Mais c'est un anonyme, au look passe-partout, qui fait les gros titres : le hooligan, qu'il soit russe, anglais, croate ou turc, celui qui sème la violence dans les rues ou interrompt les matches. Après les jets de fumigènes sur le terrain à Saint-Etienne (centre-est) et dans les tribunes à Nice (sud) vendredi soir, l'UEFA devrait préciser samedi les charges qui pèsent sur la Croatie et la Turquie, dont les supporters se sont tristement illustrés. D'autres, russes cette fois, vont être expulsés samedi, depuis Nice. Ils sont 20 et sont impliqués dans les graves affrontements de samedi dernier à Marseille (sud), qui avaient fait 35 blessés, majoritairement anglais, dont deux toujours très gravement atteints. Parmi eux, le sulfureux président de l'association des supporters russes, l'ultranationaliste Alexandre Chpryguine. Trois autres ont été condamnés jeudi à 12, 18 et 24 mois de prison ferme pour avoir participé à la « chasse » aux Anglais à Marseille, selon les termes de la justice. Quelle que soit leur nationalité, ces supporters violents font courir à leur équipe le risque de sanctions de l'UEFA pour les débordements à l'intérieur des stades (l'extérieur est de la compétence des autorités). « Des ennemis du pays », a enragé le présidente de la Croatie Kolinda Grabar-Kitarovic. « Ce ne sont pas des supporters, mais des terroristes du sport », a renchéri le sélectionneur croate Ante Cacic. La Croatie risque gros République tchèque-Croatie avait tout pour redonner sa place au football dans un tournoi parasité par les violences des hooligans à Marseille le week-end dernier et les débordements en milieu de semaine à Lille (nord). Mais les artistes sur le terrain - Modric et Rakitic, cracks croates du Real Madrid et Barcelone - ont été éclipsés par des fauteurs de troubles. En quatre minutes, le match a basculé : fumigènes lancés sur la pelouse, pétard qui explose aux pieds d'un stadier visiblement choqué, bagarres entre fans croates dans les travées. La Croatie menait 2 à 1, et était alors qualifiée pour les 8es de finale, avant l'interruption du match pour quatre minutes. A la reprise, les Tchèques ont égalisé (2-2), privant les Croates, destabilisés par les événements, d'un billet pour le tour suivant, qui reste toutefois possible. Plus tard dans la soirée, les fans turcs à Nice ont allumé des fumigènes dans les tribunes et lancé des pétards sur la pelouse après la défaite de la Turquie contre l'Espagne (3-0). Ces incidents-là sont mineurs mais noircissent le tableau et posent la question des fouilles à l'entrée des stades et de la sécurité. Au moins 16 personnes ont été placées en garde à vue, dont 4 Français supporters de l'équipe turque en possession de fumigènes à l'entrée et à l'intérieur du stade, ont indiqué les autorités locales. Onze « ultras » espagnols ont par ailleurs été interpellés quelques heures avant la rencontre et également placés en garde à vue. La Croatie pourrait perdre gros. L'UEFA a ouvert une procédure disciplinaire. L'équipe à damier sera-t-elle suspendue avec sursis comme l'a été la Russie en raison des incidents au Vélodrome à la fin du match contre l'Angleterre samedi dernier ? Les fans croates sont des récidivistes. Lors des qualifications de l'Euro, la Croatie avait déjà été sanctionnée d'un retrait d'un point et deux matches à huis clos pour une croix gammée tracée sur le terrain du match à Split contre l'Italie en juin 2015. Des gens qui font peur « Ce ne sont pas des supporters. Ils ne devraient pas se trouver dans les stades », enrage Cacic, qui en les dénonçant dans le passé assure avoir froissé « une partie des médias croates ». « On parle de 5 à 10 individus, j'espère qu'on pourra les appréhender et que la Fédération croate va tout faire pour les arrêter, a souhaité le sélectionneur. Ce sont des gens qui font peur, c'est pour ça qu'on les appelle les hooligans ». La journée de vendredi aurait dû faire la place au football. Celui, séduisant, d'une Espagne, double tenante du titre retrouvée, qui a régalé 3 à 0 contre la Turquie pour aller en 8es de finale. Celui d'une Italie qu'on dit éternelle, qui passe au tour suivant grâce à son succès étriqué, maison, 1 à 0 contre la Suède de Zlatan Ibrahimovic. Mais la question des hooligans a été sur toutes les lèvres et l'Euro reste sous haute surveillance. La rencontre entre la Russie et le pays de Galles, prévue lundi à Toulouse (sud-ouest), a d'ailleurs rejoint la liste des matches classés à risques. « Nous avons haussé le