Trop tard. Oui, vraiment trop tard. Les pouvoirs arabes n'avaient rien vu venir. Ils avaient pour habitude de croire que les évolutions politiques devaient toujours suivre un processus linéaire. Les forces de sécurité devaient toujours être disponibles pour réprimer les opposants. Tant que c'était des opposants légaux ou clandestins qui activaient recourir à l'emploi des armes, les variables de sécurité ont toujours été maitrisables et maitrisées. Par rapport aux opposants, ouvrir le champ politique, le verrouiller complètement ou trouver une voie intermédiaire, c'est le dilemme des pays arabes et c'est celui pratiquement de tous les pays musulmans. L'Egypte s'était plainte que l'ouverture du champ politique, avec son corolaire l'engagement dans le processus démocratique, avait consacré la victoire islamiste. L'Algérie en était la preuve, selon l'ancien président Egyptien. La victoire islamiste et l'avènement du terrorisme. Les pouvoirs arabes étaient donc pris entre deux feux. Soit le péril démocratique, soit le péril islamiste. Il y a cependant un problème qui alimente justement l'élargissement de la base de recrutement du mouvement islamiste et fournit des arguments supplémentaires aux mouvements qui pratiquent la violence. Il n'y a pas une alternance au sommet de l'Etat. Selon des perceptions formulées par l'opinion publique en général, (binat houm ou hna fi hna), à part les alternances au sein de la grande famille du système qui concernent plutôt des équines d'hommes et pas les programmes. L'accès au pouvoir demeurait encore verrouillé. Que les fondements de ces perceptions furent validés ou non, l'important était que de plus en plus de telles perceptions se généralisaient et étaient adoptées progressivement par la « rue ». Les changements opérés au niveau des opinions publiques n'ont pas mesurés pour leur prise en compte réelle par les pouvoirs politiques. Comment élaborer des programmes alors que la société elle-même n'était pas cernée dans toutes ses dimensions et dans la variation de ses opinions ? Pour ce qui concernait l'Algérie, Les pouvoirs publics avaient bien, peu après la mi décennie 90, estimé utile la création d'un institut de l'opinion publique et qui devait être rattaché au ministère de l'information que dirigeait à l'époque HHC. Etait ce réellement la crainte d'une islamisation de tous les rouages de l'Etat qui justifiait que les pouvoirs en place dans ces pays refusaient d'ouvrir le champ politique ? Fermer le champ politique, renforcerait il davantage l'islamisme qui sait très bien travailler hors des voies officielles ? Fermer le champ politique serait aller vers la disparition de la culture démocratique, de l'affaiblissement du camp démocratique. C'est de tout façon une thèse défendue par les démocrates. Dans quel système serions nous lorsque le champ politique est fermé ? On se rappelle que lors de la deuxième édition du Forum du futur lance en 2004 à Rabat pour créer un espace de débat et une vitrine du changement, sur le thème précis de la culture, les Egyptiens et les Saoudiens « avaient fait barrage » aux Américains. Le programme du GMO ne passera pas. Il est pourtant entrain de passer par le bais des révoltes populaires.