Dans un entretien accordé, hier matin, à la chaîne 3 de la radio algérienne, dont il était l'invité de la rédaction, le directeur général de la Société de gestion de la bourse des valeurs (Sgbv), Yazid Belmihoub, a estimé que le stress financier assez important qui s'est installé dans le pays constitue une conjoncture économique qui devrait favoriser la dynamisation de la Bourse d'Alger qui compte, après une vingtaine d'années d'activités, cinq titres côtés uniquement. Selon lui, dans la situation actuelle, la Bourse pourrait, aujourd'hui plus qu'avant, jouer un rôle plus dynamique dans le financement de l'économie nationale et permettre aux entreprises d'aller dans le sens de la croissance souhaitée. Les mécanismes mis en place par les pouvoirs publics les années passées ont eu un effet d'éviction sur la Bourse, fait remarquer le DG de la Sgbv, il en a résulté une faible capitalisation boursière en Algérie qui ne dépasse pas les 45 milliards de dinars (près de 515 millions de dollars), un montant très en deçà des potentialités de l'économie nationale, estime-t-il. Il a observé, toutefois, que la baisse des liquidités bancaires et l'offre insuffisante des banques, vont pousser au recours aux financements alternatifs dont le développement du marché boursier algérien. Il fait remarquer que le nouveau modèle de croissance économique donne une place importante à la Bourse, mais, selon lui, il faut aller vite et bien. Il a fait savoir que la Sgbv avait tenu récemment une réunion avec l'Association professionnelle des banques et établissements financiers (Abef) pour trouver les meilleurs moyens de réactiver le processus de financement à travers la Bourse. Pour lui, une éventuelle introduction en bourse des sept entreprises publiques qui ont entamé leur processus d'entrée, constituerait le déclic nécessaire qui donnerait plus d'attractivité à la place boursière d'Alger et amènerait les sociétés privées. Il s'agit de trois cimenteries relevant du groupe public Gica (dont celle d'Aïn Kebira), du Crédit populaire d'Algérie (CPA), de la compagnie d'assurance Caar, de Cosider Carrières (filiale du groupe Cosider), de l'entreprise Hydro-aménagement et de Mobilis. Il considère toutefois que l'introduction de ces entreprises nécessite un long processus, précisant, cependant, que l'étape d'évaluation de certaines d'entre elles, à l'instar de Mobilis, du CPA et de Cosider est pratiquement achevée. La Bourse d'Alger qui ne compte dans son portefeuille que 5 sociétés, espère, selon son DG, «créer le déclic nécessaire avec la cotation de ces 8 entreprises pour en attirer d'autres, notamment, celles du secteur privé. A propos de la souscription de la Société des ciments d'Aïn-Kebira (Scaek) en 2016 qui a été déclarée infructueuse et retirée, la réglementation exige un minimum de 20% du montant total de la souscription alors que la levée de fonds avait atteint à peine 5% des 18,95 milliards de dinars que cette entreprise espérait lever sur le marché financier. M. Belmihoub explique que le montant visé par la Scaek était trop élevé, en relevant que cet appel à souscription était la deuxième plus grosse opération d'introduction en Bourse dans la région sur le plan. Le marché local pouvait-il répondre à une demande aussi importante ? L'échec de cette opération s'explique également, selon lui, par son timing défavorable qui avait coïncidé non seulement avec l'entrée de Biopharm en Bourse et le lancement de l'emprunt obligataire pour la croissance mais aussi avec le mois de Ramadhan et la saison estivale. Concernant les incitations à offrir au secteur privé pour qu'il adhère en Bourse, le DG de la Bourse d'Alger, estime qu'il faut d'autres mesures d'accompagnement car le facteur fiscal, tels que l'exonération de l'impôt sur les placements et la réduction de l'impôt sur l'IBS, ne suffit pas pour dynamiser le marché. En effet, ces mesures, adoptées jusque-là, n'ont pas attiré les sociétés privées. Il a appelé les entreprises, publiques et privées, à intégrer la Bourse comme moyen de financement de leurs plans de développement et de ne pas se contenter uniquement des financements classiques qui se sont amenuisés (crédits bancaires et autofinancement). Outre son rôle dans le financement de l'économie, l'introduction en Bourse facilite également la pénétration des produits algériens aux marchés extérieurs du fait que les entreprises potentiellement exportatrices cotées en Bourse gagnent généralement en crédibilité auprès de leurs clients étrangers. Elle donnera aussi une meilleure capacité de négociation aux entreprises auprès des banquiers et des partenaires économiques, ajoute-t-il. Le DG de la Bourse d'Alger est optimiste quant à la réduction de la taille du marché informel grâce aux mesures qui restreignent le paiement en liquides au comptant.