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Les défis du gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune
Publié dans La Nouvelle République le 12 - 06 - 2017

La mondialisation dans sa version contemporaine renvoie non seulement à des interactions internationales d'ordre économique mais aussi à des interactions de type religieux et culturel, politique idéologique et militaire, et dont la crise d'octobre 2008 qui est loin d'être terminée préfigure d‘importants bouleversements géo stratégiques et socio-économiques tenant compte du futur défi écologique, horizon 2017/2020/2030. L'Algérie devra s'y adapter si elle veut éviter sa marginalisation croissante, tant politique qu'économique surtout avec l'épuisement inéluctable des hydrocarbures.
C'est pourquoi toute stratégie d'adaptation ou de réponse à ce phénomène doit embrasser l'ensemble de ses composantes et de ses manifestations, notre participation volontaire et active à l'ordre international en construction devant être appréhendée et retenue comme un objectif de toute première importance. Notre adaptation est un problème de sécurité nationale et donc un défi pour les générations futures, évitant le volontarisme étatique des années 1970 qui serait suicidaire pour l'Algérie 1.-Le processus de mondialisation Le processus de mondialisation non encore achevé comme le montre la crise récente, rapport social complexe, produit historique du développement du capitalisme est irréversible et l'Algérie et plus globalement le Maghreb l'ère des micro- Etats étant révolu, devra s'y adapter si elle veut éviter sa marginalisation. Il s'agit de comprendre donc, qu'aujourd'hui, ce sont les entreprises qui compétitionnent pour les Etats- Nations. Face à ce mouvement et cette dynamique, où l'accumulation en ce XXIème siècle se fonde sur le savoir et l'entreprise dominée par des segments personnalisés et les producteurs de symboles, nous restons en Algérie spectateurs d'une pièce de théâtre qui se joue sans nous mais qui nous concerne tout autant. Insérer l'Algérie dans l'économie mondiale c'est d'abord situer les enjeux puis connaître les règles du jeu de la globalisation. Ce renouveau stratégique doit nécessairement s'accompagner d'un ré- engineering global qui s'appuiera sur plusieurs leviers dont principalement : la culture des affaires internationales ; la maîtrise du processus des réformes et la mise en place d'un système d'information économique et de veille technologique. Tout cela supposant la nécessaire revalorisation du savoir loin des emplois rentes et des comportements rentiers. La plupart des pays en développement se livrent, depuis des décennies, à une concurrence aiguë pour attirer sur leur sol l'implantation des groupes multinationaux, vecteur traditionnel de l'IDE et parallèlement favoriser un partenariat gagnant/gagnant. Les quelques expériences menées par SONATRACH avec succès doivent être analysées et évaluées dans le fond, pour servir de « référents » aux formes futures de partenariats Il est urgent pour l'Algérie de s'inscrire dans un tel mouvement avec les objectifs suivants : - stimuler la concurrence et la compétitivité interne et externe et considérer les IDE comme « ressources » - Sur le plan de la garantie des droits de propriété, c'est plus la mise en application des textes de lois édictés qui est mise en cause, que la qualité même de ces lois De ce point de vue, l'Algérie, présente un déficit d'attractivité pour les investissements hors hydrocarbures à forte valeur ajoutée qui s'explique en partie par la présence de plusieurs obstacles structurels : - une gouvernance à résultat mitigé ; - le manque de cohérence et de visibilité dans la démarche de la politique économique - un cadre juridique instable avec la règle de s49/51% généralisée - un système financier sclérosé - une formation peu adaptée aux nouvelles mutations ayant misé sur la quantité au lieu de la qualité - un secteur tertiaire sous-développé - et enfin l'étroitesse du marché algérien. Aussi, toute la future politique économique et sociale algérienne devra tenir compte des mutations planétaires afin de s'adapter à ce monde interdépendant en perpétuel mouvement. Car il ne saurait être question d'occulter la consolidation des grands espaces Asie( APEC)-Amérique (ALENA)-l'Europe qui s'étend sur son flanc Est et Sud dont