Erreurs d'analyse. Assez graves même, car depuis longtemps, trop longtemps, les attentions étaient détournées du réel, donc des thérapies véritables à élaborer et mettre en œuvre. Depuis longtemps, la focalisation sur l'islamisme était excentrée par rapport à la manœuvre principale qui est celle de ménager, et donc de ne pas prendre pour cible, l'autoritarisme. Les décideurs (le pouvoir d'une manière large ?) avaient imposé leur grille de lecture, défini le cadre dans lequel devraient évoluer les réflexions stratégiques. Très forte, l'institution en charge de telles orientations, vraiment capable d'influence sur les élites qui en font des convictions. Depuis longtemps, tout a été fait pour décrire le champ politique comme théâtre d'opérations semi-clandestines autour d'enjeux liés à l'idéologie et à la nature de l'Etat. Une logique démocratie islamisme ? Plutôt une logique démocratie autoritarisme. On avait trop confondu l'assimiler ? Ils avaient pour habitude de croire que les évolutions politiques devaient toujours suivre un processus linéaire. Les forces de sécurité devaient toujours être disponibles pour réprimer les opposants. Tant que c'était des opposants légaux ou clandestins qui activaient recourir à l'emploi des armes, les variables de sécurité ont toujours été maîtrisables et maîtrisées. Par rapport aux opposants, ouvrir le champ politique, le verrouiller complètement ou trouver une voie intermédiaire, c'est le dilemme des pays arabes et c'est celui pratiquement de tous les pays musulmans. L'Egypte s'était plainte que l'ouverture du champ politique, avec son corolaire l'engagement dans le processus démocratique, avait consacré la victoire islamiste. L'Algérie en était la preuve, selon l'ancien président égyptien. La victoire islamiste et l'avènement du terrorisme. Les pouvoirs arabes étaient donc pris entre deux feux. Soit le péril démocratique, soit le péril islamiste. Il y a cependant un problème qui alimente justement l'élargissement de la base de recrutement du mouvement islamiste et fournit des arguments supplémentaires aux mouvements qui pratiquent la violence. Il n'y a pas une alternance au sommet de l'Etat. Selon des perceptions formulées par l'opinion publique en général, (binat houm ou hna fi hna), à part les alternances au sein de la grande famille du système qui concernent plutôt des équines d'hommes et pas les programmes. L'accès au pouvoir demeurait encore verrouillé. Que les fondements de ces perceptions furent validés ou non, l'important était que de plus en plus de telles perceptions se généralisaient et étaient adoptées progressivement par la «rue». Les changements opérés au niveau des opinions publiques n'ont pas été mesurés pour leur prise en compte réelle par les pouvoirs politiques. Comment élaborer des programmes alors que la société elle-même n'était pas cernée dans toutes ses dimensions et dans la variation de ses opinions ? Pour ce qui concernait l'Algérie, Les pouvoirs publics avaient bien, peu après la mi-décennie 90, estimé utile la création d'un institut de l'opinion publique et qui devait être rattaché au ministère de l'Information que dirigeait à l'époque HHC.