Tout d'abord évitons toute vision de sinistrose, je souhaite pour le bien-être de l'Algérie plein succès pour leurs nouvelles missions à l'ensemble des membres du gouvernement et au nouveau Premier ministre, M. Abdelmadjid Tebboune, qui est un ami, que j'ai connu en tant que wali vers les années 1980 lorsque j'effectuai une mission pour le compte de la présidence de la République (dossier habitat) en tant que directeur général des études économiques et premier conseiller à la Cour des comptes au niveau des 31 wilayas. Un langage de vérité s'imposera car l'Algérie devrait connaître des tensions budgétaires, horizon 2017/2020, ne devant plus vivre sur l'illusion d'une rente éternelle des hydrocarbures, étant terminé à un cours supérieur durant cette période 75/85 dollars, le prix du gaz représentant plus de 30% des recettes de Sonatrach étant indexé sur celui du pétrole. 1.-Quelle est la situation économique en ce mois de mai 2017 ? Il faut être réaliste, en ce mois de mai 2017, 97% des ressources en devises directement et indirectement proviennent des hydrocarbures, le tissu économique est constituée à 83% de petits services/commerce, le secteur industriel représente que 5% du produit intérieur brut avec plus de 97% sont des petites unités non initiées au management stratégique, environ 70% des besoins des ménages et des entreprises proviennent de l'extérieur, existant des limites à la restriction des importations, faute de quoi, l'on pourrait provoquer une implosion sociale et une inflation à deux chiffres comme au Venezuela. Le document permettant une appréciation objective n'est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui en plus de la valeur des importations de biens, prend en compte les services et les transferts légaux de capitaux. Selon les documents du FMI (fournies par la banque d'Algérie), les sorties de devises des services ont été 10,7 milliards de dollars en 2013, 11,7 en 2014, 11,0 en 2015, 9,9 en 2016 avec une prévision de 10,6 milliards de dollars en 2017. Le rapatriement légal des bénéfices selon les sources du FMI, a été de 8 milliards de dollars en 2013, 8 en 2014, 6,5 en 2015, 3,1 en 2016 et une prévision de 3,7 milliard de dollars en 2017 , prévoyant une moyenne entre 4,5 et 5 milliards de dollars entre 2018/2020. Dans ce cas au rythme des indicateurs financiers des quatre (04) premiers mois de 2017, en toute hypothèse, les sorties de devises sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient fin 2017 à 46,26 milliards de dollars (biens) plus 10,6 milliards de dollars (services) soit 56,86 milliards de dollars et tendant vers 60 milliards de dollars ou plus avec les sorties légaux de capitaux. Ce montant de sorties de devises correspond pour l'équilibre à un baril variant entre 85/88 dollars pour éviter des tensions au niveau de la balance des paiements. Or, selon le FMI, le cours du baril varierait entre 50/55 dollars à prix constants -2017/2020), sous réserve d'une discipline des accords OPEP/non OPEP. 2.-Afin d'éviter un épuisement progressif des réserves de change et un retour au FMI 2018/2019, ce qu'aucun patriote ne souhaite, s'agira d'aller vers de profondes réformes structurelles : lutte contre la bureaucratie étouffante par la réforme des institutions, réforme du système financier lieu de distribution de la rente, réforme du système socio-éducatif, l'économie de la connaissance pilier du développement, et enfin résoudre l'épineux problème du foncier et celui des subventions qui généralisées sont à la fois d'injustice sociale et source de gaspillage. En effet, les subventions sont régressives montrant leur manque d'équité et la nécessité de les réformer : plus vous êtes riche, plus vous en bénéficiez. Mais conserver cette politique coûte de plus en plus cher. Dans un rapport la Banque mondiale fait remarquer qu'en moyenne dans le monde, 20% des plus riches bénéficient six fois plus que 20% des plus pauvres des subventions recommandant que les programmes d'aide sociale doivent être ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables à y faire face. 3.- Le monde et à l'aube de la quatrième résolution économique avec de profonds bouleversements géostratégiques : militaires, politiques, économiques, sociales et culturelles des stratégies d'adaptations étant nécessaires. L'Algérie devra investir dans des segments où elle a des avantages comparatifs en termes de couts/qualité au sein de filières internationalisées , évitant des unités de prestige dans l'industrie, de l'énergie ( énergies renouvelables), l'agriculture, du tourisme et des nouvelles technologies, comme elle devra assouplir la règle des 49/51% qui est un dogme idéologique des tenants de la rente , l'Algérie supportant tous les surcouts, devant définir avec précision les secteurs stratégiques et non stratégiques si elle veut attirer des investisseurs potentiels . Pour le bâtiment travaux publics qui emploi près de deux millions de personnels, il faudra à l'avenir revoir le mode de construction, les nouveaux matériaux permettant d'économiser pus de 30% d'énergie ainsi qu'une fractions substantielle de ciment et de rond à béton. Comme vient de le noter le nouveau Premier ministre, il faudra éviter l'étouffement des entrepreneurs opérant dans ce secteur tout en les encouragent par des actes de formation à leur reconversion : donc, payer les entrepreneurs qui ont terminés les travaux, ainsi que les projets entamées tout en veillant au respect du cahier des charges. Mais attention, avec les tensions budgétaires, le mode de logement social ou tout le monde veut avoir un logement presque gratuitement est à revoir car source également d'injustice sociale vis-à-vis notamment des couches moyennes. Par ailleurs, le slogan quant le bâtiment va tout va de la période des années 1970/1980, n'est plus d'actualité en ce XXIème siècle, devant méditer les expériences de bulles immobilières (cas de l'Espagne). Résoudre la crise du logement sans vision stratégique du développement global risque de conduire à des tensions sociales. Paradoxalement la crise du logement servant de tampon social (même marmite, même charges) car un ménage vivant seul avec deux enfants doit avoir un revenu minimum 50 000/60 000 dinars net par mois. En résumé, je réitère le souhait de succès au nouveau gouvernement. Il faudra à tout prix éviter la tentation de la gestion administrative des années 1970 qui risque de provoquer des effets pervers, étant à l'ère de la mondialisation , les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques. L' économie de marché ne signifie pas anarchie mais un Etat régulateur fort, fort de sa moralité devant libérer toutes les énergies créatrices. Afin de mobiliser la population algérienne, consciente des enjeux, un discours de vérité s'impose : ni sinistrose ni autosatisfaction source de névrose collective mais devant éviter les contre vérités et déclarations démagogiques de certains responsables. Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international