Depuis la conclusion de cet Accord, la position commerciale de l'UE n'a eu de cesse de se renforcer au détriment de l'économie nationale. La démarche d'évaluation réclamée par l'Algérie «ne vise nullement à remettre en cause l'Accord d'association, mais à l'utiliser pleinement». Le processus de révision de l'Accord d'association sera lancé dans les semaines à venir», a déclaré, jeudi, la Haute Représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, au cours d'une conférence de presse conjointe avec le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, tenue à l'issue des entretiens entre les deux parties. L'Algérie a déjà saisi la Haute Représentante de l'UE pour demander officiellement l'ouverture de discussions sur une évaluation conjointe objective de l'Accord d'association, signé en 2002 et mis en œuvre en septembre 2005. «Il est temps d'évaluer cet Accord pour mieux l'adapter au contexte nouveau dans lequel évoluent les relations bilatérales et aux attentes des deux parties», a affirmé, de son côté, Ramtane Lamamra. La démarche d'évaluation réclamée par l'Algérie «ne vise nullement à remettre en cause l'Accord d'association, mais au contraire à l'utiliser pleinement dans le sens d'une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération», a confié une source proche du dossier à l'APS. Dix ans après l'entrée en vigueur de ce nouveau cadre de coopération qui a instauré un dialogue ouvert et une collaboration globale incluant les dimensions politiques, sécuritaires, économiques, commerciales, financières, culturelles et humaines, l'Accord d'association n'a pas pour autant permis d'atteindre les résultats escomptés par la partie algérienne. Depuis la conclusion de cet Accord, la position commerciale de l'UE n'a eu de cesse de se renforcer au détriment de l'économie nationale. En 2010, cette situation a amené le gouvernement algérien à procéder au gel unilatéral des concessions tarifaires accordées à l'UE en vertu de l'Accord d'association. Après huit rounds de laborieuses négociations, un compromis sur le report de la zone de libre-échange, prévue en 2017, à 2020 a été trouvé. Cependant, la tendance à l'accroissement du déficit commercial hors hydrocarbures s'est poursuivie, en témoignent les chiffres des sept premiers mois de 2015. Sur 30,560 milliards de dollars d'importations globales de l'Algérie, 15,67 milliards proviennent de l'UE, soit 50,62%, selon les Douanes algériennes. En même temps, un faible afflux d'investisseurs de l'UE vers l'Algérie a été constaté. Selon les données de l'ANDI, seuls 316 projets d'une valeur de 7,7 milliards d'euros ont été réalisés par des investisseurs européens de 2002 à 2014. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, estime que «cette visite va nous encourager à densifier la coopération entre l'Algérie et l'UE et réaliser des objectifs encore plus ambitieux». «Nous avons des relations qui se portent bien avec la volonté de les développer et de les renforcer davantage», a-t-il ajouté, soulignant que «les résultats en matière de coopération politique sont appréciables». Dans le même sillage, le chef de la diplomatie algérienne a relevé que l'Algérie et l'UE «ont des réalités qu'il faut prendre en charge en matière de partenariat économique». Federica Mogherini, a eu également un entretien avec le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. A l'issue de cette rencontre, Mme Mogherini a qualifié sa visite en Algérie de «très positive» et «très utile». «Nous avons eu (avec le président Abdelaziz Bouteflika) un bon échange de points de vue et je pense que c'est une bonne manière de conclure une visite que je considère très positive et très utile pour relancer le partenariat entre les deux parties dans différents domaines», a déclaré Federica Mogherini, qui a indiqué également avoir évoqué avec le chef de l'Etat la situation régionale et internationale et les projets communs «que les deux parties peuvent développer pour soutenir les efforts de solution politique des crises, notamment en Libye, en Syrie et au Yémen». D'autres questions liées au travail que peuvent faire ensemble l'Algérie et l'UE pour faire face au problème de migration, la lutte contre le terrorisme international, à la stabilisation de la région ainsi que les questions de la paix et du développement en Afrique ont été évoquées, a ajouté Mme Mogherini, qui a rencontré également le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.