Au-delà de l'aspect sportif que peut susciter un événement tel que la finale de la coupe d'Algérie de football, il y a des volets organisationnels qui ne peuvent échapper aux gestionnaires. Non seulement ces supporteurs se bousculaient dès les premières heures de la journées un coup d'envoi programmé à 16h, soit plus de 11h ainsi exposés avec tous les risques qui en découlent aux chaleurs de plomb de juillet et à celle de la nuit pour ceux qui préfèrent la belle étoile. Ils ne sont pas les seuls, les services de sécurités, aussi, étaient fortement exposés au même degré de chaleur que ces supporteurs venus de partout pour une finale aux risques naturels. Les exemples de par le monde ne manquent pas, mais malheureusement il est aisé de constater que nous sommes encore loin voire même très loin d'une parfaite organisation qui permettrait a tous d'avoir son billet en poche et de rejoindre sa place dans les tribunes, puisque numérotées, une ou deux heures avant le début de la partie. Et pourtant, les supporteurs s'affirment comme un élément à part entière du spectacle. Leurs engagements partisans, leur soutien bruyant se sont institutionnalisés : ils sont désormais considérés comme le «douzième homme» de l'équipe. Ils deviennent certes exigeant, recherchent un spectacle de qualité, sans se soucier de l'équipe qui le lui offre. Comme le romancier anglais Nick Hornby Fever Pitch (Carton jaune, Paris, Plon, 1998) est assurément... «le supporteur désire avant tout une victoire de ses favoris, quelle que soit la qualité du match : il ne peut apprécier, sur le moment, les belles actions de l'adversaire. Une idée répandue veut que le supporteur soit actif et le spectateur passif. Ils cherchent à dominer les supporteurs adverses, en chantant plus fort qu'eux. Ainsi, ils affirment l'authenticité de leur attachement au club et tentent de se constituer en acteurs en jouant le rôle de douzième homme. Le développement d'un tel supportérisme s'explique par les transformations internes au football, mais aussi par des améliorations de gestion. Il est encore aujourd'hui à l'ordre du jour, ce volet organisationnel». Comment protéger ce supporteur qui fait la fête ? Ouvrir les portes trois heures avant le début de la rentrée «c'est le rêve de tous sportifs, mais cela n'est qu'un rêve voire un slogan, nous ne sommes pas organisés pour atteindre ce niveau de perfection, on est là à 7h du matin de peur de ne pas trouver de places, parce qu'il y a aussi ceux qui passent la nuit ici, alors, que faire, ce n'est pas nous de réfléchir a la place des gestionnaires», nous déclarait un supporteur sétifien. Un autre déplore les conditions dans le stade : «On souffre, on souffre énormément, on devient agressif, et on nous considère comme des hooligans, non, nous refusons ce qualificatif, venir au stade subir les pire provocations des organisateurs, et être qualifié d'hooligan ? Comment ne pas s'exciter et être provoquant, ce n'est pas la faute aux services de sécurité (police) qui sont comme nous ici présents dès les premières heures de la journée, ils souffrent pour nous, pour nous aider, à canaliser les grappes de supporteurs qui viennent de partout, ce n'est pas facile pour eux et heureusement qu'ils sont là... On quitte notre ville la nuit pour être présent, et une fois ici, votre ticket ne vous assure que l'entrée pas votre place, imaginez si mon ticket me couvre, je serai ici que vers 15h, tranquille, comme cela se fait ailleurs, mais vous voyez, on est comme des moutons» Enfin un troisième supporteur renchérit : «Pourquoi sommes-nous en retard par rapport aux autres nations, ce n'est pourtant pas difficile que des stadiers en gilet jaune vérifient l'authenticité des tickets via une machine et placent les spectateurs chacun à la place indiquée sur son ticket. Avant qu'un spectateur n'accède au stade, il est soumis à une palpation (fouille corporelle) assurée par un stadier ayant au moins deux ans d'expérience de service, les policiers n'interviendraient que sur sollicitation du stadier à l'entrée du stade, en cas de troubles majeurs». Et voila ce que réserve cette organisation à ces supporteurs qui affirment l'authenticité de leur attachement au club et tentent de se constituer en acteurs en jouant le rôle de douzième homme. «Peut être qu'un jour nous arriverons bien à une gestion digne des grandes nations ?» Mais quelle place, les acteurs dominants du monde du football, notamment les dirigeants des clubs et des fédérations, consentent-ils à accorder aux supporteurs ? Selon Christian Bromberger, leur devise tend à se résumer au triple commandement : «Paie ! Assieds toi ! Tais-toi».