la future carte euro méditerranéenne. La notion de globalisation (certains parleront de mondialisation) concerne un certain stade de développement des échanges de biens et de services, d'intégrations des marchés financiers et d'extension de la multinationalisation des appareils productifs, de diffusion de connaissances technologiques et de comportements de consommation, le rôle des services jouant un rôle croissant surtout au XXI ème siècle. Aussi cette globalisation concerne tant l'accroissement des échanges, que la transnationalisation des circuits agro-industriels, commerciaux, bancaires, de services. Dans la mesure où les grandes sociétés calquées anciennement sur l'organisation militaire éclatent en réseaux complexes à travers le monde. Se substituent à la configuration passée de l'accumulation fondée sur la consommation de masse, une accumulation fondée sur l'économie personnalisée dont le pivot est la vente en fonction de besoins exclusifs d'où la percée des producteurs de symboles et l'avancée des segments de la PMI/ PME elles mêmes organisées en réseaux et s'appuyant sur le savoir faire managérial et technologique. Car il y a lieu de ne pas confondre les anti- mondialisations qui ne sont pas contre une économie de marché concurrentielle humanisée mais condamnent plutôt les économies étatistes totalitaires. Certes, des voix s'élèvent contre cette forme de mondialisation. Ils appellent à une économie de marché sociale solidaire, à un mouvement des citoyens impliquant la société civile (le regretté Bourdieu parlait de société civile internationale) afin de réaliser un contrepoids perdu depuis l'effritement du bloc communiste, nécessitant de mieux encadrer les marchés par une nouvelle régulation institutionnelle, sociale et politique au niveau mondial , montrant l'importance de l'Etat Régulateur ou l'Etat stratège comme nerf de la régulation sans briser le ressort des énergies créatrices .Aussi s'agit- il de comprendre, afin de prévoir toutes les incidences, l'Accord de l'Algérie pour une zone de libre échange avec l'Europe qui s'inscrit dans le cadre des accords de Barcelone restrictif à une région, incluant des volets culturels et politiques et les futurs accords avec l'Organisation Mondiale du Commerce ( OMC) qui concerne à la fois les flux de marchandises mais récemment les flux de capitaux, la propriété intellectuelle et les services. Cela implique d'ailleurs une uniformisation du droit face aux nouvelles exigences internationales, encore que l'évolution du droit international face à ces mutations mondiales est en gestation comme en témoignent les perceptions différentes du concept de concurrence par les USA et la Commission de Bruxelles. 2.-les actions à mener pour s'adapter aux mutations mondiales Sur le plan interne, s'agit-il d'engager les véritables réformes politiques, économiques et sociale pour une société de liberté plus participative et citoyenne fondée sur des entreprises compétitives dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux, par la prise en compte de l'environnement et de la qualité de la vie pour un espace plus équilibré et solidaire qui doivent impérativement toucher : -le système politique, centre névralgique de la résistance au changement et à l'ouverture,-La justice par l'application et l'adaptation du Droit, la lutte contre la corruption qui fait fuir les capitaux. Un rapport récent de la banque mondiale note avec insistance « que 75% des chefs d'entreprises algériens sont obligés de verser des pots de vin pour régler leurs affaires et éviter les lenteurs administratives ». Le prix de la corruption toujours selon ce rapport représente en moyenne 6% du chiffre d'affaires des entreprises en Algérie ; – le système éducatif, centre d'élaboration et de diffusion de la culture et de l'idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays ; -le secteur des hydrocarbures, source de rente et objet de toutes les convoitises ; -l'agriculture et une nouvelle politique de gestion de l'eau ; -une nouvelle gestion des stratégies sociales et la mise en place de nouveaux mécanismes de régulations sociales devant revoir la gestion des caisses de retraite et de la sécurité sociale , les subventions ciblées devant dorénavant être budgétisées non plus au niveau des entreprises mais sur le budget de l'Etat. -la réforme du système