La souscription des actions de la Société des ciments d'Aïn El-Kebira (Scaek) à la Bourse d'Alger a atteint, le jeudi 9 juin, 3,90% de son objectif de lever près de 19 milliards de dinars. L'opération s'achève aujourd'hui, sauf intervention du Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica), ou des institutionnels publics, comme le laisse penser la rumeur, la Bourse d'Alger risque d'assister à son premier échec dans l'introduction en cotation d'un nouveau titre. Les conditions d'introduction à la cote des actions de la société des ciments d'Aïn El-Kebira ne seraient pas remplies. En effet, le taux de souscription minimal requis pour qu'une introduction en Bourse soit validée par la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) est de 20%. Le régulateur pourrait, donc, si ce taux n'est pas atteint, refuser l'introduction du titre société des ciments de Aïn El-Kebira à la cote. "C'est catastrophique", nous dit une source proche du dossier. L'annulation de l'introduction de Scaek en Bourse d'Alger, si elle se confirme, pourrait remettre en cause tout le processus engagé, notamment pour la CAAR (société d'assurance), du CPA (banque), de l'entreprise Cosider Carrières, de l'entreprise Hydro-aménagement... Pour rappel, la société des ciments d'Aïn El-Kebira avait annoncé l'ouverture de la souscription à l'augmentation de son capital de 35%, par l'émission de nouvelles actions à prix fixe de 1 600 DA par action, durant la période allant du dimanche 15 mai au lundi 13 juin 2016 inclu. Cette souscription devait se faire à travers l'émission de 11,846 millions d'actions nouvelles d'un montant global de 18 953 600 000 DA. L'émission de ces actions est répartie à hauteur de 37% pour les investisseurs institutionnels tels les banques et compagnies d'assurances (4 383 020 actions), 37% pour les personnes physiques (4 383 020 actions), 25% pour les personnes morales (2 961 500 actions) et 1% pour le personnel de l'entreprise (118 460 actions). Certains observateurs expliquent l'échec de l'opération de souscription des actions de la société des ciments d'Aïn El-Kebira (Scaek) à la Bourse d'Alger, par le mauvais timing choisi par les promoteurs. L'opération coïncide avec le lancement de l'emprunt national pour la croissance économique. Le gouvernement, à travers le ministère des Finances, a fait pression sur les banques pour réussir cet emprunt. Mais pour d'autres, le problème est beaucoup plus profond. Il est le résultat du manque de volonté politique de développer un marché financier transparent. Les mesures techniques, modification du système de négociation de titres, de nombre de séances de cotations, l'ouverture de point bourses au niveau du réseau bancaire, amélioreront, peut-être, un peu la situation, mais n'influeront aucunement sur la dynamique du marché financier. Il faut, peut être, rappeler qu'en 2009, l'introduction d'Alliance Assurances en Bourse a suscité un grand engouement : plus de 6 500 souscripteurs particuliers à travers les 48 wilayas. Le taux de souscription effectif était de 142% dont 98% de particuliers. Il a fallu attendre trois années pour voir l'arrivée de NCA Rouiba à la Bourse d'Alger, en 2013, et trois autres années pour l'introduction en Bourse de Biopharm. La souscription à l'introduction en Bourse de Biopharm avait, au début, mal démarré. Il y a donc comme une érosion de la confiance des investisseurs envers la Bourse. L'inertie du marché secondaire et le comportement des intermédiaires en opération de bourse (IOB), notamment publics qui détiennent le monopole sur ce marché, ont affecté négativement la confiance des investisseurs. Du coup, les acteurs du marché plaident pour l'urgence de la dépénalisation de l'acte de gestion pour libérer les banquiers et les managers des entreprises publiques. D'autres suggèrent d'obliger les institutions financière de consacrer 1 à 3% de leur chiffre d'affaires à l'animation de la Bourse au risque de payer une taxe sur le modèle de la taxe de la formation. Meziane Rabhi