Le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a estimé, hier vendredi, que le plan d'action présenté par le Premier ministre, Abdelmdjid Tebboune, et adopté par les deux chambres, illustre l'incapacité du gouvernement à présenter un programme qui énonce au moins les sources de financements du patchwork des mesures listées. «En dehors d'une chimérique réforme fiscale qui ne fixe ni l'assiette à atteindre ni les niches à investir comme les grosses fortunes ou l'informel, aucune source précise n'est ciblée pour renflouer les caisses de l'Etat», a-t-il indiqué. S'exprimant à l'ouverture des travaux du conseil national tenu hier à Alger, M. Bellabas, a mis en garde contre «l'alourdissement de l'ardoise des impôts» des entreprises. Une option de court terme confirmée, dit-il, par la recherche d'orienter les ressources disponibles dans des projets de rentabilité immédiate en dehors de toute cohérence d'ensemble. «La charge d'impôts supplémentaires sur des contribuables risque de précipiter nombre d'entre eux, au mieux, dans la compression des effectifs, sinon dans l'informel», a-t-il fait-il observer. La réduction continue du volume des importations, présenté comme la panacée pour juguler une partie du déficit public, a déjà paralysé une partie du squelettique appareil industriel par l'absence de pièces de rechange ou d'intrants, relève le président du RCD. «Aujourd'hui, le roi est nu», dit-il. Lorsque nous disions que le pays allait à la dérive à cause d'une politique qui privilégie une stabilité de façade avec l'achat de la paix sociale et la répression des libertés au détriment d'un projet de développement qui réhabilite la planification et la liberté d'entreprendre, le pouvoir et ses relais nous traitaient d'extrémistes qui font le jeu de l'étranger, a rappelé le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). «C'est ce populisme qui présente l'impossibilité économique du pays de solliciter des prêts extérieurs comme une décision du chef de l'Etat», a-t-il indiqué. Pour le RCD, seules «la privatisation d'entreprises publiques et le recours à l'endettement pour financer des projets de développement comme des outils économiques, qu'il s'agira d'encadrer sont à même d'améliorer les performances et préserver l'emploi.» «Le Premier ministre choisit de retourner au vocabulaire des années 70 pour écarter du revers de la main toute notion de privatisation au motif que le maintien d'entreprises dans le secteur étatique est un gage de souveraineté», observe M. Bellabas. Soutenant que le RCD n'est pas un défenseur des privatisations à tout prix et dans tous les secteurs, ni, non plus, un partisan du recours à l'endettement en soi. Le gouvernement, a-t-il estimé encore, aurait dû se présenter avec des dossiers pour ouvrir le débat sur les blocages dans lesquels il s'est enfermé à la faveur d'une rente pétrolière sans précédent. Seule alternative qui peut permettre, dit-il, de sortir des sentiers battus du couple rente/corruption.