niveau de sécurité en faisant appel à davantage de stewards dans les stades, ce n'est pas si facile parce que le marché de la sécurité privée est asséché en France », avait indiqué Martin Kallen, directeur général de l'Euro-2016, chargé de la gestion des évènements à l'UEFA. Un dispositif encore insuffisant. Samedi, les caméras seront braquées dans les tribunes, à la recherche du hooligan, anti-star de l'Euro, pour Belgique-Eire à Bordeaux (sud-ouest), Islande-Hongrie à Marseille et Portugal-Autriche à Paris. La présidente croate qualifie les hooligans « d'ennemis du pays » La présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic a qualifié « d'ennemis de la Croatie » les hooligans de son pays qui ont perturbé le match République tchèque-Croatie (2-2), vendredi lors de l'Euro-2016 à Saint-Etienne. « Ils haïssent leur équipe nationale et leur pays », a écrit la présidente sur sa page Facebook, concluant : « honte sur vous ! ». Des supporters croates ont lancé des fumigènes sur la pelouse et un pétard qui a explosé aux pieds d'un stadier, provoquant une interruption du match de quatre minutes. Alors que le score était de 2-1 pour les Croates, plusieurs fumigènes ont été jetés sur la pelouse par certains de leurs supporteurs. Des stadiers sont entrés sur le terrain pour tenter de les éteindre. Un pétard a alors été lancé de la même tribune et a explosé aux pieds d'un stadier, d'abord étourdi par la détonation, qui s'est ensuite éloigné en courant alors que les joueurs croates faisaient des signes pour inciter leurs supporters au calme. La rencontre a été interrompue 4 minutes par l'arbitre et le bout de tribune d'où venaient les fumigènes a été évacué par les stadiers. Juste après la reprise du match, la République tchèque a égalisé grâce à un pénalty de Necid dans le temps additionnel. Une victoire aurait assuré à la Croatie une place en 8e de finale. « Ce ne sont pas des supporters, mais des terroristes du sport », a fustigé le sélectionneur Ante Cacic qui s'est dit « très triste » de la tournure des événements, alors que son équipe était en train de jouer « un bon match ». L'UEFA a annoncé qu'elle allait ouvrir une procédure disciplinaire après ces incidents. 16 gardes à vue à Nice dont 11 ultras espagnols Au moins 16 personnes ont été placées en garde à vue vendredi à Nice, dont 4 Français supporters de l'équipe turque en possession de fumigènes à l'entrée et à l'intérieur du stade, lors du match Espagne-Turquie (3-0) comptant pour l'Euro-2016, ont indiquéles autorités. Onze « ultras » espagnols ont été interpellés quelques avant la rencontre et également placés en garde à vue. Douze personnes ont été interpellées au total, dont cinq ont été mises en garde à vue, dans la soirée de vendredi au stade Allianz Riviera de Nice, ont précisé les autorités. Trois Français d'origine turque ont été interpellés et placés en garde à vue pour avoir allumé ou transporté des fumigènes devant une porte d'entrée du stade, avant le début du match. Après la fin de la rencontre, 3 fumigènes et 4 petits pétards ont été allumés dans la tribune des supporters turcs, où la police a interpellé et placé en garde à vue un Français qui avait allumé deux des fumigènes. Parmi les personnes placées en garde à vue, on compte aussi un Français qui a tenté de rentrer sur le terrain durant le match, mais a été immédiatement stoppé. Par ailleurs, un groupe de 11 « ultras » espagnols, dont deux auraient porté des coups à un gérant de supérette du Vieux-Nice qui refusait de leur vendre de l'alcool, ont été interpellés vendredi après-midi, quatre heures avant le début de la rencontre, a indiqué Nicolas Hergot, chef de la Sûreté départementale des Alpes-Maritimes. Les Espagnols, très tatoués et dont l'un arborait un tatouage de croix gammée sur le mollet, ont été repérés avec l'aide de six policiers espagnols spécialisés dans les hooligans qui patrouillaient dans les rues de Nice, selon le sous-préfet François-Xavier Lauch. Le groupe s'était engouffré vendredi vers 16h30 locales dans une supérette d'un quartier historique de Nice dont le gérant ne voulait pas leur fournir de l'alcool. La vente d'alcool à emporter est interdite dans la ville les veilles et jours de match en vertu d'un arrêté préfectoral. Selon les premiers éléments de l'enquête, deux individus auraient porté des coups sur le gérant du magasin. Les 11 supporters ont été interpellés une demi-heure plus tard sur une place d'un autre quartier proche et placés en garde à vue.