«Cette fois-ci, c'est la bonne. Toutes les réserves techniques de part et d'autre de la frontière algéro-tunisienne devraient être levées dans les prochaines semaines. «Ce qui permettra de lancer officiellement le train Alger/Tunis le mois de juillet prochain », a révélé à LNR le directeur général de la SNTF, Yacine Bendjaballah. Il rassure ainsi, définitivement, les citoyens algériens et tunisiens, impatients de voir cette ligne enfin ouverte. C'est que cette ligne va servir de moyen de renforcement des échanges économiques entre les deux pays voisins. Bien qu'il n'ai pas clairement précisé la date, tout porte à croire que le 1er train des voyageurs Alger/Tunis sifflera au matin du 5 juillet prochain. Cette date symbolise l'indépendance de l'Algérie en 1962 à laquelle, les Tunisiens ont contribué par un soutien et une contribution indéfectibles dans tous les domaines. Y compris par le sang des deux peuples qui s'était mêlé suite au bombardement par l'aviation française, le 8 mai 1958 sur Sakiet Sidi Youssef. Plus de 70 citoyens tunisiens et algériens dans cette localité tunisienne frontalière avec l'Algérie avaient été tués. Il n'en demeure pas moins que cette ligne est le plus petit chaînon du projet de réhabilitation et de modernisation de la grande boucle ferroviaire. Elle prend son départ à la mine de Ghar Djebilet (Tindouf). En fait, totalement achevé, ce projet grandiose permettra d'approvisionner en minerai de fer les Hauts Fourneaux de Bellara (Jijel) et El Hadjar (Annaba). Dès 2018, la production algérienne du fer et de l'acier devrait répondre aux besoins nationaux et à l'exportation. Le défi est relevé par le ministère des Travaux publics et des Transports (MTPT) à travers la réalisation de cette boucle ferroviaire, d'un quai d'entreposage du minerai en provenance de Ghar Djebilet et des produits sidérurgiques destinés à l'exportation ainsi que par l'extension du port d'Arzew (Oran). C'est ce qu'avait annoncé début mars 2017 le ministre du secteur, Boudjema Talai. Il a révélé que des projets destinés prioritairement à la réhabilitation de la voie ferrée et au renforcement des ouvrages d'art, sont en cours de réalisation. Ils ont pour finalité d'augmenter la capacité de charge de transport des marchandises et des voyageurs et l'émergence de lignes ferroviaires à grande vitesse. Sur sa lancée, le même ministre a projeté la réhabilitation des bâtiments et ateliers de maintenance du réseau, la modernisation des équipements de télécommunication et de signalisation. Cette nouvelle dynamique créera à proximité du domaine public ferroviaire des espaces publics de vie autonomes. En plus de ces investissements consacrés à l'infrastructure, la SNTF prévoit le renouvellement et le développement du matériel de transport ferroviaire, à savoir les locomotives, les wagons et les engins de manœuvre. Selon nos sources, cette société réceptionnera incessamment six nouvelles locomotives de dernière génération et de forte capacité.de traction. Ces acquisitions répondront aux ambitions de la société de faire face à la demande de transport de l'ensemble en termes de fret. Le potentiel de transport quotidien prévu est de plusieurs millions de tonnes de marchandises diverses, du fer et du phosphate à partir des mines de Boukhadra et Ouenza (Tébessa) et de Ghar Djebilet (Tindouf). Au programme également, l'amélioration de la qualité des infrastructures de transport des voyageurs. C'est ainsi qu'au terme des travaux de réhabilitation, modernisation et renforcement de la ligne ferroviaire, il est question de transporter des centaines de milliers de voyageurs dans des conditions optimales de confort et de sécurité. Modernisée, la ligne de chemin de fer constituera aussi, pour les wilayas de l'intérieur, un outil privilégié d'accès au littoral pour l'acheminement, en toute sécurité et avec les meilleurs temps de transit, de leurs produits en import comme en export. Elle contribuera grandement au développement de l'attractivité des ports algériens constituant des sites naturels de transit des marchandises à destination ou en provenance de divers pays. Rappelons que la ligne Alger/Tunis fait partie intégrante du programme de la boucle ferroviaire nationale pour la réalisation de laquelle l'Algérie a investi 20 milliards de dollars. Selon les experts l'amortissement de cet investissement sera assuré, entre-autres, par la mise en exploitation du gisement de fer de Ghar Djebilet qualifié de plus grand au monde. Ce que confirme du reste la création d'un Consortium algéro-chinois pour l'exploitation du dit gisement. S'y ajoutera dès 2018 l'exportation des produits sidérurgiques stimulée par la forte demande mondiale. «A propos de Ghar Djebilet, un bureau d'étude canadien sollicité a estimé que la teneur en phosphore est d'à peine 0,03% alors qu'une ancienne étude y prévoyait 1%. De même, la teneur en minerai de fer est de 62% et non pas de 50% comme l'indiquaient les résultats de cette même ancienne étude», a révélé Abdeslem Bouchouareb ministre de l'industrie et des Mines. Tous ces projets liés à la réussite du projet de réhabilitation de la voie ferroviaire créeront des milliers de postes de travail directs, en amont et en aval des activités de la SNTF, absorbant de fait une partie des nombreux jeunes diplômés sans emploi.