis le marché, ce qui nous pousse à tirer la sonnette d'alarme pour dresser un rempart contre ses manœuvres douteuses et dangereuses dont les racines sont à Algérie Télécom. Cette dernière utiliserait tous les subterfuges pour détourner le marché au profit d'un privé ». Qui est derrière cet autre scandale qui porte véritablement atteinte à la crédibilité de l'Etat ? L'alerte est donnée pour une prise en charge rapide de ce dossier. Tout concorde à dire que de gros bonnets insoupçonnés sont impliqués. à des niveaux divers. Et lorsque Smaïn Kouadria ponctue son appel à l'intervention du Premier ministre par : « Ces manœuvres sont totalement contraires à la politique de l'Etat qui tend à soutenir et a protéger le secteur industriel national ainsi qu'à donner la priorité au produit national, à préserver les postes d'emploi et à réduire la facture de l'importation », de quel autre argument peuvent se prévaloir ceux qui préfèrent privilégier les importations synonymes de comptes en banques anonymes à l'étranger ? Les travailleurs de Cycma se disent mobilisés pour développer leur outil de production. D'autant que l'Etat a prévu des d'investissements tendant à améliorer les produits actuels et à créer d'autres en introduisant une technologie moderne dans le cadre du partenariat avec un investisseur étranger. Ce qui semble avoir incité le ministère de l'Industrie et des Mines à réagir. Selon le même député, il aurait rassuré les travailleurs quant à attribuer le marché d'Algérie Télécom à leur entreprise. Ce qui n'a pas empêché Kouadria Smaïn, riche de son expérience d'ancien syndicaliste au «Complexe Sider d'El Hadjar», d'exprimer sa condamnation de ce qu'il estime être : «des pratiques douteuses utilisées pour exclure des entreprises publiques par des voies détournées et des méthodes illégales pour attribuer les marchés par le népotisme et le clientélisme. Ce qui menace le sort de centaines de travailleurs et leurs familles dans leurs postes de travail et leur gagne-pain dans la wilaya de Guelma». Que faut-il de plus pour imposer aux citoyens de douter des engagements exprimés par le Premier Ministre Abdelmalek Sellal lors de la tripartite de réduire les importations et de soutenir l'investissement productif. S'agit-il d'un double langage.