L'Europe veut utiliser la promesse d'investissements comme un levier de pression pour un accord de paix. Bien que la guerre en Syrie ne soit pas terminée, la communauté internationale se prépare, à petits pas, à cette échéance. Pour la première fois depuis le début du conflit, il y a six ans, la reconstruction de ce pays figure au programme d'une conférence multilatérale de niveau ministériel. Organisée les 4 et 5 avril à Bruxelles, sous la présidence conjointe de l'Union européenne (UE) et des Nations unies, en présence des vingt-huit Etats membres de l'UE et des principaux pays impliqués dans la crise, comme les Etats-Unis, la Russie et les voisins de la Syrie, cette réunion poursuit deux objectifs : d'une part, soutenir le laborieux processus de négociations intersyrien en cours à Genève ; et, d'autre part, « évaluer les conditions régionales dans lesquelles une aide pourrait être fournie après la fin du conflit ». Les vingt-huit sont prêts à financer une partie du chantier, évalué entre 200 et 300 milliards d'euros, sans signer de chèque en blanc à Damas. Ces mots très prudents de Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, illustrent le chemin étroit sur lequel s'engagent les Vingt-Huit : signaler leur disposition à financer une partie du titanesque chantier de la reconstruction, évalué entre 200 et 300 milliards d'euros, sans signer de chèque en blanc aux autorités syriennes. « Pas un euro pour la reconstruction de la Syrie sans transition politique », résume, de façon plus abrupte, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Principal soutien parmi les Occidentaux de l'opposition syrienne, la France a, parmi les Vingt-Huit, la position la plus tranchée pour rappeler que l'UE peut et doit utiliser cette promesse d'investissements comme un levier de pression sur le régime Assad. Certes, certains Etats membres, à commencer par la République tchèque, sont nettement plus conciliants vis-à-vis de Damas.