Dans un entretien accordé, hier matin, à la chaîne 3 de la radio nationale dont elle était l'invitée de la rédaction, la ministre des Technologies de l'Information, de la Communication et de l'Economie numérique, Imane Houda Feraoun, tient à faire savoir que numérisation et économie numérique «sont deux choses différentes». L'économie numérique, dit-elle, est là où il faudra arriver et pour cela, ajoute-t-elle, il faudra travailler. C'est, explique-t-elle, tout un écosystème qui est composé d'acteurs économiques, de réglementation et surtout de cadre légal et réglementaire, c'est-à-dire de cadre juridique idoine. Le défi technologique du « tout numérique » est surmontable, dit-elle, ce qui est difficile et qui risque d'être problématique, ajoute-t-elle, c'est l'encadrement réglementaire. Elle revient à l'économie numérique pour préciser que c'est un système à encourager, entre autres, par la numérisation des systèmes financiers, de l'administration, des services publics ; assister les entreprises économiques à numériser leurs services, à utiliser les TIC partout, et c'est également, insiste-t-elle, mettre en place la réglementation idoine pour pouvoir encadrer toutes les activités liées au numérique figurent parmi les objectifs que s'est fixé son département. A ce titre, elle signale que les E-commerce, E-paiement, Mobile-paiement et les partages de données en ligne, création d'économie en ligne sont parmi les activités qui doivent être encadrées, en premier lieu par une loi sur le commerce électronique, et elle constate que l'APN vient de reprendre et que toutes les lois qui étaient en attente vont s'accélérer. Mais pas seulement, parce que, explique-t-elle, le commerce électronique est l'acte de commercer, d'acheter, de vendre en utilisant internet. Un autre volet soulevé par la ministre des Technologies de I'Information, de la Communication et de l'Economie numérique, c'est le paiement électronique qui est très lié au commerce électronique dont un grand volet, rappelle-t-elle, est tout ce qui est lié au commerce de services. Il ne s'agit pas seulement, dit-elle, d'aller choisir sa marchandise en ligne et de se faire livrer, ce qui est déjà, ajoute-t-elle, très important, mais ce sont des services qui n'existent que parce que internet existe. A ce sujet, elle cite, à titre d'exemple : le tourisme en ligne, les réseaux sociaux, le partage d'informations, la monétisation des données. Pour cela, déplore-t-elle, nous n'avons pas encore l'encadrement réglementaire. Il faudra sortir plusieurs textes de loi pour assurer la sécurité de nos concitoyens, par exemple pour les informations personnelles, même si, précise-t-elle, il y a une loi qui fait obligation aux opérateurs de respecter la confidentialité des données de clients, sauf que, ajoute-t-elle, une fois que le client a fourni toutes ses données personnelles, l'opérateur n'a plus aucune responsabilité c'est l'opérateur qui fournit le service qui a la propriété sur les données principales et il y a un manque de prise de conscience et un manque de réglementation. Ce sont tous ces textes réglementaires qu'il faut élaborer. Prenant l'exemple du commerce en ligne, la ministre relève cependant la réticence des détaillants à s'impliquer dans le E-paiement, en raison, dit-elle de leur manque de confiance vis-à-vis du système financier, mais également de leurs habitudes à préférer le paiement cash pour faire solder leurs prestations. Il faut, selon elle, améliorer le niveau de la confiance numérique. Il faudra également prendre en charge le déploiement d'un vaste réseau de paiement électronique pour la réalisation duquel Algérie Poste s'apprête à acquérir 50.000 terminaux de paiement électronique (TPE) pour faire un premier pas et encourager les commerçants à s'y mettre, ce qui devrait se faire dans les deux à trois mois qui suivent, annonce-telle. La SATIM, également, est en voie d'acquisition de quelques milliers de TPE qu'elle va distribuer pour s'ajouter à ceux qui sont déjà sur le marché. Mme Feraoun estime que cette première expérience poussera, petit à petit, les Algériens à s'acquitter de leurs achats par le biais d'une carte bancaire et, par un effet boule de neige, à amener progressivement les commerçants à adopter, à leur tour, ce moyen de paiement. Tout cela se généralisera, dit-elle, dès que la société s'appropriera ce mode de paiement.