financier est un préalable essentiel à la relance de l'investissement privé national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d'importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l'ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente. Elle est considérée, à juste titre, comme l'indice le plus probant de la volonté politique de l'Etat algérien d'ouvrir ou non l'économie nationale à la libre entreprise. - Mieux maitriser la libération du commerce extérieur, par des mécanismes de régulation et non des mesures bureaucratiques source de corruption, qui a ont rendu possible le déplacement du centre de distribution de la rente des entreprises publiques économiques vers les banques appartenant au secteur de l'Etat, ces dernières contrôlant actuellement plus de 9O% des actifs du système bancaire, mais avec une faible bancarisation, le secteur bancaire privé étant marginalisé. L'analyse de la collecte de l'épargne et sa destination finale monte clairement que le schéma des dépenses et les montants alloués entre l'épargne et l'investissement peut être différents selon que le décaissement de la rente aille vers le secteur public ou le secteur privé. Or l'objectif à viser est d'aboutir à un système bancaire affranchi des ingérences, plus efficient et plus en harmonie avec les exigences d'une intermédiation financière performante et orientée vers l'économie de marché de capitaux. Jusqu'ici, la situation financière des banques publiques a constitué une contrainte qui a inhibé toute velléité de restructuration. Aussi, tenant compte des expériences négatives de Khalifa et d'autres banques privées, tout en n'oubliant pas les scandales financiers de bon nombre de banques publiques, , il y aurait lieu de dégager un scénario pour la création des nouvelles banques, la sauvegarde des actuelles par leur insertion dans la stratégie globale du partenariat( part l'ouverture du capital aux banques internationales) pour certaines et de la privatisation pour d'autres. - Pour ce qui est du système fiscal, celui-ci doit être plus incitatif tout en
autorisant une grande rigueur dans son application en vue de la lutte contre l'évasion fiscale par la mise en place d'un système d'information et de communication plus moderne et moins sujet à interprétation. Il est également proposé d'améliorer la lisibilité de la politique générale de l'Etat par référence notamment à la loi cadre de planification budgétaire. Cela renvoie à la problématique de la sphère informelle dont l' intégration est fondamentale, les négociations de l'Algérie avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC) achoppant notamment sur la nécessité de son intégration qui renvoie à la construction d'un Etat de Droit, base de l'économie de marché concurrentielle et ce, afin de pouvoir favoriser une saine concurrence et attirer les flux d'investissement nécessaires pour une croissance durable. Car il ne suffit pas de crier sur les toits que cette sphère ne paye pas les impôts. Il faut expliquer les raisons de son existence et de son extension et surtout les actions à mener pour son intégration. Cette sphère informelle n'est pas le produit historique du hasard mais trouve son essence dans les dysfonctionnements de l'Etat et ce, à travers toutes les sphères, n'étant que la résultante du poids de la bureaucratie et du trop d'Etat au sein d'une économie et du blocage des réformes. Les ex pays du camp communiste ont connu l'ampleur de cette sphère informelle. Et l'Italie a su l'intégrer rapidement depuis qu'elle est membre de l'Europe. Il est démontré à partir d'expériences concrètes, que selon les obstacles ou la rapidité de la construction d'une véritable économie de marché concurrentielle qui font que cette sphère diminue ou s'étend. Cela pose d'ailleurs la problématique de la construction de l'Etat et ses nouvelles missions en économie de marché. C'est faute d'une compréhension l'insérant dans le cadre de la dynamique sociale et historique que certains la taxent de tous les maux, paradoxalement par ceux mêmes qui permettent son extension en freinant les réformes. Pourtant cette sphère représente la majorité des activités si l'on excepte le cas spécifique en Algérie du secteur des hydrocarbures. Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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